Autotests VIH : mode d’emploi

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Autotests VIH : mode d’emploi

Publié le 22 mai 2025 | modifié le 23 mai 2025
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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Destinés à un usage à domicile, les autotests VIH se délivrent après un questionnement des patients afin de vérifier qu’ils sont bien adaptés à la situation. Le mode d’emploi des différents types de tests, la gestion des déchets et la conduite à tenir face au résultat sont des points à aborder.

Les autotests VIH sont des tests rapides de détection de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), à usage unique, prévus pour une utilisation par le patient lui-même, tant pour le prélèvement et la lecture des résultats que pour leur interprétation. Ce sont des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro (DMDIV) dont la commercialisation, réservée à l’officine, nécessite un marquage CE.

Intérêt des autotests VIH

Autorisés en France depuis 2015, les autotests sont un outil supplémentaire de dépistage. Ils complètent la sérologie (test Elisa sur prise de sang) réalisée en laboratoire de biologie médicale ou dans un Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD), d’une part, et le test rapide d’orientation diagnostique (Trod), d’autre part. Ce dernier fonctionne sur le même principe que l’autotest, mais est réalisé par une tierce personne, dans certaines associations de lutte contre le VIH, les centres de santé sexuelle (anciennement centres de planification et d’éducation familiale – CPEF), les centres de protection maternelle et infantile (PMI) et, également, dans les CeGIDD.

Principe

Ces tests antigéniques détectent, par réaction immunochromatographique, des anticorps anti-VIH1 et anti-VIH2 dans une goutte de sang ou un fluide gingival. En cas de présence, les antigènes sont dilués dans un réactif et migrent par capillarité le long d’une bandelette vers une zone test qui contient des anticorps spécifiques. Le complexe antigène-anticorps apparaît alors sous forme d’une marque colorée sur la zone de lecture.
Ces tests sont indiqués pour dépister une infection par le VIH au moins 3 mois après le dernier risque d’exposition au virus, délai nécessaire pour leur fiabilité. En cas de résultat positif, ils ne constituent pas à eux seuls un diagnostic, celui-ci nécessitant une confirmation par un test Elisa.

Performance

L’attribution du marquage CE à un autotest VIH demande une sensibilité (probabilité d’être positif en cas d’infection) de 100 % et une spécificité (probabilité d’être négatif en l’absence d’infection) ≥ 99 %.

Aucun autotest n’est cependant fiable à 100 %, des faux négatifs ou faux positifs sont possibles, notamment si le délai de 3 mois n’est pas respecté, en cas d’erreurs de manipulation par le patient, de test défectueux, de prise d’un antirétroviral…

Classification

On distingue deux types d’autotests VIH selon le mode de prélèvement.

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  • Les tests sanguins : à partir d’une goutte de sang capillaire, prélevée au bout du doigt grâce à un autopiqueur fourni. Exemples : Exacto Test HIV, Autotest VIH, Insti Test.
    Contenu du kit : autopiqueur stérile, bâtonnet prélève-goutte de sang, cassette de dépôt et de lecture légendée (avec son support pour Autotest VIH), un ou plusieurs flacons de diluant, lingette d’alcool désinfectante, compresse stérile, pansement et notice.
  • Les tests gingivaux : sur transsudat de la muqueuse buccale, prélevée au niveau gingival avec une spatule orale. Exemple : OraQuick.
    Contenu du kit : cassette de test munie d’un tampon oral à l’extrémité, support, solution, sac pour l’élimination des déchets, notice.

Délivrance

À l’abri de tiers, si possible dans un espace confidentiel.

Vérifier l’indication et orienter

Le délai écoulé depuis la dernière prise de risque doit être d’au moins 3 mois.

Entre 6 semaines et 3 mois après la situation à risque, orienter vers un test en laboratoire d’analyse médicale (possible sans ordonnance, pris en charge à 100 % pour les assurés sociaux, leurs ayants droit et les bénéficiaires de l’Aide médicale d’État).

