L’Académie de médecine souhaite une prescription médicale

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Publié le 20 mars 2018
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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Pour l’Académie de médecine, l’interdiction de publicité décidée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)(1) pour les vasoconstricteurs oraux contenant de la pseudoéphédrine ne suffit pas. Dans un communiqué du 8 mars 2018, elle réaffirme que « …les vasoconstricteurs administrés par voie orale ne devraient être délivrés que sur prescription médicale ». Pour le Pr Jean-Paul Giroud, pharmacologue clinicien, membre de l’Académie de médecine(2), cette réponse de l’ANSM face au risque d’effets indésirables graves de ces produits est biaisée : « Ils bénéficient depuis longtemps d’une forte notoriété. Qu’il y ait ou non de la publicité n’influencera guère leur utilisation en automédication ». Selon l’Académie, cette « décision ne modifie en rien la situation paradoxale » des vasoconstricteurs en France. La balance bénéfice/risque des formes orales est moins favorable que celle des formes nasales, qui sont, elles, sur prescription, et leurs effets indésirables sont disproportionnés par rapport au bénéfice escompté. « Risquer un accident cardio-vasculaire ou neurologique pour un nez qui coule, c’est un peu comme utiliser une bombe atomique pour tuer une mouche », tempête le Pr Giroud. Les officinaux doivent-ils donc cesser de délivrer ces produits ? « Ce n’est pas à l’Académie de médecine de faire des recommandations professionnelles aux pharmaciens, ajoute le médecin, qui remarque néanmoins que certains le font déjà. Les officinaux sont dans une position délicate mais, même avec de la bonne volonté, je doute qu’ils puissent poser les questions nécessaires pour vérifier une vingtaine de contre-indications. C’est plus facile pour le médecin, qui connaît déjà ses patients ». Et de souligner qu’en cas de problème, si toutes les précautions concernant contre-indications et interactions médicamenteuses n’ont pas été prises, l’officinal engage fortement sa responsabilité.

(1) Décision de l’ANSM du 18 décembre 2017.

(2) Auteur de Automédication, Le guide expert , Éditions de La Martinière.

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