L’onagre bisannuelle

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Publié le 8 octobre 2022
Par Chantal Ollier
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Originaire d’Amérique du Nord où elle était utilisée par les Indiens, l’onagre est introduite en Europe au début du XVIIe siècle. Ce n’est qu’en 1919 que des scientifiques découvrent dans l’huile de ses graines un acide gras peu ordinaire qu’ils appellent acide γ-linolénique (GLA).

Description

Commune dans presque toute la France, l’onagre bisannuelle se caractérise par une hampe florale anguleuse de 50 cm à 1,5 m de haut qui naît la deuxième année d’une rosette de feuilles oblongues, pétiolées et poilues. Robuste et dressée, velue, cette tige porte des feuilles lancéolées, subsessiles et denticulées. Elle est surmontée d’un épi de fleurs axillaires. La floraison a lieu de juin à septembre. Les fleurs à quatre pétales jaune vif s’ouvrent en fin de journée, à la tombée de la nuit, et fanent au lever du jour. Le fruit est une capsule déhiscente et velue qui contient des graines noires de 8 mm de long.

Principaux constituants

• Acides gras : de la série oméga 6 (65 à 85 % d’acide linoléique, 5 à 12 % d’acide oléique, 7 à 14 % d’acide γ-linolénique ou GLA) ; de la série oméga 3 (au maximum 0,5 % d’acide α-linolénique), acides saturés (1 à 4 % d’acide stéarique, 4 à 10 % d’acide palmitique), acides gras à longue chaîne (hexaconazole, docosanol, octacosanol).

• Insaponifiable : stérols (β-sitostérol, campestérol).

Mécanisme d’action

• L’huile d’onagre apporte des acides gras essentiels nécessaires au maintien de l’intégrité de la fonction barrière de l’épithélium cutané. Elle contient du GLA normalement synthétisé par l’organisme humain à partir de l’acide linoléique sous l’action de la Δ6-désaturase (D6D). Un défaut d’activité de cette enzyme entraîne un déficit en GLA et en son métabolite, l’acide dihomo-γ-linolénique (DGLA). Un déficit en D6D est notamment retrouvé chez les patients présentant une dermatite atopique. De l’ensemble des études cliniques, de qualité toutefois discutable, il ressort un effet bénéfique mais avec un niveau de preuve très faible à modéré du traitement oral par l’huile d’onagre dans la dermatite atopique ou l’eczéma avec une tendance à l’amélioration des démangeaisons, de la rugosité, de la sécheresse de la peau et de la surface atteinte. Il semble que son efficacité soit corrélée à une augmentation des taux sériques de GLA. Son intérêt en application cutanée pour améliorer la fonction barrière de la peau dépend, quant à lui, des excipients utilisés pour assurer sa pénétration.

• Le GLA présente également une activité anti-inflammatoire. Des effets antiasthmatiques sont mis en évidence.

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• L’activité hypolipidémiante se traduit par une baisse des taux sériques de cholestérol et des triglycérides et une hausse du HDL-cholestérol.

• L’huile d’onagre protège l’estomac des agressions provoquées par différents agents ulcérogènes (anti-inflammatoires non stéroïdiens, stress) ou nécrosants et diminue la sécrétion acide de l’estomac.

• Elle s’oppose à l’hyperagrégabilité plaquettaire induite par un régime hyperlipidique. Le GLA inhibe en partie l’effet protumoral d’un régime hyperlipidique.

• Neuroprotectrice, l’huile d’onagre favorise la régénération des axones et de la gaine de myéline des fibres nerveuses. Elle s’oppose à la neuropathie périphérique et à la néphropathie causées par un diabète expérimental, protège partiellement le pancréas et améliore le contrôle glycémique.

• Les études cliniques réalisées dans diverses pathologies donnent des résultats controversés : syndrome prémenstruel, mastalgie, bouffées de chaleur de la ménopause, polyarthrite rhumatoïde. Les résultats ne sont pas non plus concluants dans le syndrome de Sjögren, l’hyperactivité infantile, le syndrome de Raynaud. Des investigations complémentaires sont nécessaires dans la neuropathie diabétique.

Posologie

A partir de 12 ans, 2 à 3 g par prise sous forme de capsules pour une posologie journalière de 4 à 6 g. Si les symptômes persistent après 8 semaines de prise, il convient de consulter.

Précaution d’emploi et contre-indications

• L’huile d’onagre est déconseillée chez les enfants de moins de 12 ans, en cas de grossesse et d’allaitement faute de données de sécurité suffisantes.

• Son utilisation en période périnatale est déconseillée en raison d’une interférence possible avec l’accouchement : en application intravaginale, elle facilite en effet la dilatation du col de l’utérus.

• Très sensible à l’oxydation, elle doit être conservée à l’abri de la lumière, de l’air, de la chaleur et de l’humidité.

Interactions médicamenteuses

En théorie, l’huile d’onagre inhibe l’agrégation plaquettaire et devrait être déconseillée aux sujets sous traitement antiagrégant plaquettaire. Toutefois, aucun cas d’interaction n’est relevé dans la littérature scientifique et cette précaution d’emploi n’est donc pas reprise dans la monographie européenne.

Effets indésirables

• Troubles gastro-intestinaux à type de nausées, selles molles, élévation de la température, réactions d’hypersensibilité avec exanthème, maux de tête.

• En cas de surdosage, risque de douleurs abdominales et de diarrhée légère.

Sources : European Union herbal monograph et Assessment report on Oenothera biennis L. or Oenothera lamarckiana L. oleum, Agence européenne du médicament (EMA), 5 juin 2018 ; M. Wichtl, R. Anton, Plantes thérapeutiques, Editions Tec & Doc, Paris, 2003.

FICHE TECHNIQUE

Nom latin : Oenothera biennis L. (onagre bisannuelle) ou Oenothera lamarckiana L. (onagre à grandes fleurs).

Famille : Onagraceae.

Partie utilisée : huile obtenue par extraction ou expression des graines.

Monographie de contrôle : Pharmacopée européenne.

Propriétés :

– anti-inflammatoire,

– source d’acide γ-linolénique.

Utilisation traditionnelle : soulagement symptomatique des démangeaisons des peaux sèches (état aigu ou chronique).