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Désinformation en santé : les mesures du Gouvernement peinent à convaincre
La lutte contre la désinformation en santé a été déclarée « priorité stratégique » par le Gouvernement en avril. Deux mois plus tard, les mesures annoncées sont jugées insuffisantes par les experts qui réclament des actions plus concrètes, notamment sur les médecines alternatives.
Le 18 avril dernier, le ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder, déclarait « la guerre » à la désinformation médicale. Parmi les mesures phares annoncées : la création d’un observatoire de la désinformation et l’instauration d’un label garantissant la fiabilité des informations touchant à la santé.
Si certains acteurs ont salué une « prise de conscience », beaucoup estiment que l’action peine à se concrétiser. Mathieu Molimard, président de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique, regrette que depuis « ce jour 1 de la guerre », rien n’ait réellement avancé, rapportait l’Agence France presse (AFP) le 16 juin.
Le ministère, lui, indique être toujours dans une « phase active d’expertise » concernant la création d’un « observatoire de la désinformation en santé », sans toutefois communiquer de calendrier précis.
Un dispositif aux moyens incertains
Si l’idée d’un observatoire est saluée sur le principe, des doutes émergent quant à sa future efficacité. Laurent Cordonnier, sociologue de la fondation Descartes, souligne que ces structures publiques manquent souvent de moyens et rappelle que le ministre n’a annoncé aucun budget spécifique pour financer le projet.
Pour Mathieu Molimard, un tel organe n’a d’intérêt que s’il est « articulé avec un système de réaction, d’information correcte et possiblement de sanctions ».
L’autre piste envisagée, la création d’un « label » pour garantir une information médicale fiable, est jugée potentiellement « inefficace » voire « dangereuse » par le Pr Molimard, qui craint que la légitimité ne soit accordée qu’à un « contenant et non à un contenu ». Le pharmacologue privilégie plutôt la mise en place d’une plateforme publique d’information médicale, validée scientifiquement et « interrogeable grâce à un système d’intelligence artificielle ».
Les experts rappellent par ailleurs que des leviers existent déjà, comme le règlement européen sur les services numériques, qui impose aux plateformes d’agir contre la diffusion de fausses informations.
Les médecines alternatives, un angle mort ?
Le développement des pratiques de soins non conventionnelles (PSNC), autre point majeur de préoccupation, largement épinglé par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) reste peu abordé. « C’est un tsunami qui nous submerge », alerte Claire Siret, de l’Ordre des médecins, rappelant que la présence de ces pratiques au sein même d’hôpitaux ou de maisons de santé contrevient à la déontologie.
Le projet d’encadrement de ces pratiques, lancé en 2023, semble au point mort depuis le départ d’Agnès Firmin-Le Bodo, la ministre déléguée qui le portait. « Le gouvernement doit fixer un cadre afin de limiter les dérives », déplore Pierre de Brémond d’Ars, du collectif No FakeMed. Un sentiment partagé par Laurent Cordonnier, qui conclut que « ces pseudos-médecines sont de la désinformation en santé, avant d’être des pratiques ».
Avec AFP (Agence France presse)
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