Fintepla, nouvel antiépileptique

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Publié le 7 octobre 2023
Par Yolande Gauthier
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La fenfluramine est de retour, après avoir été retirée du marché mondial à la fin des années 1990 en raison de ses effets indésirables graves. Fintepla est indiqué dans certaines formes sévères d’épilepsie. Ce médicament, principalement métabolisé en norfenfluramine (métabolite commun avec celui du benfluorex Mediator retiré du marché français fin 2009), est soumis à plusieurs mesures de réduction des risques pour en garantir le bon usage.

 

Indications

Fintepla est indiqué, chez les patients âgés de 2 ans et plus, dans le traitement adjuvant des crises d’épilepsie associées aux syndromes de Dravet et de Lennox-Gastaut, en association avec d’autres médicaments antiépileptiques.

La prise en charge dans cette indication est subordonnée à l’instauration du traitement au sein d’un centre de référence et de compétence dans la prise en charge des épilepsies rares.

Mode d’action

La fenfluramine est un agent qui induit la libération de sérotonine, stimulant ainsi de nombreux sous-types de récepteurs 5-HT. En agissant sur le récepteur sigma-1 et comme agoniste de récepteurs sérotoninergiques dans le cerveau, dont les récepteurs 5-HT1D, 5-HT2A et 5-HT2C, la fenfluramine peut réduire les crises d’épilepsie. Son mode d’action précis dans les syndromes de Dravet et de Lennox-Gastaut n’est pas connu.

Posologie

La dose initiale recommandée la première semaine est de 0,1 mg/kg 2 fois par jour, soit 0,2 mg/kg par jour. Cette dose est augmentée à 0,2 mg/kg 2 fois par jour (0,4 mg/kg par jour) la deuxième semaine, puis éventuellement à 0,35 mg/kg 2 fois par jour (0,7 mg/kg par jour) à partir du jour 14.

La dose maximale quotidienne recommandée est de 26 mg, réduite à 17 mg en cas de syndrome de Dravet traité par stiripendol (Diacomit).

Fintepla est à prendre par voie orale avec ou sans nourriture, en plaçant l’embout de la seringue contre l’intérieur de la joue du patient. La solution buvable est compatible avec la plupart des sondes d’alimentation entérale.

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Contre-indications

Cardiopathie valvulaire aortique ou mitrale.

Hypertension artérielle pulmonaire.

Dans les 14 jours qui suivent l’administration d’inhibiteurs de la monoamine oxydase (risque accru de syndrome sérotoninergique).

Syndrome de malabsorption du glucose et du galactose.

Hypersensibilité à l’un des composants (présence de parahydroxybenzoate d’éthyle sodique E215 et de parahydroxybenzoate de méthyle sodique E219 susceptibles de provoquer des réactions allergiques, d’anhydride sulfureux E220 et de glucose).

Grossesse et allaitement

Par mesure de précaution, éviter l’utilisation de Fintepla pendant la grossesse.

Interrompre soit l’allaitement soit le traitement, selon les bénéfices pour l’enfant et pour la mère.

Effets indésirables

Les effets indésirables le plus souvent observés sont une diminution de l’appétit, des diarrhées, une fièvre, une fatigue, une infection des voies respiratoires supérieures, une léthargie, une somnolence, des vomissements ou une bronchite.

Interactions médicamenteuses

La somnolence induite par la fenfluramine peut être potentialisée par d’autres dépresseurs du système nerveux central, comme l’alcool ou d’autres agents sérotoninergiques : inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la norépinéphrine (IRSN), antidépresseurs tricycliques, triptans, etc.

L’administration concomitante de rifampicine ou d’inducteurs puissants du CYP1A2 ou du CYP2B6 peut réduire l’efficacité de la fenfluramine.

A l’inverse, la coadministration d’inhibiteurs puissants du CYP1A2 ou du CYP2D6 (fluvoxamine, paroxétine, etc.) est susceptible d’entraîner une exposition plus élevée.

La fenfluramine peut augmenter les concentrations plasmatiques des substrats du CYP2D6 ou du MATE1 et diminuer celles des substrats du CYP2B6 ou du CYP3A4.

