Les huiles essentielles révèlent leur toxicité

Réservé aux abonnés
Publié le 24 mars 2017
Par Yolande Gauthier
Mettre en favori

Les centres antipoison observent depuis plusieurs années une augmentation des cas d’intoxications liées aux huiles essentielles (HE). Dans sa thèse « Mauvais usage et expositions accidentelles aux huiles essentielles : analyse des cas rencontrés dans les centres antipoison de France », soutenue à Strasbourg fin 2016, Lucie Sagot note que le nombre d’appels impliquant des HE a été multiplié par 40 entre 1999 et 2015. Passant ainsi de 72 à 2 910 appels, avec une tendance à la hausse marquée à compter de 2007 et 2008. L’auteur constate qu’au cours des années 2013 et 2014, les deux tiers des appels concernent des enfants, âgés en moyenne de près de 3 ans, sans prédominance de l’un des deux sexes. Côté adultes, la différence est par contre très nette, avec 73 % d’appels concernant des femmes. La très grande majorité des cas résulte d’une exposition accidentelle aux HE : accident domestique (défaut de perception du risque) ou erreur thérapeutique (confusion de flacons, erreur de posologie ou de voie d’administration). L’intoxication de fait principalement par voie orale (78 %), cutanée (11 %), oculaire (7 %) ou par inhalation (3 %), débouchant sur des douleurs oropharyngées, des irritations cutanées, un érythème conjonctival avec douleur oculaire, des vomissements ou encore de la toux. Fort heureusement, les patients ne présentent pas de signes cliniques plus de 6 fois sur 10.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) mène actuellement une étude nationale sur le sujet, à partir des données des centres antipoison. La grande diversité des HE et des produits rend le travail complexe et les résultats ne sont pas attendus avant juillet. Dès à présent, le bon usage est nécessaire. Le centre antipoison de Lille (Nord) a tenu à rappeler le rôle du professionnel de santé, dans un bulletin Teletox consacré aux HE. Il s’agit d’avertir les patients des risques de toxicité, de sensibiliser aux contre-indications (enfants de moins de 7 ans, femme enceinte, sujet épileptique ou asthmatique), et de respecter la durée et les modalités du traitement.§

Publicité