Quand la pharmacie se met au vert

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Publié le 27 juin 2023
Par Annabelle Alix
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Face à l’urgence climatique, la nouvelle convention entre Assurance maladie et pharmaciens pousse timidement les officinaux vers un exercice plus éco-responsable. Pour agir efficacement, à vous d’envisager la santé de façon globale, de structurer vos actions et de changer vos habitudes. Certains l’ont fait. Vous êtes prêt ? Suivez les guides !

« On ne peut plus continuer à soigner tout en créant des maladies, s’insurge Olivier Bascoulès, titulaire à Lézat-sur-Lèze (09) d’une officine labellisée THQSE (Très haute qualité sanitaire, sociale et environnementale, voir plus loin). La santé pollue plus que l’aviation !(1) » Le secteur de la santé représente 8 % de l’empreinte carbone de la France(2) (voir encadré p. 22), soit 8 % du total des gaz à effet de serre (GES) induits par la consommation intérieure de biens et services(3). La moitié est liée à l’achat de médicaments, réactifs et dispositifs médicaux(4). La pollution de l’air, qui résulte de ces émissions, entraîne 48 000 décès prématurés par an et 9 % de la mortalité en France(5). À cela, s’ajoutent la pollution de l’eau – contribuant notamment à l’antibiorésistance -, l’effet des perturbateurs endocriniens, etc.

Les clients de vos pharmacies sont de plus en plus conscients de ces enjeux, et leurs attentes envers vous se renforcent. « 98 % des personnes, quel que soit leur âge, jugent importante l’implication de la pharmacie dans l’écologie », révèle Laëtitia Hénin-Hible, présidente de l’association Pharma système qualité (PHSQ), qui accompagne les officines vers la certification qualité ISO 9001.

La réglementation aidant, les acteurs de la pharmacie commencent à mettre le cap sur de meilleures pratiques. La responsabilité sociale des entreprises (RSE, voir encadré p. 23) émerge en pharmacie. Elle vise un développement durable de l’entreprise, impliquant son territoire (volet sociétal), dans le respect de l’homme (volet social) et de la nature (volet environnemental). Le choix de fournisseurs locaux, une meilleure gestion des déchets, des cours de yoga offerts aux salariés à la pause déjeuner sont, pêle-mêle, des actions œuvrant en ce sens. Si les piliers social et sociétal relèvent surtout du chef d’entreprise, les salariés peuvent initier la démarche et engager des actions environnementales. À leur côté, la nouvelle convention pharmaceutique liant Assurance maladie et pharmaciens d’officine recommande ces éco-gestes dans son article VII (voir encadré p. 19). Voici des clés pour se lancer.

Structurer sa démarche

« Le danger est qu’on peut vite partir dans tous les sens », met en garde Olivier Bascoulès. Et s’éparpiller, s’épuiser et se décourager. Pour éviter l’écueil, avancer pas à pas et avec méthode est la première règle. « Un membre de l’officine doit avoir une vision globale, savoir se questionner sur l’impact de chaque action et les inscrire dans un mouvement qui a du sens », estime Olivier Bascoulès. Il faut donc se former. D’autant que « les clients sont très renseignés sur les questions environnementales, note Laëtitia Hénin-Hible. Si l’officine s’engage, il est nécessaire qu’un membre monte en compétences pour leur répondre efficacement ». Un axe potentiel d’évolution pour les préparateurs… L’agence de coaching en RSE Primum Non Nocere, créatrice du label THQSE, propose une formation en ligne de sept heures, découpée en quatorze modules de trente minutes et agréée DPC. « Cette formation permet de découvrir les différents axes de la RSE – air, énergie, achats… – et d’apprendre à piloter la démarche à l’échelle d’une officine », développe Olivier Toma, fondateur de l’agence. « L’officinal peut ensuite assurer la fonction de référent RSE, comme il existe des référents qualité », observe Olivier Bascoulès.