Surveillance particulière

Echocardiographie avant l’instauration du traitement, puis tous les 6 mois pendant les deux premières années de traitement et 1 fois par an ensuite.

Surveillance du poids.

Conservation

Fintepla doit être utilisé dans les 3 mois qui suivent la première ouverture du flacon.

Comment se manifestent les différents types de crises ?

Que sont les syndromes de Lennox-Gastaut et de Dravet ?

Fiche technique

Fenfluramine 2,2 mg/ml en solution buvable limpide et incolore, remb. SS à 65 %.

– Fintepla flacon de 60 ml + adaptateur + 2 seringues de 3 ml + 2 seringues de 6 ml, 741,91 €, AMM : 34009 302 243 5 9.

– Fintepla flacon de 120 ml + adaptateur + 2 seringues de 3 ml + 2 seringues de 6 ml, 1 449,46 €, AMM : 34009 302 243 6 6.

– Fintepla flacon de 360 ml + adaptateur + 2 seringues de 3 ml + 2 seringues de 6 ml, 4 176,04 €, AMM : 34009 302 243 7 3.

UCB Pharma : 01 47 29 44 35

Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

Dites-le au patient

– Pour une dose calculée inférieure ou égale à 3 ml, utiliser la seringue de 3 ml avec graduations de 0,1 ml de couleur verte. Si la dose calculée est supérieure à 3 ml, prendre la seringue de 6 ml avec graduations de 0,2 ml de couleur mauve.

– Eviter si possible l’arrêt brutal du traitement afin de réduire les risques d’augmentation de la fréquence des crises et la survenue d’un état de mal épileptique.

– Consulter un médecin si des signes de comportements et d’idées suicidaires apparaissent.

L’épilepsie

L’épilepsie touche en France entre 500 000 et 600 000 personnes. Elle se manifeste par la répétition chronique de crises épileptiques qui sont le résultat d’une décharge paroxystique et hypersynchrone des neurones du cortex cérébral.

On distingue, d’une part, les crises généralisées qui incluent les crises tonicocloniques (perte de conscience avec chute et contraction de l’ensemble des muscles suivie par des convulsions), les absences (brèves périodes de non-réceptivité), les crises atoniques (perte brusque du tonus musculaire à l’origine d’une chute) et myocloniques (secousses asynchrones et brèves) et, d’autre part, les crises focales ou partielles dont les manifestations (troubles moteurs tels que mouvements saccadés, visuels, fourmillements, hallucinations, sensation de « déjà-vu », angoisse, etc.) dépendent de la zone du cerveau atteinte et qui peuvent être accompagnées ou non d’une altération de la conscience.

Le syndrome de Lennox-Gastaut est une encéphalopathie épileptique sévère et réfractaire à de nombreux traitements survenant généralement chez l’enfant entre 3 et 8 ans. Il se manifeste par différents types de crises (toniques, absences, atoniques, myocloniques, etc.) et est à l’origine d’un retard de développement. Le syndrome de Dravet est une forme d’épilepsie grave de l’enfant qui débute avant l’âge de 1 an par des crises souvent déclenchées par la fièvre. Il se manifeste par différents types de crises (tonico-cloniques, myocloniques, absences, crises focales avec altération de la conscience…) et est à l’origine de difficultés de langage, d’une mauvaise coordination des mouvements et de troubles du comportement.

L’avis de la HAS

– Service médical rendu important

– Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV) dans le syndrome de Dravet

– Population cible comprise entre 348 et 500 patients environ dans le syndrome de Dravet

Délivrance

– Liste I

– Médicament soumis à prescription hospitalière

– Prescription réservée aux spécialistes en neurologie ou en neuropédiatrie

– Médicament soumis à surveillance particulière pendant le traitement

– Un programme d’accès contrôlé a été institué pour empêcher l’utilisation hors autorisation de mise sur le marché de Fintepla pour la perte de poids chez les patients obèses et confirmer que les prescripteurs ont été informés de la surveillance cardiaque régulière nécessaire chez les patients. Pour permettre la délivrance par le pharmacien, le médecin doit indiquer sur chaque ordonnance le numéro d’identification prescripteur du programme d’accès contrôlé (n° PAC) qui lui a été attribué dans le cadre de ce programme