« J’ai besoin d’un antimoustique efficace » : quels conseils au comptoir ?

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« J’ai besoin d’un antimoustique efficace » : quels conseils au comptoir ?

Publié le 13 juillet 2025
Par Nathalie Belin
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C’est l’été, et son cortège de calamités zonzonantes (« cri » du moustique)… Face à une demande de répulsif au comptoir, quels conseils adresser selon le profil et le contexte du patient ? On vous répond !

1. Je questionne

Préciser la demande

« Restez-vous en France métropolitaine ou voyagez-vous à l’étranger ou en Outre-mer ? », identifie le risque de contracter une maladie à transmission vectorielle, et oriente le choix et les conseils.

Rechercher certains critères

« Est-ce pour vous ? » Selon le cas, « Quel âge a l’enfant ? », « Êtes-vous enceinte ? », affine le choix. « Dans quelles conditions s’effectue le séjour ? Hôtel, tente… ? » permet d’adapter et/ou de compléter les moyens de protection (moustiquaires, etc.).

2. J’évalue

Les moustiques peuvent être responsables de fortes nuisances (notamment en zones humides) et être vecteurs de pathogènes.

Il convient d’orienter vers un ou des moyens de protection à l’efficacité reconnue et adaptés (âge, grossesse).

Le contexte

Outre les réactions locales liées à leurs piqûres (démangeaisons essentiellement), les moustiques peuvent transmettre des pathogènes responsables de maladies parfois graves, voire mortelles.

  • Le genre Aedes (zones tropicales et tempérées), dont fait partie le moustique tigre, peut transmettre la fièvre jaune (un vaccin est disponible dans les centres de vaccination antiamarile), la dengue, le chikungunya, le zika, etc.
  • Les moustiques du genre Anopheles (zones tropicales) peuvent notamment transmettre le paludisme.
  • Le genre Culex (zones tempérées et Asie) peut transmettre le virus West Nile, responsable de la fièvre du Nil occidental (régulièrement détectée sur le pourtour méditerranéen – 1 300 cas autochtones en Europe en 2024, essentiellement en Grèce et Italie) ou encore l’encéphalite japonaise. Pour cette dernière, un vaccin peut être recommandé dans certaines zones (Asie du Sud-Est, Pacifique occidental), notamment lors de la saison des pluies.

Les moustiques du genre Culex et les anophèles piquent plutôt la nuit jusqu’au lever du jour. Les moustiques du genre Aedes piquent le jour, surtout en début et fin de journée.

3. Je passe en revue

Répulsifs cutanés

Ce sont des produits biocides, dont l’utilisation est encadrée par une réglementation européenne, quatre répulsifs cutanés font partie des moyens recommandés pour prévenir les piqûres de moustiques et la survenue des maladies qu’ils transmettent (voir tableau). Les produits contenant du DEET (N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide) et la plupart de ceux renfermant de l’IR3535 disposent désormais d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) comme biocides, clarifiant les modalités et les précautions d’emploi. Pour ceux à base d’icaridine, leur évaluation est terminée au niveau européen et les demandes d’AMM sont en cours. L’huile d’Eucalyptus citriodora hydratée cyclisée est toujours en cours d’évaluation1.

Particularités. Le DEET est souvent considéré par les experts comme la référence en zones « à risque », notamment de paludisme. Elle est celle pour laquelle le plus d’effets indésirables sont rapportés, mais ils relèvent le plus souvent d’un mésusage. L’IR3535 présente peu d’effets toxiques, d’où son usage chez les jeunes enfants. L’huile d’Eucalyptus citriodora hydratée cyclisée est obtenue à partir de l’huile essentielle (HE) d’Eucalyptus citriodora. Elle est à ce jour non recommandée avant 3 ans1, précaution souvent non reprise par les fabricants. Elle est souvent associée à des HE dans des formules dites « naturelles ».

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Effets indésirables. Pour tous, principalement irritations ou brûlures en cas de contact avec les muqueuses et les yeux. Le DEET est à l’origine de rares troubles neurologiques (confusion, convulsion) ou cardiovasculaires (hypotension, etc.), surtout relevés lors d’applications trop fréquentes, étendues (notamment chez l’enfant) ou prolongées. Il peut altérer les fibres synthétiques, le cuir ou les plastiques (branches de lunette, bracelet de montre, etc.).

Moustiquaires

Recommandées au même titre que les répulsifs cutanés, elles sont particulièrement utiles la nuit ou chez l’enfant avant l’âge de la marche. Celles imprégnées d’insecticides sont recommandées uniquement en zones de paludisme.