Plus de deux cents titulaires ont, comme lui, choisi d’aller plus loin, en visant la labellisation THQSE. Pour ce faire, « l’accompagnement Primum Non Nocere s’étale en moyenne sur dix-huit mois, mais tout dépend d’où en est l’officine au démarrage, de la disponibilité de l’équipe et de la récurrence des interventions, explique Olivier Toma. L’officine est suivie par un référent fixe, qui travaille avec un centre de ressources partagées comptant une quarantaine d’experts, sollicités en fonction de la thématique. » Comptez environ 3 000 euros pour cet accompagnement.

Un diagnostic pour un plan d’actions

Une fois formé, s’auto-évaluer est l’étape préalable à la mise en place d’un plan d’actions. Les habitués de la démarche qualité en savent quelque chose. On prend les mêmes (ou pas), et on recommence ! L’auto-diagnostic « répertorie les actions entreprises de façon isolée pour leur donner un sens commun et permet de prendre conscience d’actions RSE que l’on mène déjà sans le savoir », note Olivier Bascoulès. Pour les autodidactes, il existe une grille – certes, assez sommaire – sur ameli.fr(6).

En complément, il peut être utile de se tourner vers des acteurs comme PHSQ, qui propose un kit d’outils écoresponsables, ou le collectif PhoRSE. Lancé en 2022 à l’initiative de Françoise Alliot-Launois, présidente de l’Association française de lutte anti-rhumatismale (Aflar), soutenu par l’agence de communication en santé BcomBrun, PhoRSE réunit aussi les patients et usagers, les syndicats patronaux officinaux (FSPF et USPO) et l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf). Son but est de « synthétiser, adapter, relayer les outils en libre accès existants et créer des fiches thématiques pour les officinaux », explique Marie-Hélène Brun, fondatrice de l’agence BcomBrun. L’inscription, gratuite (sur vu.fr/umOH), permet de recevoir newsletters et outils, de poser des questions, de participer à des webinaires informatifs…

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De son côté, Primum Non Nocere propose en ligne un diagnostic adapté à l’officine. Comptez pour cela 2 000 euros. « Nous avons créé un référentiel exigeant, avec 120 points de contrôle, développe Olivier Toma. Quand le score de l’officine dépasse les 70 % partout, elle peut être labellisée THQSE par l’auditeur externe Socotec ».

Une fois la démarche lancée, des temps de réunion sont à prévoir pour expliquer les enjeux à l’équipe, s’auto-évaluer, restituer, échanger sur les actions possibles, comme « Que peut-on faire pour diminuer la consommation d’énergie ? », faire le point sur les avancées… « Une demi-journée serait l’idéal, mais en une ou deux heures par semaine, on fait bouger les lignes si l’on est formé et que le diagnostic initial a été accompli », estime Olivier Toma. Le cas échéant, les réunions qualité déjà en place peuvent intégrer les réflexions RSE.

Dépenser moins d’énergie

« L’énergie est le principal levier d’action dans la lutte contre le changement climatique et la pollution de l’air », rappelle l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Trois axes d’actions se dégagent autour de l’énergie(7) : la sobriété énergétique, soit prioriser ses besoins pour réduire sa consommation ; améliorer l’efficacité énergétique, qui vise à réduire la quantité d’énergie nécessaire pour satisfaire un même besoin et à limiter les pertes ; développer des énergies renouvelables, en remplacement progressif de celles fossiles et nucléaire. « Rationaliser sa consommation en chauffage, en climatisation et en éteignant les lumières non indispensables peut générer de grosses économies dans une pharmacie qui consommait beaucoup », note Olivier Toma.

