Sanofi gèle le déremboursement de Praluent sous la pression des autorités

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Sanofi gèle le déremboursement de Praluent sous la pression des autorités

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Publié le 21 juillet 2025 | modifié le 22 juillet 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Accès au traitement, tensions d’approvisionnement, arbitrages tarifaires : le laboratoire suspend sa demande de déremboursement de son anti-PCSK9, en quête d’un accord durable avec l’État.

Sanofi fait machine arrière. Trois semaines après avoir annoncé son intention de retirer Praluent (alirocumab) du remboursement, faute d’accord sur son prix, le laboratoire a finalement décidé de suspendre sa démarche. Il dit vouloir « élaborer une solution collective et durable » avec les autorités sanitaires, afin de garantir l’accès des patients à cet anticorps monoclonal destiné aux hypercholestérolémies résistantes aux traitements conventionnels.

Un marché sous tension depuis l’automne 2024

L’annonce du 27 juin avait surpris la communauté médicale, alors que l’anti-PCSK9 fait déjà l’objet de fortes tensions d’approvisionnement depuis octobre 2024. L’Agence du médicament a même recommandé aux prescripteurs de ne plus initier de nouveaux traitements avec Praluent.

Ce retrait potentiel aurait fragilisé davantage un marché déjà sous pression. Le repositionnement des prescriptions vers Repatha (évolocumab, Amgen) s’est accompagné de reports en chaîne. Quant à Leqvio (inclisiran, Novartis), les négociations de prix restent bloquées en France, malgré son autorisation européenne depuis 2020.

Production locale et promesse de relocalisation

« Dès 2025, 80 % de la production mondiale de la substance active de Praluent sera assurée à Vitry-sur-Seine », a rappelé Sanofi, défendant ainsi son ancrage industriel français. Mais la question du prix reste entière. Interrogé par APMnews, le laboratoire n’a pas souhaité détailler ses prétentions tarifaires.

Aujourd’hui, le prix public TTC oscille entre 216,10 € (75 mg ou 150 mg) et 430,37 € (300 mg). Le schéma thérapeutique varie d’une injection toutes les deux semaines à une injection mensuelle.

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Pression des associations, arbitrage politique

Jeudi dernier, l’Association nationale des hypercholestérolémies familiales (Anhet.fr) a obtenu la promesse du ministre de la santé, Yannick Neuder, de rouvrir les négociations avec les industriels concernés. Un signal fort, qui semble avoir pesé dans la volte-face de Sanofi. Dans un contexte d’accès aux soins sous tension, l’enjeu dépasse le seul cas Praluent. C’est toute la régulation des prix des biomédicaments et leur disponibilité en officine qui se retrouve au cœur des discussions.

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