Le cannabis

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Publié le 25 octobre 2018
Par Sylviane Le Craz
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Le cannabis est de plus en plus étudié pour un usage thérapeutique. L’ANSM vient d’annoncer la création d’un comité sur l’évaluation de la pertinence et de la faisabilité de la mise à disposition du cannabis thérapeutique en France. L’usage récréatif de cette drogue peut en revanche avoir des effets ravageurs, surtout chez les jeunes consommateurs.

De quoi s’agit-il ?

Le cannabis est une plante utilisée entre autres pour ses propriétés psychoactives.

Il est classé comme stupéfiant en France. Le ∆9-tétrahydrocannabinol (THC), responsable des effets de la drogue, est présent en quantité importante dans les variétés tropicales du cannabis (Cannabis sativa ssp. indica), aussi appelées chanvre indien. Les sous-espèces textiles des climats tempérés (C. sativa ssp. sativa), appelées chanvre, sont en revanche pauvres en THC.

Quel est le profil des consommateurs ?

Le cannabis est la substance illicite la plus consommée en France, principalement chez les jeunes (de 15 à 35 ans). Les principaux effets recherchés sont un état de détente et de légère euphorie.

Parallèlement, certains patients ont recours à des fins médicales au cannabis issu du trafic. Ils utilisent aussi des variétés pauvres en THC mais riches en cannabidiol (CBD), voire du CBD pur. Le THC et le CBD permettraient de soulager notamment les nausées et vomissements chimio-induits, les douleurs chroniques, les douleurs et des troubles spastiques de la sclérose en plaques. Les cannabinoïdes font également l’objet de recherches dans d’autres domaines.

Quels sont les risques ?

L’utilisation de cannabis à fortes doses diminue les capacités de mémoire immédiate et de concentration. Elle modifie aussi la perception visuelle, la vigilance et les réflexes.

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Une consommation régulière est souvent à l’origine d’une perte de motivation, d’une déscolarisation et d’un isolement. A l’adolescence, elle peut provoquer une baisse irréversible des capacités intellectuelles.

L’intoxication aiguë, ou bad trip, se produit lors d’une prise de THC très importante, ou associée à une consommation d’alcool, une fatigue ou une angoisse. Elle se manifeste par un malaise physique (dyspnée, tremblements, tachycardie, vomissements, etc.) ou psychologique (angoisse, crise de panique, hallucinations, etc.), sans pour autant mener au décès (le cannabis ne contient pas d’alcaloïdes).

Le THC est également susceptible de provoquer une tachycardie, une hypotension orthostatique, une hypertension artérielle. Le CBD peut induire une sédation, une hépatotoxicité, des idées suicidaires.

Fumé, le cannabis peut par ailleurs être à l’origine de cancers (poumons, gorge). La vaporisation à l’aide d’un appareil qui chauffe le cannabis en dessous de son point de combustion limiterait la formation de goudrons cancérigènes.

Une dépendance est possible lors d’une consommation importante et chronique. Un syndrome de manque peut se manifester. Une tolérance peut aussi survenir à fortes doses.

La consommation de cannabis est particulièrement à risque chez les personnes atteintes de troubles psychiatriques, de maladies cardiaques, d’hypertension, d’insuffisance hépatique ou rénale grave, de troubles immunitaires, de BPCO et d’asthme en cas d’inhalation, au cours d’une grossesse et d’un allaitement, chez des personnes souhaitant une grossesse ainsi que chez les enfants. 

Sources : Cannabis, ce qu’il faut savoir, brochure INPES, 2016 ; mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), drogues.gouv.fr ; Santé publique France, inpes.santepubliquefrance.fr ; Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFTD), ofdt.fr ; Se soigner avec le cannabis : état des lieux, Mishka et coll., Mama éditions, 2017 ; Cannabis Médical : ce qu’il faut savoir…, Michael Backes, Hugo Doc, 2016.

LES TESTS DE DÉTECTION

La consommation de cannabis peut être mise en évidence par des tests de détection :
– les tests urinaires permettent de détecter l’usage plusieurs jours après la consommation (de 2 à 70 jours selon le niveau de consommation).
– les tests salivaires détectent une consommation récente (jusque 6 à 8 heures après l’usage), ce qui correspond à la période où les effets psychoactifs se font le plus sentir. Ce test est adapté à la prévention des risques immédiats (conduite d’un véhicule, utilisation de machines).
Ces tests ne font pas partie de la liste des produits autorisés à la vente en officine. Pour un accompagnement spécialisé, orienter vers les dispositifs médicosociaux tels que les consultations jeunes consommateurs (informations sur drogues-info-service.fr).

Disponible sous forme d’herbe, de résine ou plus rarement d’huile, le cannabis est la plupart du temps fumé, plus rarement consommé sous forme de gâteau ou d’infusion. L’inhalation permet une absorption rapide et donc des effets plus rapides et intenses, mais plus courts que la voie orale.
bdspn/iStockphoto