Des chercheurs écossais transforment le plastique en paracétamol

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Des chercheurs écossais transforment le plastique en paracétamol

Publié le 16 juillet 2025
Par François Gleize
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Des scientifiques de l’université d’Édimbourg ont mis au point une méthode inédite pour transformer en paracétamol des déchets issus de bouteilles plastiques. On vous explique !

Une équipe de l’université d’Édimbourg a publié dans la revue Nature Chemistry, le 23 juin 2025, les résultats de ses travaux sur une méthode de synthèse surprenante du paracétamol. Leur approche, à la croisée de la chimie et de la biologie, utilise des déchets plastiques comme matière première.

Comment ça marche ?

Les chercheurs ont d’abord décomposé du polyéthylène téréphtalate (PET) issu de bouteilles plastiques usagées en l’un de ses composants de base, l’acide téréphtalique. Cet acide a ensuite été donné à « manger » à une souche génétiquement modifiée de la bactérie Escherichia coli.

Après une suite de réactions chimiques, cette « micro-usine » biologique a été de capable de transformer l’acide téréphtalique en 4-aminophénol, le précurseur direct du paracétamol. Une dernière étape de synthèse permet alors d’obtenir la molécule finale.

Le résultat est remarquable : jusqu’à 92 % du produit obtenu est du paracétamol pur, le tout à température ambiante et avec une empreinte carbone réduite. Particulièrement intéressant quand on sait que le paracétamol est produit à partir de molécules dérivées du pétrole au moyen de techniques, peu coûteuses, mais très polluantes et énergivores.

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Upcycling

« D’après ce que nous observons, il semble vraiment envisageable que beaucoup – voire la majorité – des bactéries puissent faire ce type de transformations. C’est une façon toute nouvelle de considérer les microbes comme des usines chimiques miniatures », a expliqué le Pr Stephen Wallace, auteur principal de l’étude, au quotidien espagnol El País.

Il ne s’agit pour l’instant que d’une preuve de concept en laboratoire, le rendement de la réaction étant encore trop faible pour envisager une production à l’échelle industrielle. Cependant, les scientifiques estiment que leur méthode pourrait être optimisée et appliquée à la fabrication d’autres molécules, comme la phényléphrine, un décongestionnant, ou des anesthésiques tels que la lidocaïne.

Cette avancée ouvre une voie prometteuse pour ce qu’on appelle l’upcycling, « recyclage valorisant » en bon français, soit transformer un déchet en un produit à haute valeur ajoutée. « L’ingénierie biologique offre un immense potentiel pour bouleverser notre dépendance aux combustibles fossiles et construire une économie circulaire », avance le Pr Wallace sur le site de l’université d’Édimbourg. Reste désormais à transformer l’essai !

Source : « A biocompatible Lossen rearrangement in Escherichia coli », Nature Chemistry, N. W. Johnson et al., juin 2025