Eylea

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Publié le 16 novembre 2013
Par Yolande Gauthier
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Après le ranibizumab (Lucentis) et le pegaptanib (Macugen), l’aflibercept (Eylea) est le troisième anti-VEGF à obtenir une AMM dans certaines formes de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Il s’administre par injection intravitréenne.

Indications

Eylea est indiqué chez l’adulte dans le traitement de la forme néovasculaire (humide) de la DMLA. Ce médicament est également indiqué – mais non remboursé à cette date – dans le traitement de la baisse d’acuité visuelle due à l’œdème maculaire secondaire à une occlusion de la veine centrale de la rétine (OVCR).

Mode d’action

L’aflibercept est une protéine de fusion recombinante. Il inhibe la formation de nouveaux vaisseaux sanguins anormaux dans l’œil en se liant à la fois à toutes les isoformes du facteur de croissance de l’endothélium vasculaire VEGF-A et à une molécule associée, le facteur de croissance placentaire PIGF. Ce mécanisme d’action double le différencie des autres anti-VEGF disponibles. Eylea peut ainsi aider à stabiliser et, dans certains cas, à améliorer la perte de vision.

Posologie

Dans la DMLA exsudative la dose recommandée est de 2 mg d’aflibercept, soit 50 microlitres. Elle est injectée une fois par mois pendant 3 mois consécutifs, puis une fois tous les 2 mois. En l’absence de problème et sauf avis contraire du médecin, aucune visite de suivi n’est nécessaire entre deux injections. Après les 12 premiers mois de traitement, l’intervalle entre deux injections peut être augmenté si les résultats d’acuité visuelle et les examens anatomiques le permettent. Le médecin décide en ce cas du calendrier de suivi, et les visites peuvent alors être plus fréquentes que les injections programmées.

Dans l’œdème maculaire secondaire à une OVCR, la posologie est de une injection de 50 microlitres (2 mg d’aflibercept) par mois jusqu’à l’obtention de résultats stables au cours de 3 évaluations mensuelles. Le traitement peut ensuite être poursuivi en allongeant l’intervalle entre 2 injections. Il sera arrêté après les 3 premiers mois en l’absence d’amélioration.

Contre-indications

Eylea est contre-indiqué en cas d’infection oculaire ou périoculaire active ou suspectée, ou d’inflammation intraoculaire sévère active.

Grossesse et allaitement

Les études chez l’animal ont montré une toxicité embryofœtale de l’aflibercept. En conséquence, les femmes en âge de procréer doivent utiliser une contraception efficace pendant le traitement et pendant au moins 3 mois après la dernière injection intravitréenne. Eylea ne sera pas utilisé pendant la grossesse, sauf si le bénéfice attendu pour la mère est plus important que le risque potentiel encouru par le fœtus. Le traitement par Eylea n’est pas recommandé pendant l’allaitement.

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Effets indésirables

Les effets indésirables les plus fréquemment observés sont des hémorragies conjonctivales, des douleurs oculaires, des décollements du vitré, des cataractes ou des corps flottants vitréens.

Le mode d’injection intravitréen est associé à des endophtalmies (inflammations intraoculaires). Le traitement doit toujours être administré par des médecins qualifiés et expérimentés, avec des techniques d’injection aseptiques adéquates.

Une élévation de la pression intraoculaire peut être observée dans l’heure qui suit l’injection. Le médecin mesurera la pression intraoculaire après chaque administration.

Interactions médicamenteuses

Aucune étude d’interaction médicamenteuse n’a été réalisée.

Conservation

Eylea doit être conservé au réfrigérateur entre + 2 et + 8 °C.

Avant utilisation, le flacon non ouvert peut être conservé à une température inférieure à 25 °C pendant 24 heures au maximum.

Après l’ouverture du flacon et l’injection, le reste de produit non utilisé est à éliminer.

FICHE TECHNIQUE

Aflibercept 40 mg/ml, flacon de 100 microlitres (soit 4 mg d’aflibercept) de solution injectable limpide, incolore à jaune pâle, iso-osmotique, 810,12 €, AMM : 34009 267 836 7 9.

Bayer Santé 03 28 16 34 00

LA DMLA

Qu’est-ce que c’est ?

La DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) est une maladie dégénérative chronique qui atteint la rétine, et plus exactement la macula, zone centrale de la rétine qui participe à la fois à la vision précise et à la vision des couleurs.