Traquer les économies

La démarche RSE ne coûte pas nécessairement de l’argent. « Il faut commencer par les petites actions aux grands effets », conseille Marie-Hélène Brun. Élargir son offre de location de dispositifs médicaux, comme les autotensiomètres, et utiliser des ampoules à basse consommation sont déjà des actions en faveur d’une économie d’énergie vertueuse pour la planète. L’autodiagnostic détermine où commencer, en identifiant les postes à la traîne. Stéphanie Janvier, titulaire d’une officine certifiée qualité (PHSQ) à Trémuson (22), en a réalisé un spécifiquement sur l’énergie. Elle a calculé l’empreinte carbone de son officine, avec l’aide de son mari, dont c’est le métier. Avant de modifier certaines choses. « Nous n’allumons plus la totalité de l’enseigne, seulement la croix et le mot “pharmacie” », raconte la titulaire, qui s’est aussi penchée sur les trajets. « J’ai développé le covoiturage pour les soirées formation et pour tous les jours, en ajustant les horaires pour que mes salariés puissent venir et rentrer ensemble et je les ai concentrés sur quatre jours. » Un garage à vélos est à disposition des utilisateurs de deux-roues. Stéphanie Janvier se renseigne sur les plans épargne entreprise « verts », qui servent à financer des projets environnementaux, et s’apprête à lancer un projet architectural : « Les peintures extérieures blanches réduiront l’absorption de la chaleur, et des filtres sur les vitrines atténueront le passage des rayons solaires ». Le but est de se passer de climatisation ou, du moins, d’en limiter l’usage.

Impliquer fournisseurs et clients

Pour embarquer fournisseurs et clients dans la réduction de son empreinte carbone, Stéphanie Janvier a choisi de se passer du grossiste. « J’ai expliqué ma démarche aux laboratoires et je suis passée en direct labo », explique la pharmacienne, qui a fait une croix sur cinq points de remise. Cela nécessite un peu d’organisation. « Je dois maintenant anticiper mes commandes à trente jours et non plus à dix », confie la titulaire, qui a aussi mis un terme aux « deux livraisons pour deux paires de chaussettes dans la même journée ». Ce que pointe également Laëtitia Hénin-Hible : « On peut s’interroger sur la nécessité des deux vagues de livraisons systématiques par jour. Il suffit de prévoir un petit stock dès qu’un produit est demandé plusieurs fois, ou de proposer au client d’appeler ou de consulter le site internet, pour éviter un déplacement inutile, ce qui réduit aussi l’empreinte carbone ».

Opter pour des circuits courts.

Selon la dernière enquête qualité PHSQ, le nombre de livraisons se monte en moyenne à trente-trois par semaine pour une seule officine(8). Certains titulaires refusent désormais les reliquats. Les nombreuses ruptures ont toutefois freiné leur élan. Quand c’est possible, « opter pour des fournisseurs locaux résoudrait le problème, note Célia Despax, pharmacienne et entrepreneure dans la santé durable, qui souhaite créer une alliance directe entre petits producteurs de plantes médicinales et officines. Les circuits courts évitent les ruptures en cas de crise économique ou géopolitique mondiale, tout en faisant chuter l’impact carbone lié au transport ». Un sondage en ligne est actuellement ouvert aux officinaux pour évaluer la faisabilité de son projet (voir Porphyre n° 599). « La France compte 6 000 espèces de plantes. Plus de 100 espèces médicinales y sont cultivées et plus de 700 y sont cueillies. Pourtant, de 70 à 80 % des plantes achetées en France sont importées », déplore Célia Despax. Un non-sens, qui rajoute aussi des intermédiaires à payer. « Les circuits courts permettent une plus juste répartition de la chaîne de valeur de la plante. Ne serait-il pas plus logique de valoriser la production et la délivrance finale du conseil ? »

