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Entre robotisation et artisanat
Installée près de Nantes, la société Vitry, fabricante d’accessoires de manucure et de pédicure, défend un savoir-faire made in France. Une production haut de gamme.
L’histoire de la société Vitry commence en 1795 quand l’atelier de fabrication de sabres et d’épées puis d’instruments de chirurgie de l’abbaye de Nogent-en-Bassigny, dans l’est de la France, est repris par les frères Vitry. La famille Thinet rachète la société en 1907 et son descendant, Maxence Villiers, « applique ce savoir-faire du travail de l’acier inoxydable à la fabrication d’une gamme d’accessoires de manucure-pédicure en inox semi-professionnelle destinée au grand public, à partir de 1954 », expose Maxence de Grandcourt, directeur général délégué de Vitry France.
Depuis ses débuts, cette offre est exclusivement vendue en pharmacie (en France) et elle est aujourd’hui référencée dans 7 000 points de vente. Elle compte environ 250 références dont des ciseaux et des pinces à épiler, gamme phare de Vitry. Celle-ci comprend une trentaine de modèles dont une ligne « prestige », dorée à l’or fin 24 carats. « Vitry est le dernier fabricant, à l’échelle européenne, à proposer, en pharmacie, une offre complète sur cette catégorie de produits », précise Maxence de Grandcourt. Comme parfois dans l’univers du luxe, tous les articles en inox produits dans les ateliers bénéficient d’une garantie à vie : ils peuvent être retournés et échangés chez le pharmacien, sans preuve d’achat.
Stratégie de diversification.
Cette ligne d’accessoires haut de gamme s’accompagne d’une offre cosmétique en partenariat avec des laboratoires qui soutiennent la conception et le développement des formules. Elle inclut des soins réparateurs pour les ongles, des vernis hypoallergéniques (leaders en pharmacie dans leur catégorie) mais aussi des produits de maquillage (depuis 2005, date de rachat de la marque Longcils Boncza). « Nous proposons une offre complète de beauté par le soin, des pieds à la tête », résume Maxence de Grandcourt. Cette stratégie de diversification, pensée par Frédéric de Grandcourt, président de Vitry et ancien de L’Oréal, assure à la société une ascension exponentielle. Elle a permis de multiplier le chiffre d’affaires par deux entre 2008 et 2020.
Nouvelle usine, nouvelles machines.
En 2006, dans le but de se développer à l’international, Vitry envisage de moderniser le site de production, et transfère l’outil industriel dans un bâtiment flambant neuf, situé à Bignon, près de Nantes, où se répartissent les différents services (achat, qualité, marketing, etc.) sur une surface de 3 000 m2. Ici, la robotisation (machines à commande numérique avec bras articulés) côtoie une démarche artisanale, les pièces étant assemblées et testées à la main, en bout de chaîne. Pour améliorer la productivité, Vitry investit régulièrement dans de nouvelles machines. En 2023, 1,2 million d’euros a été injecté dans l’acquisition d’une machine numérique pour optimiser l’automatisation de certaines étapes de fabrication des accessoires manucure et pédicure de prestige. Les ateliers de production (occupant 1 000 m2) rassemblent une quinzaine d’employés. Tous les articles en acier sont fabriqués sur une seule ligne de production, série après série. Pour commencer, le service de contrôle qualité vérifie dès sa réception la qualité de l’acier, matière première qui doit répondre à la charte qualité Vitry. La presse de l’acier est ensuite sous-traitée à une société externe, chargée de livrer les « estampes », soit des pièces grossières, premières ébauches des lames des ciseaux et des pinces à épiler avant leur usinage.
Pinces à épiler, l’offre centrale de la marque.
Pour la fabrication des pinces à épiler, les deux branches sont soudées au moyen de soudeuses par point : « elles sont comprimées entre deux électrodes en cuivre, traversées par un courant de forte intensité qui provoque la fusion des branches », explique Mickaël Claudon, directeur de production. Ces pinces à épiler sont ensuite polies manuellement à l’aide d’un touret pour leur donner l’aspect souhaité (satiné, brillant, mat) et gommer les imperfections à la surface du métal. S’ensuit l’usinage des mors (biais, crabe, pointu…), qui servent à arracher les poils. « Nettoyées (bain d’eau savonneuse, eau claire, solvants dégraissants), elles sont ensuite contrôlées une par une », précise le directeur de production. Pour la fabrication des pinces à épiler colorées (avec une poudre en polyester), elles sont placées dans un bac fermé et sont soumises à un courant électrique qui fait s’agglutiner la poudre sur l’acier ; elles sont ensuite chauffées pendant 20 minutes à 185 °C. Une imprimante numérique achève de donner aux pinces leurs motifs.
Des ciseaux testés un à un.
Les ciseaux sont l’autre production phare de Vitry. Les estampes sont percées par des machines à commande numérique : des trous sont ainsi pratiqués dans chaque branche. S’ensuit une phase de polissage (avec un robot de polissage) pour lisser les surfaces puis un traitement thermique pour augmenter leur dureté et leur résistance. Pour obtenir un polissage parfait, les pièces sont placées dans des bols de vibro-abrasion (contenant des cailloux). Le meulage des pièces (plat et biseau avec des machines à émoudre) permet d’obtenir les arêtes tranchantes. Dernière étape : « Prémontés avec une visseuse automatique, les ciseaux sont ensuite finalisés à la main », précise Mickaël Claudon. Un par un, tous les ciseaux seront testés.
Distribuée dans 60 pays, l’offre Vitry génère un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros en France, et autant à l’international. Une success-story made in France fondée sur un savoirfaire ancestral.
580 000
C’est le nombre de pinces à épiler fabriquées en 2023.
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