En présence d’un syndrome infectieux (possible primo-infection), même si le délai de 3 mois n’est pas écoulé, orienter en urgence vers un service hospitalier afin d’évaluer la nécessité de réaliser un test plus sensible et de commencer rapidement un traitement par antirétroviral. Procéder de même si le délai est inférieur à 48 heures, afin de mettre éventuellement en place un traitement post-exposition (TPE).

Sous traitement antirétroviral préventif (PrEP), le risque de faux négatif avec les autotests fait préférer les sérologies en laboratoire.

L’autotest ne doit pas être utilisé pour le suivi des patients séropositifs sous antirétroviraux.

Guider le choix

Du moment que le test est marqué CE, le choix dépend des préférences individuelles. Mettre en garde sur les tests vendus sur Internet (hors site officinal) dont la fiabilité est incertaine.

Expliquer le déroulement

À domicile, le patient doit lire l’intégralité de la notice avant de commencer et se munir d’un moyen de chronométrer. Le patient peut, à sa demande, faire l’autotest à l’officine, dans un lieu de confidentialité, mais il devra le réaliser lui-même.

Prélèvement :

– Goutte de sang : similaire au prélèvement pour autosurveillance glycémique. Utiliser l’extrémité latérale d’un doigt après désinfection. Recueillir la goutte à l’aide d’un prélève-goutte ou directement dans un réactif, selon les instructions du fabricant.

– Transsudat gingival : ne pas manger ni boire dans les 15 minutes, ni utiliser un produit d’hygiène buccale (dentifrice…) dans les 30 minutes qui précèdent le test. Ôter toute prothèse (dentier…) qui couvre la gencive. Presser la spatule contre la gencive et la faire glisser une fois le long de la gencive supérieure et une fois le long de la gencive inférieure.

Réalisation : selon la notice fournie pour chaque test, en suivant rigoureusement chaque étape : goutte de sang déposée directement sur la cassette de test ou diluée dans un réactif au préalable, spatule insérée dans le flacon de réactif, etc.

Lecture : respecter scrupuleusement le temps d’attente indiqué : 1 à 20 minutes selon le test. Vérifier la présence de la bande « contrôle ». Observer la présence ou l’absence de la bande « test » : même faiblement marquée, sa présence est considérée comme un résultat positif.

Déchets :

– Pour les autotests sanguins, délivrer systématiquement une boîte pour déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri), qui recevra l’autopiqueur usagé.

– Les autres déchets, y compris les tests gingivaux et les cassettes, peuvent être mis dans les ordures ménagères.

Conduite à tenir :

– En cas de résultat positif : effectuer un contrôle systématique en laboratoire, consulter rapidement un médecin, trouver aide et soutien auprès de proches ou d’une association comme Sida Info Service (0 800 840 800, 7j/7j, 24h/24h, appel anonyme et gratuit, sida-info-service.org). Éviter la transmission de l’éventuelle infection : ne pas partager de seringues ou de pailles, avoir des rapports protégés par préservatif, arrêter l’allaitement…

– En cas de résultat négatif : en l’absence de situations à risque dans les trois derniers mois et si le test a été réalisé correctement, il n’y a pas lieu de pratiquer un test complémentaire.

Accompagner

Selon la situation, inciter au dépistage des autres infections sexuellement transmissibles (IST) et des hépatites, inviter à la vaccination contre l’hépatite B, aborder le sujet de la contraception. Orienter si besoin vers le médecin généraliste, un CeGIDD ou un CPEF. Remettre une liste de ressources locales.

Réglementation

Délivrance sans ordonnance, pour les adultes comme les mineurs.

Pas d’inscription à la LPP, pas de prise en charge Sécurité sociale.

Prix libre.

Mémento de la délivrance

  • Test sanguin ou salivaire selon préférence, marqué CE.
  • Réalisation par le patient lui-même à domicile.
  • Moins sensible que la sérologie en laboratoire d’analyse.
  • Dernière conduite à risque datant au moins de 3 mois. Non indiqué si délai < 3 mois et pour les patients sous traitement antirétroviral préventif (PrEP).
  • Boîte Dasri pour l’autopiqueur usagé des autotests sanguins.
  • Accompagnement et conseils complémentaires en toute confidentialité.
  • Pas de prise en charge, prix libre.