Verdir les rayons

La composition de vos produits est-elle « éco-friendly » ? Vos crèmes contiennent-elles des perturbateurs endocriniens ? Difficile d’avoir une réponse claire. « Les Français souhaitent pouvoir placer leur confiance dans les produits vendus en pharmacie », rapporte toutefois Françoise Alliot-Launois. « Ils nous réclament maintenant des formules saines, bien notées sur les applications comme Yuka », la rejoint Stéphanie Janvier. Doit-on alors se fier aux éco-labels ? Pas pour cette titulaire, qui rappelle que « bio n’est pas synonyme d’éco-responsable. Il peut d’ailleurs être importé de l’autre bout du monde ». Naturalité ou absence de produits chimiques ne rime pas toujours avec préservation de la nature. Outre un impact carbone possiblement élevé, le produit peut piller les ressources. Difficile, aussi, de s’assurer de la qualité. Côté plantes, par exemple, « il y a une certaine opacité sur la provenance de celles importées, majoritairement de Chine et du Maroc », développe Célia Despax. « Les méthodes d’analyse du cycle de vie des produits souffrent d’un manque de données. Les facteurs d’impact sur l’environnement ne sont connus que pour 10 à 20 % des matières premières », ajoute Séverine Roullet, directrice RSE et développement durable-Green mission chez Pierre Fabre.

Puisqu’en RSE, on n’est donc jamais si bien servi que par soi-même, Stéphanie Janvier s’est formée à la compréhension des formules dermocosmétiques. Elle sait repérer les produits sans substances à risque pour l’environnement. Et privilégie le « made in France », en surveillant : « Quand j’apprends qu’une formule a changé, je la vérifie de nouveau, notamment sur les gammes bébé, qui peuvent évoluer d’un mois sur l’autre ». Une autre astuce consiste à échanger avec les laboratoires et à se fier à la confiance que l’on a dans leur engagement. « À force, on les repère, confie Olivier Bascoulès, mais nous nous dirigeons aussi vers une cartographie plus claire ».

Des labo éco-engagés

Depuis 2015, le Leem, organisation professionnelle des entreprises du médicament opérant en France, récompense les laboratoires engagés. En 2019, Pierre Fabre a remporté le trophée « Environnement » pour sa technologie d’extraction de la sève des plantes sans utilisation d’eau ni de solvant. Ce laboratoire travaille sur une méthode d’éco-conception et d’évaluation de l’impact socio-écologique des produits (voir encadré p. 18). Mais le chemin reste long.

Selon le rapport 2022 du Leem(9), à peine plus d’un tiers des entreprises du médicament déclarent contribuer activement aux objectifs des Accords de Paris visant à limiter le réchauffement climatique. Moins d’un quart éco-conçoivent leurs emballages, ou analysent le cycle de vie de leurs produits pour remplacer les matières à risque par un substitut existant. 11 % seulement cherchent à diminuer leur impact sur la biodiversité. « Des actions non structurées, ou symboliques, sont généralement privilégiées », précise le rapport. Un tiers seulement des entreprises interrogées travaille collectivement sur l’empreinte écologique du médicament et s’assure de ne plus utiliser les substances nocives. Peut mieux faire…

Mieux gérer ses déchets

La gestion des – nombreux – déchets de l’officine est-elle optimale ? Le tri des déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri), cartons, déchets ménagers est-il maîtrisé par l’équipe ? Peut-être y a-t-il matière à progresser. 9 Français sur 10 déclarent rapporter les médicaments non utilisés au pharmacien et systématiquement pour 58 %(10). Plus de la moitié (64 %) séparent cartons et notices pour effectuer le tri sélectif. La préservation de l’environnement est devenue une motivation majeure pour 81 %. Ces chiffres ne sont pas mauvais, mais pourraient augmenter. « Quatre millions de personnes passent les portes de l’officine chaque jour, rappelle Laëtitia Hénin-Hible. L’occasion de faire passer des messages ! » Le dialogue avec l’équipe officinale et vos supports de communication ont conduit près de la moitié des Français à découvrir Cyclamed… Pensez à communiquer en dispensant une ordo ou un conseil ! La simple accroche « Est-ce qu’il vous en reste à la maison ? » réduit le gaspillage et s’assure de l’observance.

