Sacrée papaye

Réservé aux abonnés
Publié le 12 février 2005
Mettre en favori

On peut lire à plusieurs niveaux l’affaire de la papaye fermentée, qui vient d’être évaluée sans concession par l’AFSSA. 1) Soupirer qu’on a déjà eu la même histoire avec la DHEA. 2) Se dire : vivement que l’autorité sanitaire fasse preuve de la même rigueur avec l’homéopathie ! 3) Ironiser sur la lucidité sélective de l’AFSSA qui dénonce « l’exploitation de recommandations de personnalités scientifiques » quand l’Afssaps vient d’organiser une « conférence de consensus » sur la vaccination contre l’hépatite B qui ne repose que sur ce type d’exploitation… 4) Blâmer ces « personnalités scientifiques » qui s’adonnent à des « recommandations » dépassant leur domaine de compétence.

Mais qu’on nous permette cette fois de quitter le « terrain miné » (voir Le Moniteur n° 2562) de l’analyse pour nous placer sur celui de la philosophie. Dans la société de consommation, la quête de sens a basculé du sacré à la médicalisation : le désir de santé est le dernier refuge des valeurs qui font l’unanimité ou presque. Dans cette sacralisation du corps, il est frappant que la référence soit néanmoins celle de la science : l’argumentaire du fabricant met en avant la parole des « personnalités scientifiques » et pas celle du Pape auquel le produit doit pourtant tellement de sa notoriété. A quand un fabricant cohérent de médecine « douce » qui invoquerait l’autorité de saint François d’Assise ?

Publicité