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« La place du sport, voire celle du corps, n’est pas la même en France que dans d’autres pays »
Ex champion du monde d’athlétisme, Stéphane Diagana s’est reconverti en entrepreneur engagé pour le sport/santé, notamment à travers le projet “Campus Sport Santé”, qui devrait ouvrir ses portes en 2024, année des Jeux olympiques d’été à Paris.
PM Parlez-nous de votre projet “Campus Sport Santé” ?
SD Lancé en 2014, il s’articule autour de la santé et du sport. Pour définir la crise sanitaire que nous traversons, certains médecins parlent de “syndémie” et non de “pandémie”, car c’est une combinaison de facteurs, et non la simple pandémie de Covid-19, qui en explique le mieux la gravité. La pandémie des maladies de civilisation (diabète, obésité…) augmente la part de personnes les plus à risque, tout autant si ce n’est plus que le vieillissement de la population occidentale. De l’avis de nombreux médecins, si les Français avaient une condition physique à peu près normale, nos services réanimations n’auraient pas été saturés ; les 40-65 ans, en bonne condition physique et en bonne santé, auraient ainsi échappé plus largement aux formes graves nécessitant une hospitalisation. L’activité physique régulière est d’ailleurs un excellent promoteur de l’immunité.
Malheureusement, le contexte actuel ne fait que confirmer notre positionnement. Pour concrétiser ce projet, il a fallu trouver un terrain constructible, ce qui est très compliqué dans les Alpes-Maritimes. Il nous reste encore une procédure juridique environnementale à lever, avant de démarrer les travaux l’année prochaine et d’envisager une ouverture en 2024.
PM Quelle est votre cible ?
SD Notre matrice repose sur deux axes : “le sport performance” et le “sport santé”. Le volet “sport santé” part de la notion de bien-être, en prévention primaire, pour les personnes souhaitant adopter un mode de vie plus actif et plus sain pour bien vieillir, et présentant ou non des facteurs de risques identifiés (hypertension, surpoids…), jusqu’ à la prise en charge thérapeutique, intégrant de l’activité physique, de personnes atteintes de maladies chroniques pour lesquelles celle-ci est indiquée (diabète, pathologies respiratoires du fumeur, maladies neurodégénératives…). Dans le cadre du “sport performance”, nous accompagnerons des personnes déjà engagées dans la pratique du sport et nous leurs apporterons des solutions pour pérenniser, optimiser et sécuriser celle-ci.
PM Et la notion de santé ?
SD L’idée est de proposer des programmes d’activité physique adaptée (APA) sur la base de données scientifiques en matière d’activité physique de la pathologie concernée. Des programmes conçus par des professionnels (médecins, coachs sportifs) formés à la prise en charge de ces patients, tant sur le plan des spécificités de leur pathologie que sur le plan psychologique. La Haute Autorité de Santé (HAS) reconnaît depuis des années que les activités sportives adaptées sont des thérapies non médicamenteuses efficaces et validées scientifiquement.
PM Donc, vous croyez aux bienfondés du “sport sur ordonnance” ?
SD Bien sûr. Aujourd’hui, la loi “le sport sur ordonnance”, avec son décret d’application, invite les médecins à prescrire du sport, mais ils ne sont pas formés ni sur le type d’activité physique le mieux adapté à la pathologie, ni sur la durée, ni la fréquence ou l’intensité pour sécuriser cette pratique. Pour répondre à cet enjeu d’efficacité et de sécurité, beaucoup souhaitent voir l’émergence de Maison sport santé, disposant de médecins spécialisés sport/santé, vers lesquels ils pourraient orienter leurs patients. Ces lieux ont une mission d’information, d’évaluation, d’orientation, de prescription et, potentiellement, de mise en œuvre de programmes d’activité physique adaptée (APA) selon les établissements.
PM Quel rôle le pharmacien peut-il jouer ?
SD Il n’est pas question d’exclure cette profession de santé qui a un contact privilégié et régulier avec le grand public, parfois plus encore que le médecin. Au moment de la délivrance de médicaments, pour une lombalgie par exemple, le pharmacien peut conseiller au patient de marcher, d’interrompre régulièrement le temps assis… Ce serait déjà un bon début, non ?
PM Quand vous intervenez en entreprise pour favoriser le sport, quelles sont vos actions ?
SD J’interviens sur la thématique de la promotion du sport santé en milieu professionnel, afin de faire émerger les enjeux et les solutions qui peuvent contribuer à augmenter le niveau d’activité physique des populations les plus fortement sédentarisées. Si l’entreprise est une partie du problème, elle peut être aussi une partie de la solution. La place du sport, voire celle du corps, n’est pas la même en France que dans d’autres pays. On n’en prend pas bien soin. Beaucoup de gens découvrent qu’ils ont un corps dans la maladie ou la souffrance. En France, le sport est accessoire, c’est quelque chose d’anecdotique. Du coup, l’activité physique en pâtit, alors qu’elle est essentielle. Dans les sociétés où le corps est davantage pris en compte, comme en Asie ou dans les pays nordiques, il est plus facile d’introduire cette problématique en milieu professionnel.
BIO EXPRESS
→ 1995
Recordman d’Europe du 400 mètres haies (jusqu’en 2019).
→ 1997
Champion du monde d’athlétisme à Athènes (400 mètres haies).
→ 2003
Champion du monde d’athlétisme à Paris (relais 4X400 m).
→ 2004
Diplômé de l’ESCP Europe (Master en Management).
→ 2009
Début de son engagement pour le sport santé.
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