Limiter les stocks est une autre façon de réduire le gaspillage. C’est mathématique. « Plus on a de produits, plus on risque d’avoir des périmés », pointe Laëtitia Hénin-Hible, qui pousse ses adhérents à la réflexion sur la largeur de leur stock – nombre de références pour un même univers – et sur sa profondeur – nombre de produits d’une même référence. Pour les écouler, les bacs soldeurs sont une solution. Et quand le temps presse – mais toujours à plus d’un mois de la date de péremption -, « les produits, médicaments compris, peuvent être vendus à des confrères intéressés via la plateforme en ligne TriMed’s, propose son fondateur, Jean-Nicolas Vincenti. Les particuliers peuvent aussi y acheter les produits hors monopole. Pour vendre, il suffit de s’inscrire gratuitement en ligne, en indiquant son numéro RPPS pour assurer la traçabilité du produit, et de scanner le datamatrix pour que le détail du produit s’affiche. L’officinal n’a qu’à renseigner le prix et la quantité à vendre ». Ce qui fonctionne, en général ? Un prix à – 50 %. Seuls les stupéfiants et médicaments dérivés du sang sont exclus. Pour les produits froids, un camion réfrigéré doté d’une sonde récupère le produit. Un certificat de cession est délivré à l’issue de la vente.

Un réflexe quotidien

Au fil du temps, la démarche RSE devient un réflexe. Une philosophie de vie diffusée dans chaque geste ou réflexion du quotidien. Chez Stéphanie Janvier, la question des sacs s’est réglée facilement. « Nous avons offert un sac réutilisable à tous nos clients, que nous renouvelons quand il est abîmé, explique la titulaire. Quand le client l’oublie, on lui demande s’il veut aller le chercher, ou on lui propose un carton ». Un moyen de recycler les cinquante-huit cartons qui affluent en moyenne chaque semaine(8), et encombrent le back office avec les présentoirs non désirés (39 % de ceux livrés par les laboratoires), qu’Olivier Bascoulès propose simplement de refuser. Stéphanie Janvier n’accepte plus que les offres promotionnelles des laboratoires qui les délivrent sur des palettes réutilisables.

Dématérialiser les bons de commande, les factures des fournisseurs, les tickets de promis, voire les tickets de caisse, ou opter pour des piluliers compostables sont des actions simples et vertueuses pour l’environnement. Au bout d’un certain temps, le cerveau prend le pli. « Nous avions l’habitude de commander des plateaux-repas pour nos réunions, raconte Stéphanie Janvier, puis nous avons pris conscience que tous ces contenants et emballages individuels représentaient un sacré stock de déchets. Depuis, c’est moi qui cuisine, ou alors nous commandons un grand plat chez le traiteur. »

Attention, « dans les TPE, la démarche RSE reste très “gérant-dépendante” », observe Olivier Toma. À vous d’agir à votre niveau pour la planète et d’en discuter en équipe !

(1) Ministère chargé des Transports, Les émissions gazeuses liées au trafic aérien en 2019. En 2018, la part du secteur aérien imputé à la France représentait 1,6 à 6,4 % du total des émissions en CO2 de la France, sur vu.fr/grQC

(2) The Shift Project, avril 2023, sur vu.fr/YWas

(3) Insee, empreinte carbone, définition, sur vu.fr/lVKK

(4) The Shift Project, Le bilan carbone de la santé en France : combien de gaz à effet de serre ?, rapport technique, novembre 2021, sur vu.fr/EOEX

(5) Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, ministère de la Transition énergétique, Pollution de l’air : origines, situation et impact, sur vu.fr/Smra

(6) Sur vu.fr/ZorF

(7) Sources : Ademe, sur vu.fr/BSoq, et association NégaWatt, sur negawatt.org

(8) Enquête Pharma système qualité réalisée en 2020 sur l’écoresponsabilité dans les officines.