Moyens d’appoint

Imprégnation des vêtements. Les insecticides pyréthrinoïdes ne sont plus recommandés en raison de risques environnementaux et pour la santé1. Les répulsifs formulés pour être pulvérisés sur les vêtements, notamment à base d’IR3535, restent un moyen complémentaire de protection. La durée d’action est de 8 heures environ. Exemples : Insect Ecran Vêtements & Tissus, Cinq sur Cinq Spray Vêtements et Tissus, etc. Certains font peau et tissus (Biovectol Intégral, etc.).

Précautions : en général pas avant 1 an.

Dans les maisons. Diffuseurs électriques ou bombes insecticides sont des compléments possibles1.

Précautions : limiter leur usage à quelques heures, aérer régulièrement la pièce où ils diffusent. À éviter chez les enfants avant 2 ans, les femmes enceintes et les personnes asthmatiques.

Autres

Huiles essentielles. Elles ne sont pas recommandées bien que certaines aient des propriétés répulsives reconnues (menthe, lavande, lavandin géraniol, etc.) car leur durée d’efficacité est trop brève (une vingtaine de minutes). Les appliquer fréquemment augmente le risque de survenue d’effets indésirables : irritations cutanées, allergies, voire réactions de photosensibilité. Elles sont à proscrire en zones à risque.

Précautions : généralement déconseillées avant 3 ans et chez les femmes enceintes, car elles peuvent renfermer des substances neurotoxiques (convulsivantes chez les enfants, etc.)2.

Bracelets, clips, patchs. Imprégnés d’HE ou de leurs extraits (géraniol, etc.) ou parfois de molécules répulsives (IR3535, huile d’Eucalyptus citriodora hydratée cyclisée), le rayon d’action est considéré comme trop faible et l’action répulsive trop incertaine pour une recommandation en zones à risque.

Précaution: des irritations cutanées mais aussi oculaires (liées au frottement des yeux après les avoir manipulés) sont rapportées3.

4. Je choisis

Selon le contexte

Zones « à risque » : un répulsif cutané, des répulsifs vêtements ou des insecticides (diffuseurs électriques, etc.) ± une moustiquaire.

Zones à faible risque : des répulsifs cutanés, à l’IR3535 par exemple, ou les moins dosées et/ou des moustiquaires et/ou des répulsifs vêtements, voire des insecticides en cas d’inconfort important.

La galénique

Spray. Format le plus répandu. Attention à ne pas le laisser manipuler par un enfant. Étaler le produit avec les mains pour bien le répartir sur la peau et garantir l’efficacité.

Lait, crème. Peu de choix mais idéal chez l’enfant (pas de risque de projection dans les yeux).

Roll-on. Plutôt pour de petites zones (cou, visage, avant-bras, pieds, mollets) pour une application sans contact du produit avec les mains.

5. J’explique

Les répulsifs cutanés sont, avec des vêtements longs, la solution la plus efficace pour se protéger des moustiques. Leur utilisation est sûre si les consignes d’utilisation sont respectées.

6. Je conseille

Répulsifs cutanés

S’appliquent sur les zones découvertes uniquement et sur peau saine, en respectant les concentrations et le nombre d’applications préconisées selon l’âge.

Utiliser les sprays en extérieur, se laver les mains après application. Pour le DEET, enlever montre et bijoux. En cas d’exposition au soleil, appliquer le répulsif 20 à 30 minutes après la crème solaire.

Les durées de protections affichées (variables selon les concentrations et galéniques) sont indicatives. En condition réelle, température, humidité, transpiration, frottements les réduisent.

Vêtements

Solution la plus simple, le port de vêtements amples, de préférence de couleur claire (les moustiques semblent mieux détecter les couleurs sombres), est conseillé1.

Autres mesures de protection

Des serpentins fumigènes en extérieur et, dans les maisons, la climatisation ou un ventilateur dirigé vers la personne – perturbant le vol de l’insecte – sont des mesures d’appoint utiles1.

Retour d’une zone à risque

Des symptômes de dengue, de chikungunya ou de Zika doivent amener à contacter le médecin sans attendre la confirmation biologique, des précautions doivent être prises par l’application de répulsifs cutanés, notamment pour éviter toute piqûre par des moustiques tigre autochtones, risquant à leur tour de s’infecter et de transmettre la maladie.

Sachant que ces pathologies peuvent être asymptomatiques, certains experts recommandent de se protéger durant quelques jours au retour d’une zone d’épidémie. Précaution à poursuivre au moins 7 jours après le début des symptômes.

1. Recommandations sanitaires aux voyageurs 2024, mis à jour avril 2025, Haut Conseil de la santé publique (HCSP).
2. Huiles essentielles : risques et précautions, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), décembre 2024.
3. Réactions cutanées et oculaires aux bracelets répulsifs anti-insectes, Anses, 2019.