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L’hôpital, ça vous tente ?
Troquer la vente pour la préparation et le contact client pour les services de soins, c’est le choix effectué par les 7 500 à 8 000 préparateurs qui exercent aujourd’hui à l’hôpital.
Une fonction technique aux missions variées.
« J’ai retrouvé mon cœur de métier, la préparation ! », s’exclame Erika. Les mains dans l’isolateur, elle s’apprête à reconstituer une poche de perfusion pour un malade cancéreux, sous l’œil vigilant de Tarak, son binôme. Préparatrice en pharmacie hospitalière (PPH) à Haguenau (Bas-Rhin) depuis 2005, Erika a obtenu son diplôme d’État de PPH en 2007, « après une année de formation suite à l’obtention de mon BP en 2006… ou en 2005 », hésite-t-elle soudain, sous le regard taquin de son cadre, Anne Roy. C’est dans cette ambiance complice que travaillent les dix préparateurs de la pharmacie hospitalière d’Haguenau. Une pharmacie à usage intérieur (PUI) au service des unités de soins. Préparations magistrales quotidiennes, stérilisation des dispositifs médicaux réutilisables du bloc opératoire, contrôle et dispensation des stupéfiants délivrés aux services et aide à la gestion de leurs armoires… « Le métier de préparateur hospitalier, c’est mettre notre technicité et notre rigueur au service du soin et du patient hospitalisé », résume Erika, pour qui l’officine est aujourd’hui devenue trop commerciale.
Ce métier attire pour sa technicité, mais aussi pour ses horaires, facilement conciliables avec une vie de famille. Au centre hospitalier d’Haguenau, les préparateurs travaillent précisément de 8 h à 15 h 42, ou de 8 h 30 à 17 h. Les 36 heures hebdomadaires, les 6 jours de RTT par an, en plus des congés payés, un travail ponctuel le samedi matin et l’absence de garde sont les principales différences avec l’officine.
Technicité et précision
Les mains gantées, portes et fenêtres fermées pour éviter le moindre courant d’air, Angélique s’affaire à peser minutieusement la poudre qui l’aidera à réaliser sa solution de Canuyt. Elle préparera ensuite un collyre, avec la même précision de geste, mais cette fois sous hotte à flux laminaire pour garantir la stérilité du produit.
À l’hôpital, les préparations à effectuer sont nombreuses. Celles qui requièrent la plus grande vigilance se trouvent indéniablement en chimiothérapie, où « une erreur de dosage infime peut avoir de graves conséquences », confie Anne Roy. Elle a donc fait le choix d’imposer la présence d’un binôme de préparateurs pour chaque préparation. Une dextérité sans faille est par ailleurs requise pour éviter les piqûres accidentelles. « Je me suis déjà piquée avec une aiguille au cours d’une préparation de chimiothérapie », se souvient Erika. La procédure à suivre est très rigoureuse. Il faut passer la zone piquée sous l’eau durant 15 minutes, la laver à l’eau savonneuse, effectuer des prises de sang régulières en plus du suivi annuel imposé à tout préparateur… car « les produits utilisés sont hautement toxiques, d’où leur manipulation à travers l’isolateur. » Tous les préparateurs ne sont d’ailleurs pas autorisés à intervenir sur ce secteur. « Outre les femmes enceintes et les plus malhabiles, ceux qui ont des problèmes de dos sont affectés à d’autres postes, car la station prolongée debout ou sur un tabouret peut être pénible », explique Anne Roy. Malgré un module consacré à la chimiothérapie durant la formation, aucun PPH ne pourra effectuer de telles préparations à Haguenau sans avoir suivi au préalable une formation sur paillasse, dispensée par le pharmacien responsable de l’Unité de reconstitution des cytotoxiques (URC).
