DPC des préparateurs : peut mieux faire !

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DPC des préparateurs : peut mieux faire !

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Publié le 27 août 2025 | modifié le 28 août 2025
Par Annabelle Alix
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La santé de la femme et la prise en charge de la douleur sont les thématiques de développement professionnel continu (DPC) les plus attendues par les préparateurs, selon une enquête de leur Conseil national professionnel (CNP). Rarement mises en œuvre, les actions de DPC des préparateurs en pharmacie d’officine dépendent le plus souvent de leur employeur et ne sont quasiment jamais tracées. Analyse.

Les préparateurs souhaiteraient, dans l’ordre, se former à la santé de la femme, mieux accompagner la prise en charge de la douleur et renforcer leurs compétences sur le bon usage des médicaments. C’est, du moins, ce que révèle une enquête du Conseil national professionnel des préparateurs en pharmacie d’officine (CNP PPO) portant sur 652 réponses et rendue publique le 27 août 2025.

Alors que mener des actions de développement professionnel continu (DPC) est obligatoire depuis 2016, ils ne sont qu’un tiers à s’être déjà prêtés au jeu et 91 % d’entre eux n’ont toujours pas créé de compte sur le site de l’Agence nationale du DPC (ANDPC). À l’heure où l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) dresse un bilan très mitigé du DPC – en particulier chez les salariés –, l’enquête du CNP PPO tente de faire le point sur les freins à son déploiement et les attentes sur le terrain.

Manque d’information, démarches complexes, offre inadéquate

Sept mois de mise en ligne, quelques actions de communication de la part du CNP PPO, et seulement 652 répondants à l’enquête… Preuve, s’il en fallait une, que le DPC ne passionne pas les foules. Méconnaissance du dispositif, difficultés à trouver du temps pour se former, désintérêt du titulaire qui ne renseigne pas ses salariés ou refuse de faire les démarches pour financer leurs actions auprès de l’opérateur de compétences (Opco), sont les principaux freins rapportés quant à son déploiement.

Par ailleurs, les formations proposées sont jugées trop peu nombreuses, fréquemment annulées, trop éloignées géographiquement et/ou inadaptées aux besoins. Si l’offre a visiblement besoin de s’étoffer, les préparateurs pensent avant tout qu’une meilleure information et une simplification des démarches sont les premiers leviers à actionner pour booster le DPC…, mais aussi sa traçabilité ! En effet, 82 % des préparateurs ayant suivi une action de DPC déclarent ne pas l’avoir tracée, principalement à cause d’un manque d’informations sur les démarches à suivre et de la complexité des outils. Ils réclament donc la mise en place de contrôles effectifs externes dans les pharmacies, et souhaiteraient une meilleure reconnaissance des compétences acquises en formation.

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La santé de la femme au cœur des préoccupations

Si les actions de DPC suivies concernent en premier lieu la vaccination, celles « portant sur le cancer et la gestion des effets indésirables liés aux chimiothérapies représentent une part significative (12,6 %), relève le CNP. La contraception, le diabète, les anticoagulants, ainsi que les pathologies chroniques comme l’asthme ou les maladies inflammatoires intestinales (MICI) apparaissent aussi comme des domaines fréquents ». Dans plus de deux tiers des cas (68,3 %), les actions ont été réalisées à l’initiative de l’employeur, ce qui laisse supposer un choix de thématiques en phase avec les besoins de l’officine et/ou avec les axes de déploiement envisagés par le titulaire.

De leur côté, les préparateurs souhaiteraient plutôt se former à la santé de la femme (57,7 %) : contraception, suivi de grossesse, accompagnement du post-partum, endométriose, spécificité du risque cardiovasculaire, ménopause, troubles fonctionnels gynécologiques, interruption volontaire de grossesse… ; à la prise en charge de la douleur (51,2 %), au bon usage des médicaments (41,1 %) et des dispositifs médicaux (40,5 %). D’autres thématiques, pour l’instant non éligibles au DPC, suscitent aussi leur intérêt, comme les formations aux nouvelles missions ainsi qu’à la micronutrition, la nutrition, la diététique.

Source : « Enquête sur les besoins en matière de développement professionnel continu (DPC) des préparateurs en pharmacie d’officine », réalisée en ligne entre le 19 août 2024 et le 31 mars 2025, auprès de 652 préparateurs en pharmacie.

Le DPC, un dispositif sévèrement critiqué

Dans un rapport publié en mars 2025, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a dressé un constat d’échec du DPC. Il souligne que moins d’un quart des professionnels de santé ont validé leur obligation sur la période 2020-2022 auprès de l’ANDPC, un chiffre supposé encore plus faible pour les salariés.

Face à ce bilan, l’Igas a proposé de supprimer le dispositif de DPC pour les professions disposant d’un ordre national (pharmaciens, médecins, chirurgiens-dentistes, etc.).

Concernant les professions sans ordre, dont font partie les préparateurs, rien n’est envisagé pour le moment. Le DPC reste donc le cadre obligatoire de formation continue.

Pourquoi cette enquête ?

Composé de professionnels de santé exerçant le même métier, un Conseil national professionnel (CNP) a pour mission de développer des stratégies d’amélioration de la qualité des soins et de la formation continue. Un CNP représente également les intérêts de la profession auprès des instances gouvernementales et des organismes de financement, tout en effectuant notamment une veille sur les initiatives de terrain et les besoins des professionnels. Le CNP des préparateurs en pharmacie d’officine (PPO) a ainsi déployé une enquête pour faire remonter les pratiques de terrain en matière de développement professionnel continu (DPC) et afin d’identifier les besoins.