Prégabaline : moins de détournements, ou pas ?

L’utilisation problématique de la prégabaline (Lyrica) est constatée depuis plusieurs années. La forte hausse du nombre de complications liées à un abus (18 cas en 2016, 106 en 2018, 234 en 2019) a conduit à une modification des conditions de prescription et de délivrance de cette molécule en mai 2021.

Le Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) de Toulouse (Haute-Garonne) a évalué l’impact de ces mesures en analysant les données disponibles de janvier 2020 à juin 2022. L’effet a été quasi immédiat, avec une diminution du nombre d’utilisateurs et de la quantité de boîtes vendues (10 000 conditionnements en ville en moins en juin 2021 par rapport au mois de mai 2021). Cependant, la baisse du nombre d’utilisateurs de prégabaline (- 6,9 % en 2021 vs 2020) s’accompagne d’une hausse sensible de l’exposition à la gabapentine (+ 24,4 %), faisant envisager un report vers cet autre antiépileptique.

Les nouvelles conditions de prescription et de délivrance ne semblent pas avoir modifié les cas d’abus et de dépendance, qui continuent d’évoluer à la hausse. Le rapport note toutefois que « la proportion de cas graves reste stable et que la proportion de sujets mineurs diminue ». Il observe un plus grand nombre de syndromes de sevrage avec des signes d’autoagressivité, d’hétéroagressivité et d’idées suicidaires. Quatre décès au moins sont signalés après le 24 mai 2021, mais les données complètes de 2021 ne sont pas encore disponibles.

La prégabaline reste donc sous surveillance, en parallèle avec celle de la gabapentine. En attendant un nouveau bilan fin 2023.