Probiotiques : La prise systématique n’est pas à l’ordre du jour

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Publié le 20 novembre 2004
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Ex-directrice de recherche à l’INRA, le Pr Marie-Christiane Moreau a fait partager son expérience lors de la conférence « What makes a good probiotic ? Scientific update and perspectives » organisée à Bruxelles par Merck Consumer Health Care.

« Le Moniteur » : Comment les probiotiques réussissent-ils à stimuler le système immunitaire ?

Marie-Christiane Moreau : Ces micro-organismes ingérés vivants stimulent le système – très élaboré – de défense intestinal, qui inclut la flore intestinale, la muqueuse et un système immunitaire local, le GALT (gut associated lymphoid tissue). Ce système est composé de macrophages, de lymphocytes T et B, de plasmocytes producteurs d’immunoglobulines A et de cellules M qui permettent le transfert de l’antigène vers les cellules immunitaires. Lorsque la flore dominante est efficace, l’immunorégulation se fait sans problème. En revanche, le stress, la prise d’antibiotiques, une mauvaise nutrition, une constipation ou des diarrhées peuvent entraîner un déséquilibre de la flore. Selon ces stimuli, l’effet du probiotique ne sera pas le même, mais, dans tous les cas, son rôle est de rééquilibrer la balance.

Doit-on supplémenter tout le monde ?

Une supplémentation systématique est parfois évoquée. Cependant, quand tout va bien, il ne faut pas toujours plus. Quelques études ont montré que chez les individus sains, l’ingestion de probiotiques n’a aucun effet. De plus, pour l’instant, il n’y a pas de doses recommandées.

Quelles sont les voies de recherche ?

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Les probiotiques semblent donner des résultats en gastroentérologie sur l’intolérance au lactose, pour traiter et prévenir certaines gastroentérites, dans les diarrhées associées aux antibiotiques, les problèmes de motilité intestinale et certaines maladies inflammatoires comme la maladie de Crohn. Ils pourraient aussi moduler les réactions immunitaires en cas de dermatite atopique et d’allergie. La recherche se poursuit dans la polyarthrite rhumatoïde, les cancers du sein et de la vessie et dans le domaine cardiovasculaire.