(9) Rapport RSE du Leem, 2022, Axe 5 : renforcer la contribution du secteur à la protection de l’environnement, p. 44-45, sur vu.fr/DrPW

(10) Étude BVA sur les comportements en matière de tri des différents produits et des médicaments non utilisés (MNU) effectuée en ligne du 11 au 23 mars 2022, auprès d’un échantillon de 2 360 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Un outil complet pour noter les produits

En 2021, le laboratoire Pierre Fabre a créé une méthode d’éco-conception et de notation de ses produits, le Green Impact Index (GII), « qui intègre les enjeux sociaux, de biodiversité et de naturalité, en plus de l’impact carbone, pour en faire un outil couvrant le mieux possible tous les aspects de la RSE, explique Séverine Roullet, directrice RSE et développement durable-Green mission. Nos études montrent que cette approche holistique est attendue par les consommateurs. Ils souhaitent aussi pouvoir comparer les produits des différentes marques grâce à une même méthodologie ». Sous l’égide d’Afnor Normalisation, vingt-quatre acteurs, représentant plus de mille entreprises, ont rejoint l’initiative de Pierre Fabre pour mettre en commun leur expertise et créer, sur la base du GII, une Afnor Specification duplicable. Parmi ces entreprises, figurent des fabricants de produits de soin et de bien-être : Arkopharma, Aroma-Zone, Léa Nature, Ladrôme, le groupe Rocher, le fabricant de parfums TechnicoFlor, ou encore l’association Cosmébio. Cette Afnor Specification devrait être publiée avant l’été.

Les étapes réglementaires

→ 2009 et 2010 : les lois Grenelle imposent la gestion des Dasri en pharmacie et l’affichage lumineux des officines est limité aux horaires d’ouverture.

→ 2019 : l’article 1833 du code civil est modifié pour imposer aux sociétés de prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux dans leur activité.

→ 2022 : l’article VII de la nouvelle convention qui régit les rapports entre Assurance maladie et pharmaciens d’officine (Journal officiel du 10 avril 2022) encourage la mise en place d’un programme de développement durable impliquant l’équipe.

Il recommande l’adoption d’éco-gestes, comme l’utilisation d’ampoules basse consommation, la réduction des déchets d’emballage, le choix de fournisseurs locaux, etc. Parmi ces pratiques, seule la dispensation de médicaments à l’unité – notamment afin de lutter contre le gaspillage et l’antibiorésistance, pour les antibiotiques – est rémunérée (1 € TTC par délivrance, majoré d’un coefficient de 1,05 € dans les départements et collectivités d’outre-mer, dans la limite de 500 € TTC par an). Aucune sanction n’est prévue si ces recommandations ne sont pas suivies.

→ 2022 : le plan climat-biodiversité et transition écologique de l’Enseignement supérieur et de la Recherche impose qu’à partir de la rentrée 2023, les étudiants de l’enseignement supérieur, professeurs et directeurs d’établissement soient formés à la transition écologique.

Naturopera et son usine verte, un exemple de fournisseur engagé

Créatrice de produits d’hygiène bio depuis 2013, la société Naturopera a inauguré, en octobre 2022, dans les Hauts-de-France, une usine de couches sans substances toxiques, distribuées en pharmacie par Pediact sous la marque Libellys. Son fonctionnement respecte le triple engagement RSE.

→ La production se fait à partir de matières premières issues de fournisseurs durables, en France, près des réseaux autoroutiers, à courte distance des principaux ports et dans un rayon de 300 km de cinq capitales européennes pour réduire l’empreinte carbone liée aux livraisons.

→ La ligne de fabrication est dotée d’un réseau de captage et d’aspiration des poussières, filtrant l’air à 99,99 % pour garantir un environnement de travail sain (enjeu social), et un rejet d’air extérieur sans risque pour l’environnement. 100 % des déchets de production sont collectés grâce à des bacs de récupération, avant d’être triés et recyclés.

→ L’air généré par les machines, réchauffé par 230 moteurs, chauffe le bâtiment. En été, l’air est tempéré par pulvérisation d’eau. La consommation électrique est divisée par dix par rapport à une usine classique.

→ La façade de l’usine est en béton à forte inertie, pour une isolation thermique optimale. Les détecteurs de présence permettent un éclairage basse consommation, les bornes électriques à proximité favorisent la mobilité durable et la biodiversité est encouragée par la présence de ruches sur le site.