Qui touche-t-elle ?

La DMLA touche les personnes de plus de 50 ans, chez qui elle représente la première cause de cécité. Environ un million de Français en sont atteints. Un certain nombre de facteurs de risque ont été identifiés. Parmi eux figurent l’âge, le tabagisme et les antécédents familiaux. D’autres facteurs de risque ont été incriminés : l’exposition importante à la lumière du jour, l’hypermétropie, la couleur des yeux (claire), des antécédents d’opération de la cataracte, l’obésité et l’alimentation, l’hypertension artérielle.

Quelles sont les différentes formes cliniques ?

On distingue le stade précoce, ou maculopathie liée à l’âge (MLA), et le stade tardif, ou DMLA avérée. Le stade précoce est caractérisé par la présence de Drüsen, dépôts de lipides et de protéines au niveau de la macula sans retentissement sur l’acuité visuelle. Il peut évoluer, lentement, vers la forme avérée. Dans la DMLA avérée, on parle de DMLA atrophique ou « sèche » et de DMLA exsudative ou « humide ». La DMLA atrophique se traduit par une altération du tissu maculaire aboutissant à une baisse lente et progressive (quelques mois ou années) de l’acuité visuelle. Quant à la DMLA exsudative, elle se caractérise par la formation de néovaisseaux sous la macula et se manifeste généralement rapidement (en quelques semaines) par la baisse, voire la perte de la vision centrale associée à une distorsion des images.

Delphine Guilloux

L’AVIS DE LA HAS

Service médical rendu important dans le traitement de la forme néovasculaire rétrofovéolaire de la DMLA.

Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport à Lucentis.

Population cible estimée entre 41 700 et 44 800 yeux traitables.

DÉLIVRANCE

Liste I.

Médicament d’exception.

Prescription réservée aux spécialistes en ophtalmologie.

Remb. SS à 100 % dans le traitement de la DMLA exsudative rétrofovéolaire chez l’adulte.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Aflibercept : une alternative contre la DMLA humide

L’aflibercept constitue une étape nouvelle dans l’inhibition du facteur de croissance de l’endothélium vasculaire (VEGF) car il bloque toutes les isoformes du VEGF-A et du facteur de croissance placentaire (PIGF), un facteur angiogénique proche. Il bénéficie de plus d’une durée d’action supérieure à celle des autres anti-VEGF commercialisés dans cette indication.

L’évaluation de l’efficacité de l’aflibercept dans le traitement de la DMLA exsudative repose sur deux études pivots de non-infériorité randomisées, en double aveugle versus ranibizumab (Lucentis), ayant inclus plus de 2  100 patients (plus de 300 dans chaque bras) d’âge moyen de 76 ans. Dans chaque étude, les patients ont été randomisés en quatre groupes : 1) aflibercept 2 mg/8 semaines après 3 doses mensuelles consécutives (schéma de l’AMM et seuls résultats pris en compte par la HAS) ; 2) aflibercept 2 mg/4 semaines ; 3) aflibercept 0,5 mg/4 semaines ; 4) ranibizumab 0,5 mg/4 semaines.

• L’étude VIEW-1 a prouvé à 52 semaines la non-infériorité de l’aflibercept versus ranibizumab sur le critère de jugement principal (pourcentage de sujets ayant maintenu leur vision à 52 semaines, soit une perte de la vision < 15 lettres à la mesure de la meilleure acuité visuelle corrigée par rapport à la valeur initiale) : 95,1 % pour le ranibizumab vs 94,4 % pour l’aflibercept. Elle n’a pas montré de différence significative sur les critères de jugement secondaire.

• L’étude VIEW-2 a livré des résultats similaires : 94,4 % pour le ranibizumab versus 95,6 % pour l’aflibercept.

L’efficacité des deux médicaments s’est maintenue à 96 semaines sur l’ensemble des critères de jugement dans chaque étude. Le profil de tolérance est comparable entre les deux médicaments. Cette homogénéité explique que l’aflibercept ne constitue pas un progrès significatif par rapport au ranibizumab.

Dites-le au patient

Après chaque injection, toute douleur ou rougeur oculaire, photophobie ou vision trouble doit être signalée sans tarder au médecin.

Le traitement doit être interrompu pendant les 28 jours qui précèdent ou qui suivent une chirurgie intraoculaire.