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Vers la gratuité des protections féminines ?
Afin de lutter contre la précarité menstruelle, le gouvernement a annoncé l’expérimentation de la gratuité des protections hygiéniques dans certains lieux collectifs courant 2020.
Cela coûte cher d’avoir ses règles ?
Le coût varie selon le type de protection choisi, le flux menstruel et la prise en compte des frais annexes : antidouleurs, lingerie… Les études donnent une fourchette entre 7,50 et 40 € par cycle(1), soit 3 800 à 20 000 € environ sur une vie de femme qui a ses règles en moyenne 500 fois avant la ménopause.
La précarité menstruelle, c’est quoi ?
C’est lorsqu’une femme, faute de moyens, ne peut accéder aux protections menstruelles en quantité suffisante pour vivre confortablement ses règles. En France, 1,7 million de femmes seraient concernées(2), parfois contraintes de s’en passer (voir Repères). Outre les conséquences psychosociales, avec inconfort, perte d’estime de soi, absentéisme…, utiliser des solutions inadaptées (tissu, papier, etc.), ou ne pas en changer assez souvent, expose à des risques sanitaires, dont le syndrome du choc toxique, potentiellement mortel.
Qui aide les femmes en difficulté ?
Des associations caritatives, pour lesquelles les produits d’hygiène sont la première demande (2). Des associations de lutte contre la précarité menstruelle, comme Règles élémentaires (3), mettent en place depuis 2015 des collectes bénévoles de produits d’hygiène intime. Certains collèges, lycées ou universités ont installé des distributeurs gratuits, mais les initiatives demeurent locales. La Mutuelle des étudiants (LMDE) rembourse, elle, les protections, mais seulement à hauteur de 20 à 25 € par an.
Depuis quand est-ce un débat politique ?
Très récemment car le sujet reste tabou. Le premier pas date de 2015, avec la suppression, arrachée après un premier refus des parlementaires, de la « taxe tampon », qui a fait passer la TVA sur les protections de 20 à 5,5 %. En 2018 et en 2019, des amendements ou projets de loi ont été déposés, proposant la distribution gratuite, voire le remboursement par l’Assurance maladie (voir Repères). Lors de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle du 28 mai 2019, Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, engage une réflexion entre parlementaires, associations et industriels. Le 13 février 2020, elle annonce avec Christelle Dubos, secrétaire d’État auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, l’expérimentation de la gratuité des protections hygiéniques dans plusieurs lieux collectifs dès 2020.
Quelles en seront les modalités ?
La crise du Covid-19 a retardé la publication de ses modalités mais le cabinet de Christelle Dubos assure que sa mise en place reste d’actualité. On sait déjà que le budget sera de 1 million d’euros en 2020, reconductible en 2021, et que les publics visés sont les femmes qui manquent de moyens financiers, ont des difficultés d’accès aux protections (SDF, détenues…) ou à l’information (jeunes filles, collégiennes…). Reste à définir les moyens de mise à disposition, qui devraient s’appuyer sur des distributeurs dans les lieux publics avec des cartes prépayées, des colis hygiéniques via des associations, une distribution dans les collèges, dans les centres d’hébergement d’urgence. Leur mise en œuvre devrait commencer cet été ou à la rentrée prochaine.
La France est-elle pionnière ?
Non, elle est plutôt à la traîne. L’Angleterre, le pays de Galles, la Californie ou encore l’État de New-York distribuent déjà des protections aux élèves et étudiantes. Des distributeurs gratuits sont, eux, accessibles dans certains lieux publics en Allemagne ou réservés aux SDF au Royaume-Uni. La palme revient à l’Écosse qui, après une diffusion gratuite aux étudiantes pendant deux ans, a voté, le 26 février 2020, la gratuité des protections hygiéniques pour toutes les femmes, avec une mise à disposition dans plusieurs lieux, dont les pharmacies et les cabinets médicaux.
En attendant, peut-on faire quelque chose en officine ?
Oui, organiser une collecte dans l’espace de vente, par exemple avec l’association Règles élémentaires. Il suffit de se rendre sur l’espace « collecte » de leur site Internet(3) et de suivre la procédure en quelques clics. Vous recevrez un kit pour une collecte ponctuelle ou une boîte à dons pour une collecte permanente à l’officine. Le retrait des produits est ensuite assuré par des bénévoles de l’association.
(1) Précarité menstruelle : combien coûtent les règles dans la vie d’une femme ? , Le Monde, 2 juillet 2019.
(2) Hygiène et précarité en France , sondage Ifop pour l’association Dons solidaires, 2019.
(3) www.regleselementaires.com
NOS EXPERTS INTERROGÉS
→ Cabinet de Christelle Dubos, secrétaire d’État auprès du ministre des Solidarités et de la Santé.
→ Association Règles élémentaires.
Repères
→ Décembre 2018 : la sénatrice Patricia Schillinger (République en marche) présente un amendement visant à distribuer gratuitement des protections hygiéniques dans les écoles, hôpitaux ou prisons.
→ Mars 2019 : Bastien Lachaud, député de La France Insoumise, dépose une proposition de loi pour une prise en charge par l’Assurance maladie.
→ Octobre 2019 et février 2020 : rapports parlementaires de Patricia Schillinger sur la précarité menstruelle et des députées Laëtitia Romeiro Dias (LREM) et Bénédicte Taurine (LFI) sur le tabou des règles, qui plaident pour expérimenter la gratuité pour les femmes précaires et dans les écoles.
→ 13 février 2020 : décision de tester la distribution gratuite sur un an.
→ Chez les femmes bénéficiaires d’associations(2) : 39 % n’ont pas assez de protections hygiéniques, 33 % n’en changent pas assez, 17 % des jeunes filles renoncent à sortir et à aller en cours lors de leurs règles.
(2) Hygiène et précarité en France , sondage Ifop pour l’association Dons solidaires, 2019.
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