Dénutrition des personnes âgées

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Publié le 1 mars 2009
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La Pharmacie du Faubourg, à Lille, fait de la prévention auprès des personnes âgées sur la dénutrition. Et renforce ainsi son rôle de profession de santé de proximité.

Trop longtemps, on a organisé des campagnes de santé publique sans suivis chiffrés. Désormais, dans les 1 360 officines adhérentes Giphar, nous compulsons nos données de façon à faire apparaître une cartographie des pathologies », explique Jean-Michel Foiret, titulaire de la Pharmacie du Faubourg à Lille. Adepte d’une officine de proximité, ce pharmacien de 43 ans orchestre tous les ans les campagnes de prévention de Giphar qui se déroulent chaque premier semestre. Décidées par une « commission de campagne » composée des pharmaciens du groupement, ces opérations sont soumises par intranet aux adhérents et validées par leur vote. Pour la période de janvier à février 2009, entre la ménopause et les maladies thyroïdiennes, les titulaires ont voté pour la dénutrition des personnes âgées.

En avant la campagne !

La commission a édité début 2008 un « Cahier de campagne » et retenu la société Héliotrope pour organiser une formation auprès des officines adhérentes. Ce cahier contient deux questionnaires, un dit « de Brocker » et un « mini-nutritional assessment » (MNA), et, pour la détente, un « Inventaire du frigo ». La formation, elle, est essentiellement axée sur des cas de comptoir. « Mon équipe y assistait par roulement. Elle s’est déroulée à Lille avec quatre ou cinq autres officines dans une salle prêtée par un répartiteur », indique Jean-Michel.

Sujet délicat, la dénutrition nécessite une finesse d’approche, à travailler en amont. « C’est difficile de demander à une personne si elle mange bien ou de lui faire remarquer qu’elle a perdu du poids. C’est encore plus difficile pour les hommes veufs, alors qu’ils sont les premiers touchés ». Pour les besoins de la campagne, un décor de vitrine cartonné et des leaflets à disposer sur le comptoir sont fournis par Giphar. Le décor montre une personne âgée assise devant son assiette, interpellée par cette question : « Et l’appétit ? »

Rendez-vous pharmaceutiques

L’équipe garde des leaflets en main pour faciliter le dialogue. « Nous surveillons un créneau d’âge : d’après la Haute Autorité de santé, le risque de dénutrition s’accroît à partir de 55 ans. Nous repérons les clients aussi à leur aspect (perte de poids sévère, mine sombre) selon les prescriptions médicales ou à cause des escarres », rapporte Jean-Michel Foiret. En cas de présomption, l’équipe convie l’intéressé à un « rendez-vous pharmaceutique » à une heure de moindre affluence, en toute confidentialité. Grâce au questionnaire de Brocker, l’équipe pourra évaluer sa perte de poids (est-elle ou non supérieure à 3 kilos), sa motricité, rechercher d’éventuelles escarres, des maladies associées, des problèmes neuropsychologiques, mesurer le poids et le périmètre brachial. L’« Inventaire du frigo » est ensuite remis à la personne, qu’elle devra idéalement remplir chez elle. « Il s’agit d’évaluer le «dynamisme nutritionnel». Si les résultats nous inquiètent, nous soumettons le MNA qui permet de déterminer un «score de dénutrition» », explique Jean-Michel Foiret.

S’impliquer socialement

Généralement, les personnes âgées sont incapables de préciser ce qu’elles mangent, la plupart prenant le sujet à la légère. « Je mange même trop ! », leur arrive-t-il parfois de répondre. Mais, une fois le mal détecté, elles finissent par se confier. « Un client, jovial, sympa, suivi depuis trois ans pour son traitement, souffrait d’une blessure à la cheville qui ne cicatrisait pas. Je me suis aperçu qu’il était veuf, d’une nature très sensible, et qu’il ne mangeait rien le soir et seulement un yaourt le midi. Confidences après confidences, j’ai tenté de remédier à sa situation », se souvient Jean-Michel Foiret, qui croit au rôle social du pharmacien et à ce type de « rendez-vous ».

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Surtout en cette période où le métier est en proie à de nombreuses difficultés. En tant que professionnel de santé de proximité, il a installé un comptoir assis afin de créer une ambiance propice à l’échange. « De lieux de silence, les officines doivent devenir des lieux de parole. Chez moi, on s’y emploie tous les jours ! »

Pharmacie du Faubourg à Lille

Surface : 200 m2 dont 90 m2 de vente.

Environnement : quartier populaire.

CA 2008 : 1,7 M€.

2 adjoints, 2 préparateurs, 1 étudiant, 1 élève préparateur.

Reprise depuis 5 ans.