→ L’usine participe à la redynamisation de la région avec les partenaires de l’emploi, via le mécénat, avec un établissement d’aide par le travail (Esat), et s’investit dans la société civile : invitations dans les écoles pour parler de ses valeurs, etc. (enjeu sociétal).

Giropharm s’engage dans la RSE

Le groupement Giropharm a financé l’accompagnement de l’agence Primum Non Nocere auprès de 100 adhérents volontaires (sur 530) et pour son siège. Auto-évaluation, restitution des résultats et identification d’un plan d’actions prioritaires par officine, avec formation d’un référent, sont au programme. « Ces référents sont chapeautés par l’un de nos dix-huit conseillers en développement », indique Gilles Unglik, directeur opérationnel chez Giropharm. Des classes virtuelles favorisent les échanges d’expériences. La labellisation Très haute qualité sanitaire, sociale et environnementale (THQSE) est visée, au moins pour le siège. « Pour y prétendre, il faut un score de 70/100 et nous sommes à 55 ». Giropharm compte sur sa nouvelle commission RSE pour progresser. Les laboratoires partenaires sont associés à la démarche. « Thuasne, Expanscience et Pierre Fabre travaillent déjà sur la réduction des cartons ». Un scoring est élaboré à leur attention. Récompenser « les gestes éco-responsables de patients, tel le recyclage des déchets, est aussi prévu ».

L’empreinte carbone

L’objectif du bilan carbone, à l’échelle d’une entreprise, est de connaître l’impact annuel de ses activités sur l’environnement en matière d’émissions de gaz à effet de serre (GES) : dioxyde de carbone (CO2), méthane, hydrofluorocarbure, protoxyde d’azote, perfluorocarbure, hexafluorure de soufre… Il identifie les grands postes émetteurs, la dépendance aux énergies fossiles et les leviers à actionner pour les abaisser. Le calcul peut intégrer l’impact des parties prenantes (GES émis par les clients, fournisseurs, sous-traitants…). L’idée est de trouver ensuite des leviers pour les impliquer dans la démarche de réduction de l’empreinte carbone. De son côté, l’empreinte carbone d’un pays représente les émissions de GES induites par la consommation intérieure de biens et services, importés ou non. 70 % des émissions de GES françaises sont liées à la combustion des énergies fossiles, qui libère du CO2dans l’atmosphère.

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Les thématiques de la responsabilité sociale des entreprises

La RSE vise un développement économique durable de l’entreprise, incluant un ancrage dans son territoire d’implantation : partenariats locaux, actions citoyennes de sensibilisation, etc. (pilier sociétal) ; un respect de l’homme : salariés, clients (pilier social) ; et une préservation de la nature (pilier environnemental). La RSE peut être déclinée selon les thématiques suivantes.

→ Gouvernance : formation des personnels à la santé environnementale, nomination d’un référent…

→ Achats : bonne gestion des stocks, référencement de produits « verts », choix de fournisseurs engagés, préférence pour la location quand c’est possible…

→ Transports : inciter au covoiturage, forfaits mobilité durable pour les employés, livraisons optimisées, réduction des promis…

→ Démarche qualité et prise en compte des usagers : produits sans ingrédients nocifs, évaluation de la satisfaction des usagers…

→ Mesure de la satisfaction et de la qualité de vie au travail : relationnel, postes et environnement de travail, épanouissement et progression professionnels…

→ Actions sur le bâtiment : optimisation énergétique, entretien sans produits chimiques…

→ Qualité de l’air : aération des locaux, mesure et limitation des émissions de gaz à effets de serre…

→ Réduction des consommations d’eau.

→ Gestion des déchets : filières optimisées, réduction du jetable…

→ Contribution à la biodiversité : réduction de l’éclairage nocturne, soutien aux acteurs de la biodiversité…

→ Sensibilisation auprès du public, des sous-traitants, des écoles, des médias…

→ Ancrage territorial : partenariats locaux, coopération territoriale, comportement responsable vis-à-vis de son territoire…

→ Communication : transparence sur la stratégie, le contexte économique, créer du lien.