Diversité et perspectives
« Ce qui me plaît à l’hôpital, c’est d’être un maillon de la chaîne de soins, explique Fabrice, préparateur hospitalier en région parisienne. Je suis continuellement en contact avec les aides-soignants, les infirmières… ou encore avec les manipulateurs en électroradiologie médicale lorsque je travaille en radiopharmacie. » Au sein du service de médecine nucléaire, les préparateurs sont chargés de fabriquer les médicaments radiopharmaceutiques, qui comportent un marqueur radioactif et un vecteur fixant l’organe à examiner. Des préparations effectuées en temps réel, au fil des examens programmés car « la radioactivité du produit utilisé décroît très rapidement », explique Fabrice. « En quittant l’officine, je craignais que le contact du patient me manque, ajoute-t-il, mais je le retrouve un peu en médecine nucléaire et surtout en ambulatoire, lorsque des patients extérieurs viennent acheter leurs antirétroviraux ou d’autres médicaments particuliers délivrés exclusivement à l’hôpital. Je retrouve alors mon rôle de conseil. » Technicité et diversité des missions l’ont aujourd’hui définitivement converti au monde de l’hôpital. Du passage des commandes à la réception des médicaments destinés aux essais cliniques, les missions transverses qui lui sont dévolues élargissent ses horizons. Et développent ses ambitions. « Contrairement à l’officine, l’hôpital offre des perspectives d’évolution de carrière, explique-t-il. J’aimerais me diriger vers la fonction de cadre. »
Devenir cadre
Devenir cadre de santé, c’est le choix qu’a fait Anne Roy après plusieurs années d’exercice à Haguenau. « La pharmacie avait développé son activité et son effectif était passé de quatre à dix préparateurs en seulement quelques années, se souvient-elle. Notre chef de service a souhaité créer un poste de cadre pour gérer l’équipe. » Anne s’est alors inscrite au concours d’entrée à l’Institut de formation des cadres de santé, avant d’en suivre la formation, commune aux infirmiers, manipulateurs radio, kinésithérapeutes, psychomotriciens, ergothérapeutes et préparateurs. « C’était très déstabilisant de se retrouver à l’école et en stage sans pouvoir prendre de responsabilités, constate-t-elle, mais j’y ai appris à prendre de la hauteur, et à sortir du soin puisque j’ai effectué mon stage d’initiation à la fonction de cadre dans une entreprise qui fabrique du café ! L’école nous a appris à communiquer, et à construire une identité professionnelle de cadre. » Elle s’épanouit aujourd’hui dans une fonction qui demande rigueur, créativité, capacité d’initiative et sens des responsabilités. L’équipe de trente-cinq personnes qu’elle manage compte des préparateurs, mais aussi un magasinier, des secrétaires, des aides-soignants, du personnel d’entretien et de stérilisation. « Mon statut de cadre m’autoriserait même à manager des équipes d’infirmiers », précise-t-elle. Avis à ceux qui souhaiteraient évoluer hors de la pharmacie… Mais pour elle, difficile d’encadrer des professionnels dont on ne maîtrise pas le métier.
Main dans la main avec les pharmaciens
« Les préparateurs travaillent sous ma responsabilité hiérarchique… et sous la responsabilité technique du pharmacien », précise Anne. Le contrôle effectif du pharmacien ne disparaît pas à l’hôpital, mais son rôle est clairement distinct de celui du préparateur. En URC, le pharmacien valide la prescription, imprime les fiches de fabrication et libère les préparations, mais n’en effectuera pas lui-même. Concernant la délivrance, le pharmacien analyse les prescriptions, mais c’est au préparateur de dispenser les médicaments aux services de soins. Ainsi, « nous travaillons plutôt main dans la main avec le pharmacien », relève Erika. Loin du chef d’entreprise obsédé par son chiffre que l’on croise parfois en officine, le pharmacien hospitalier ne rémunère pas le préparateur. Pour cette raison notamment, « la pression qu’il nous met n’est donc pas la même », remarque Fabrice. Pour autant, « contrairement au médecin, le pharmacien a du mal à se décharger complètement de ses tâches managériales sur l’équipe, peut-être du fait de ce contrôle effectif qu’il doit exercer sur le préparateur, relève Anne. En tant que responsable technique, le pharmacien a d’ailleurs son mot à dire lors des évaluations des agents. »
Une fonction en plein essor
En revanche, pour les questions d’organisation courante, le cadre est désormais seul référent. « Il faut creuser sa place, reconnaît Anne. Je fais partie du premier wagon des cadres préparateurs. Il faut s’imposer, mais tout en respectant la place du pharmacien chef de service, qui doit en toute logique être informé de tout. La place du cadre dépend de la confiance qu’il lui accorde. En cela, il reste un peu l’équivalent du titulaire à l’officine. » « Le rôle et les pôles d’activités de la pharmacie hospitalière se sont diversifiés au cours de ces dernières années, observe Annick Hamman de Compte, pharmacien chef de service en pharmacie et stérilisation. Médicaments dérivés du sang, stérilisation, reconstitution centralisée des cytotoxiques, dispositifs médicaux implantables, traçabilité et rétrocession relèvent désormais de la pharmacie. » Et d’ajouter : « Les PUI ont besoin de préparateurs pour répondre à cet accroissement d’activité, surtout lorsque l’établissement se développe, comme c’est le cas à Haguenau. » Anne observe cependant que « la place des préparateurs en stérilisation est récente. À Haguenau, j’ai souhaité en placer trois aux côtés des agents de stérilisation, pour qu’ils apportent leur rigueur ». Un moyen, pour le préparateur, de pouvoir prendre de la hauteur et de se spécialiser. « J’apporte mon regard sur l’ensemble du processus de stérilisation et je peux mettre le doigt sur les points à améliorer », explique Vanessa, PPH en stérilisation à Haguenau. « De telles spécialisations sont valorisantes pour les préparateurs car elles les responsabilisent », affirme Anne. Elle a nommé des référents sur d’autres secteurs, dispositifs médicaux, médicaments… Ils effectuent un travail de fond supplémentaire et gèrent les questions courantes relatives à ces secteurs. À l’hôpital, les préparateurs ne manquent donc pas de responsabilités. Une situation que de nombreux officinaux envieraient…?
