Les Rencontres de l’USPO sur fond de nouvelles missions

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Publié le 17 octobre 2009
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Les secondes rencontres de l’USPO se sont déroulées le 13 octobre. Leur intitulé, « Pharmacien d’officine : un métier d’avenir », a affiché un optimisme de bon aloi. Les invités de marque se sont bousculés dans les couloirs de l’université Paris-Dauphine pour venir échanger sur les thèmes à la mode.

La pharmacie n’est pas la seule à avoir de l’avenir, votre syndicat aussi, comme le montre la pertinence de votre action. Vous avez su faire preuve de maturité dans la défense de notre profession », a lancé Roselyne Bachelot à l’intention de l’USPO, en introduction de ses 2es Rencontres mardi dernier. La ministre de la Santé a balayé l’actualité professionnelle, à commencer par la menace européenne, manifestement toujours présente dans son esprit, même si elle précise que « le cas des Asturies* nous permet d’espérer que notre système de maillage territorial ne sera pas remis en cause ».

Enjouée, la ministre a également évoqué le rapport Rioli (voir page 10), engageant les pharmaciens à être « imaginatifs et ambitieux » : « Il y a beaucoup à faire sur le suivi thérapeutique, la prévention, l’éducation thérapeutique… Vous devez prendre toute votre part dans cet énorme chantier. Pour le pharmacien correspondant de l’équipe de soins, l’initiative doit maintenant venir du terrain », a-t-elle précisé. « Je serai très attentive aux idées qui auront émergé de cette journée », a encore insisté la ministre.

Créer un « compteur de transferts »

Profitant de sa présence, Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO, a réclamé un accord tripartite médecins-pharmaciens-Assurance maladie afin de renforcer le dispositif génériques qui tend à s’essouffler. Il a aussi demandé la mise en place d’un « compteur de transferts » entre les enveloppes de dépenses de l’hôpital vers celle de soins de ville, qu’il estime à 580 millions d’euros en deux ans. Se disant « inquiet » sur la situation actuelle de l’officine, il sollicite par ailleurs des délégations de tâches médicales pour les zones rurales désertifiées, qui seraient profitables à la fois aux médecins surchargés et aux pharmacies rurales menacées dans ces zones.

Bref, l’entente cordiale était au menu. Et il en faudra de la cordialité pour mettre la profession dans les rails de la loi HPST, compte tenu des réticences à attendre de la part des médecins. Comme en témoigne le débat sur la coordination des soins qui a mesuré la volonté des professionnels de santé et les attentes des patients en la matière. Certes, pour Alain Bergeau, président de l’Union nationale des professions de santé, il ne fait aucun doute que la prise en charge coordonnée libérale du patient est synonyme de qualité et d’économies. Certes, Annick Touba, présidente du Syndicat national des infirmiers et infirmières libéraux, n’a aucun doute non plus sur un nécessaire changement des mentalités : « Il faut avant tout faire tomber les hiérarchies absurdes », a-t-elle insisté.

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Les médecins jaloux de leur consultation

Mais, dans les cabinets des médecins, la pilule passe parfois encore mal. « Nous avons encore beaucoup à travailler ensemble pour ne pas nous gêner. Il va falloir veiller à ne pas confondre conseil pharmaceutique et consultation, a lancé le Dr Marie-Laure Alby, représentant le syndicat MG-France. Je suis d’accord avec le premier recours pharmaceutique, à condition qu’il n’entraîne pas de report de consultation. Quant au partage d’informations, on n’a pas besoin de forcément tout savoir sur tout le monde. Il faudra veiller à ne partager que les informations pertinentes,en accord avec le malade. »

Enfin, un peu plus loin dans le débat, une dernière amabilité : « S’il n’y a pas de médecin généraliste, il n’y a pas non plus de pharmacie » En l’état actuel des choses.

* Question préjudicielle d’un tribunal espagnol à la Cour de justice des Communautés européennes pour savoir si leur réglementation nationale sur le maillage des officines respectait le droit européen.

Premier recours, sans aucun doute

Les organismes complémentaires d’assurance maladie finançant le premier recours pathologique, c’est tout à fait possible ! Preuve à l’appui avec la diarrhée (9 millions de consultations par an) : selon les calculs de l’USPO, chaque cas génère en moyenne une dépense de 19,74 Euro(s) pour le régime obligatoire, consultation et médicaments compris, et de 18,77 Euro(s) pour l’organisme complémentaire, dont 6,66 Euro(s) de consultation et 12,11 Euro(s) de médicaments en moyenne. Le raisonnement de l’USPO est simple : en cas de prise en charge directe à l’officine, le régime obligatoire économiserait les 19,74 Euro(s). Le pharmacien pourrait-il être raisonnablement rémunéré pour son acte et sa vente de produits avec les 18,77 Euro(s) déjà déboursés aujourd’hui par la complémentaire (donc sans surcoût pour ce dernier) ? « Oui, répond sans hésiter Gilles Bonnefond. Et, dans le cas du rhume, ce montant tourne autour de 15 euros…

Grands conditionnements : 36 millions gâchés

La panacée pour faire faire des économies à la Sécu ? Pas si sûr. 36 millions de perte pour la CNAM, c’est le calcul réalisé par l’USPO à travers une étude de la consommation de grands conditionnements sur un an et 20 758 patients dans les domaines du cholestérol, du diabète, de l’HTA et de l’ostéoporose. En effet, 4 799 des patients, soit 23,1 %, ont changé au moins une fois de traitement, de dosage ou arrêté purement et simplement le produit (données IMS). « Pas étonnant, commente Gilles Bonnefond, lorsque l’on observe que ces classes représentent quelque 600 présentations ! » Extrapolée à la consommation nationale dans ces classes (soit un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros), l’USPO calcule que ce sont 35,8 millions qui ont été gâchés par arrêt en cours de route de boîtes de trois mois. « Et à chaque augmentation du taux de pénétration des grands conditionnements, ce gâchis va croître. On a confondu ici pathologies chroniques et stabilité de traitement… », s’emporte le président délégué du syndicat.