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Le groupe UMP ne suit pas Attali
En janvier 2008, les officinaux ont été soulagés de voir Nicolas Sarkozy défendre le monopole suite à la publication du rapport de la commission Attali. Un an après, ils le seront également en voyant le groupe UMP à l’Assemblée détricoter ledit rapport, même s’il engage l’officine à se réformer. Une perche à saisir pour la profession.
Plus d’un pharmacien a dû frémir début 2008 suite à la parution du rapport Attali. Car, malgré le soutien présidentiel à la profession, des parlementaires UMP et certains membres du gouvernement soutenaient une dérégulation du secteur. A cet égard, les « pistes de réforme » proposées dans le rapport rédigé par les députés Jean-Pierre Marcon et Christine Marin, et cosigné par Jean-François Copé, au nom du groupe UMP, ont-elles agréablement surpris la profession ? « Ni agréablement, ni surpris, réagit Jean Parrot, président de l’Ordre, auditionné au nom de l’officine*. Certains auditeurs étaient très ruraux. Pas besoin de les pousser beaucoup pour qu’ils comprennent l’intérêt de renforcer le rôle des pharmaciens sur le petit risque ou la prévention : c’est une évidence pour eux. Pour le reste, on a beaucoup entendu d’élucubrations de gens bien portants, mais ça ne les empêche pas de causer. Causer, cela n’a encore tué personne… pour l’instant. Quant à la GMS, elle n’a jamais globalement fait baisser les prix et elle a tué plus d’emplois qu’elle n’en a créé. » De son côté, Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO, fait remarquer que, « pour une fois, ce rapport dénué de tout a priori défavorable pour la profession ne sent pas le soufre »
« Il nous faut désormais être audacieux sur les SEL »
« Quand on voit un rapport comme ça, on apprécie de changer d’année, commente néanmoins Pascal Louis, président du Collectif des groupements. Le quorum et le monopole n’ont pas fait débat. Quant au capital, les députés précisent bien que la profession est capable de s’autofinancer tout en poussant à l’ouverture du capital. Je pense qu’il y a désormais consensus dans la profession sur la nécessité de holdings. Il nous faut désormais être audacieux sur les SEL : tout ce qui avait été fait jusque-là par la profession l’a été dans le but d’entériner la situation actuelle sans rien changer ! Nous avons ici une fenêtre de tir à ne pas rater pour faire des propositions afin de nous restructurer capitalistiquement. Rappelons-nous que l’avocat général près la Cour européenne de justice a lui aussi loué le modèle allemand, réservé aux pharmaciens, mais permettant de détenir plusieurs officines au sein d’une même entité. »
Les préconisations de l’UMP sur les SEL et le développement des holdings de pharmacie seraient une perche tendue aux pharmaciens ? « Effectivement, le dossier avait capoté en raison des désaccords entre syndicats, j’espère qu’ils pourront accorder leurs violons cette fois-ci », analyse Jean Parrot. « Les députés à l’origine du rapport ont bien compris que les pharmaciens étaient contre l’ouverture du capital mais pour une organisation interne de la profession. Il faut régler le problème des SEL et SPFPL. C’est un chantier urgent », tranche Gille Bonnefond. A ce sujet, pour Philippe Gaertner, président de la FSPF, « il faudra faire attention aux modèles que la profession mettra en place. On ne peut se transformer en investisseur pur (un pharmacien ne pourra pas suivre correctement l’activité de plus de trois pharmacies) sans laisser les autres investir ».
* Ont été auditionnés pour la profession : Jean Parrot, Philippe Gaertner (FSPF), Gilles Bonnefond (USPO), Pascal Louis (Collectif des groupements) et Claude Japhet (UNPF).
D’une préconisation à l’autre
Ce que préconisait le rapport Attali
– « Lever le numerus clausus. »
– Ouvrir le monopole en imposant la présence d’un pharmacien pour la vente de médicaments dans d’autres circuits.
– Ouvrir le capital aux non-pharmaciens.
– Obtenir un effort sur les prix.
– « Ouvrir les ordres professionnels à la société civile. »
– Réformer les professions « financées principalement par la Sécurité sociale ».
– Autoriser le recours à la publicité pour les professions réglementées.
Ce que préconise le rapport du groupe UMP
– Coordonner gardes médicales et pharmaceutiques.
– Des « délégations de tâches sur les pathologies chroniques ainsi que le renouvellement d’ordonnances pour un mois » par les pharmaciens. Et la possibilité de réaliser des vaccins.
– La création d’un statut de commissionnaire afin de pouvoir « acheter ou vendre des biens et des services en son nom pour le compte d’autres entreprises » (dans l’optique d’achats groupés).
– Développer le portage à domicile (dans le cadre des services à la personne).
– « L’obligation d’affichage des prix de manière visible de l’extérieur » pour les médicaments « en libre-service ». « Cela rejoint notre volonté de communication, mentionne Pascal Louis (Collectif des groupements). L’UMP souhaite une plus grande transparence de nos pratiques, mais à mon avis avoir déjà un affichage clair à l’intérieur et un catalogue des prix publics mis à jour suffira. » Philippe Gaertner (FSPF) renchérit : « J’adhère au droit à l’information des patients, mais ne transformons pas nos vitrines en un gigantesque affichage de prix. » Ce sur quoi Gilles Bonnefond (USPO) ajoute : « Effectivement, cette transparence totale souhaitée demande réflexion quant à son organisation. Il y a des contraintes sur le médicament dont il faut tenir compte. »
– Développer les SPFPL, ou holdings, qui peuvent être « une réponse à l’impossibilité d’ouverture [du capital] ». En cas de procédure européenne défavorable, ouvrir le capital à l’extérieur en l’interdisant néanmoins à certains acteurs.
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