> Le diplôme de préparateur hospitalier par la VAE
1. Prérequis :
> être titulaire du BP ;
> avoir réalisé, au cours des douze dernières années, en pharmacie à usage intérieur au moins : quatre activités en matière de « délivrance des médicaments et de dispositifs médicaux/approvisionnement et gestion des stocks » ; deux activités concernant la « réalisation de conditionnements et de préparations pharmaceutiques en milieu hospitalier » ; deux activités en « traçabilité, conseil et encadrement ».
La durée totale d’activité cumulée – en équivalent temps plein – exigée est de trois ans, représentant 4 200 heures.
Les détails du référentiel d’activité sont consultables sur : http://vae.cnasea.fr/vaenat/ diplomes/Sanitaires/DPPH referentiel_act_DPPH. html
2. Démarche à suivre :
> retrait du dossier de recevabilité sur http://vae.cnasea.fr/vaenat/ diplomes/Sanitaires/DPPH/ telechargements_DPPH.html ;
> dépôt du dossier rempli, accompagné des documents demandés, à l’agence de services et de paiement (ASP) délégation VAE, Service recevabilité, 15, rue Léon Walras, CS 70902, 87017 Limoges Cedex 1.
3. Réponse
Une réponse sur la recevabilité de votre demande est communiquée dans les deux mois. À défaut, la demande est considérée comme rejetée.
> En cas de décision positive, vous recevrez un livret de présentation de vos acquis de l’expérience à remplir, et à renvoyer dans les trois ans à l’ASP, avec les pièces demandées. Un accompagnement est proposé pour bénéficier d’une aide méthodologique dans la rédaction du livret dans lequel vous détaillerez votre savoir-faire et les missions effectuées à l’hôpital.
Avec ce livret, vous recevrez une convocation à un entretien. Vous y serez questionné sur votre pratique et vos compétences par les examinateurs.
Le jury décidera d’une validation totale, partielle, ou d’une absence de validation du diplôme de PPH.
4. Possibilités de financement :
> utiliser son droit individuel à la formation (DIF) après accord de l’employeur ;
> prendre un congé VAE équivalent à 24 heures de temps de travail, après autorisation de l’employeur, pour bénéficier d’un accompagnement ou participer aux épreuves d’évaluation. Un courrier doit être envoyé à l’employeur au moins 60 jours avant.
Sources : arrêté du 31 juillet 2006 relatif aux modalités d’organisation de la validation des acquis de l’expérience pour l’obtention du diplôme de préparateur en pharmacie hospitalière. OPCA-PL : www.opcapl.com/salaries/iso_album/carnet_vae_hp_7.pdf. Ministère en charge des affaires sociales et de la santé : http://vae.cnasea.fr/vaenat/diplomes/telechargement/livret1/Notice-L1.pdf
Devenir préparateur en pharmacie hospitalière
Le candidat en formation initiale ou continue doit s’inscrire aux épreuves de sélection organisées par le centre de formation de son choix (voir liste p. 21). Son dossier doit contenir brevet professionnel de préparateur en pharmacie, lettre de candidature, curriculum vitae et justificatif d’état civil. « Avant même de présenter sa candidature au centre de formation, la première étape à suivre est généralement de chercher un emploi en milieu hospitalier, et d’y travailler jusqu’à ce que le directeur accepte de financer la formation au préparateur, conseille Tarak Essaafi, titulaire du diplôme de PPH depuis 2003 et correspondant régional de l’Association nationale des préparateurs en pharmacie hospitaliers (ANPPH). Il sera ensuite judicieux de joindre au dossier une appréciation écrite de son employeur, pour maximiser ses chances d’être sélectionné. » Une fois l’inscription validée, le candidat passe une épreuve écrite d’admissibilité de 2 heures, qui porte sur une question d’actualité sanitaire en relation avec le domaine pharmaceutique. En cas de succès, il présente l’épreuve orale d’admission. Elle prend la forme d’un exposé suivi d’une discussion avec le jury, à partir d’un dossier de cinq pages maximum fourni par le candidat. Cet oral d’une demi-heure est destiné à apprécier les motivations, le projet professionnel et l’aptitude du candidat à suivre la formation.
Nouveau diplôme, nouveau statut
S’il obtient 10 sur 20 à l’entretien, le candidat est admis en formation. Celle-ci dure 42 semaines. Huit modules dispensés sous forme de cours, travaux pratiques, travaux dirigés et travaux de groupe, donnent lieu à huit stages effectués en pharmacie à usage intérieur, en unité de soins, en cellule qualité ou gestion des risques, ou en milieu industriel. « Des rapports d’activité doivent être rédigés après chaque stage », précise Tarak. Le candidat validera ses modules en obtenant une moyenne de 10 sur 20 à chaque module, sans obtenir de note inférieure à 8. « Le diplôme de préparateur en pharmacie hospitalière permettra au préparateur de quitter son statut de contractuel pour endosser celui de fonctionnaire par concours sur titre dès l’ouverture d’un poste », explique Tarak. En découleront stabilité de l’emploi et évolution de salaire selon la grille de la fonction publique (voir grille p. 22). Il est à noter que la formation au diplôme de PPH peut également être suivie en apprentissage par les jeunes âgés de moins de 26 ans pouvant justifier d’un établissement de santé d’accueil, après entretien de motivation devant un jury.
Source : arrêté du 2 août 2006 relatif à la formation conduisant au diplôme de préparateur en pharmacie hospitalière.
Liste des centres de formation
> Assistance publique-Hôpitaux de Paris, CFPPH, hôpital Pitié-Salpêtrière, 47 boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris Cedex 13, Tél. : 01 42 16 08 21, mails : christine.mazin@dfc.aphp.fr, sophie.rouzaud@dfc.aphp.fr, elisabeth.chauvet@dfc.aphp.fr
> Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, faculté de pharmacie, CFPPH, 27 rue Jean Moulin, 13005 Marseille, Tél. : 04 91 83 56 24, mails : pisano@pharmacie.univ-mrs.frn, Nicole.donadio@ap-hm.fr, Michelle.giner@ap-hm.fr
> CHU de Lille, Institut Germez-Rieux, 2 rue du docteur Schweitzer, 59037 Lille Cedex, Tél. : 03 20 44 44 83, mails : bruno.lefevre@chru-lille.fr, marie-laurence.vanpeperstraete@chru-lille.fr, nathalie.foley@chru-lille.fr
> Hospices civils de Lyon, CFPP, IFCS secteur est, 5 avenue Esquirol, 69424 Lyon Cedex 03, Tél. : 04 72 11 79 86, mails : marie-line.intilia@chu-lyon.fr, genevieve.bataillard@chu-lyon.fr
> CHU de Bordeaux, CFPP, IMS, Hôpital Xavier Arnozan, Avenue du Haut-Lévêque, 33604 Pessac, Tél. : 05 67 65 67 47, mails : nicole.michenaud@chu-bordeaux.fr, maryse.fixy@chu-bordeaux.fr
> CHU de Tours, CFPPH, site IFPS, 37044 Tours Cedex 9, Tél. : 02 47 47 80 18, mails : d.sauvanet@chu-tours.fr, e.quemard@chu-tours.fr
> CHR de Metz-Thionville, CFPPH, Centre de formation interrégional de préparateur en pharmacie hospitalière, 20 rue de Belletanche, 57000 Metz, Tél. : 03 87 76 40 44, mails : m.schmitt-pphmetz@orange.fr, c.baussenauer-pphmetz@orange.fr, j.martin-pphmetz@orange.fr,
> CHU de Montpellier, CFPPH, Institut de formation des écoles du CHRU de Montpellier, 1146 avenue du Père Soulas, 34295 Montpellier Cedex 5, Tél. : 04 67 33 88 11, mail : r.chalothu-montpellier.fr
> Guadeloupe, Centre hospitalier de la Basse-Terre, CFPPH Antilles-Guyane, avenue Gaston Feuillard, 97100 Basse-Terre Guadeloupe, Tél. : 05 90 80 54 47, mail : idrissou.nkouwap@ch-labasseterre.fr
Source : www.anpph.fr/pdf/CFPPH_coordonnees.pdf
L’hôpital d’Haguenau en chiffres
679 lits et places : 275 en médecine, 90 en chirurgie, 66 en gynécologie/obstétrique, 30 en soins de suite et réadaptation, 31 en soins de longue durée, 110 en maison de retraite, 77 en service de soins infirmiers à domicile ; 24 442 hospitalisations complètes ; 175 médecins et 1 602 personnels non médicaux.
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