Les salaires des préparateurs et pharmaciens au beau fixe

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Publié le 1 juin 2013
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À l’officine, la crise ne touche pas l’intérim. Selon une étude réalisée par Appel Médical, la rémunération des préparateurs et des pharmaciens a fait un bond en 2012.

Pour la seconde année consécutive, la société d’intérim Appel Médical vient de publier son baromètre des salaires pour les métiers de la santé*. Il apparaît que la palme de la plus forte progression pour 2012, revient aux préparateurs en pharmacie avec une augmentation de 3,7 %, portant ainsi leur salaire moyen brut à 1851 €**.

Ces résultats sont bien loin du taux de 1,6 % d’augmentation obtenu par les fédérations syndicales de la pharmacie lors des négociations salariales pour 2013 (dont la parution de l’arrêté d’extension est toujours en attente). Le salaire minimum du coefficient 230 est à 1 486,06 €, alors que l’étude montre un salaire moyen des moins de 25 ans de 1 702 €. Pour Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral FO pour l’officine, « ces résultats ne peuvent être représentatifs d’une tendance nationale car l’étude porte sur le travail temporaire. De même, la part des salariés payés au-dessus de la grille est moindre par rapport à la situation des années précédentes ».

Mais comment expliquer une telle disparité ? Pour Christophe Bougeard, directeur général d’Appel Médical, « cette augmentation se justifie par une pénurie de préparateurs, ainsi que des contraintes économiques pour les titulaires. Ceux-ci préfèrent prendre pour des remplacements temporaires d’officinaux, des préparateurs plutôt que des pharmaciens plus coûteux ».

La pénurie liée à un manque de perspectives

Dans ce contexte ou la loi de l’offre et de la demande est forte, cette pénurie fait le bonheur des préparateurs qui peuvent ainsi négocier un salaire plus élevé. Comment en est-on arrivé là ? Olivier Clarhaut livre un constat amer : « la baisse d’inscription en CFA est une tendance lourde depuis une dizaine d’années et elle s’accélère encore Cette situation s’explique en partie par le contexte économique, mais également par le désintérêt de nombreux pharmaciens pour la formation initiale du préparateur ».

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Pour le directeur général d’Appel Médical, cet état des lieux se justifie également par le fait que « certains préparateurs arrêtent leur parcours professionnel après quelques années d’exercice par manque de perspectives ». Christophe Bougeard, qui peine par ailleurs à honorer les demandes des pharmacies par manque de candidat depuis le début de l’année, présage qu’« il y aura de nouveau, en 2013, une augmentation des salaires due à la pénurie ».

Les pharmaciens ne sont pas à plaindre

Si la crise touche l’emploi des pharmaciens adjoints, l’étude fait aussi ressortir une hausse de leur rémunération de 1,7 % pour l’année 2012, portant ainsi leur salaire brut moyen à 3 319 € contre 3 262 € pour 2011. Cette évolution de salaire permet ainsi aux pharmaciens adjoints d’être classés en seconde position dans le top 3 des métiers de la santé les mieux payés établi par Appel Médical, juste devant les infirmiers de bloc opératoire avec 3 309 €, et derrière les infirmiers anesthésistes dont la rémunération moyenne est de 3 850 €.Du côté de la parité, l’écart de salaire entre hommes et femmes s’est réduit chez les pharmaciens avec un salaire moyen de 3 309 € pour les femmes contre 3 334 € pour les hommes.

* Étude réalisée sur cinq familles de métiers de la santé : soin et assistance, bloc opératoire, petite enfance, pharmacie et laboratoire d’analyses médicales et rééducation.

12 fonctions sont analysées, dont les préparateurs en pharmacie et les docteurs en pharmacie.

** Dans l’étude, les données calculées sur les salaires réels (hors indemnités de congés payés et de fin de contrat, ou primes diverses) sont extraites de 9 918 fiches de paie d’intérimaires (technicien de laboratoire d’analyses médicales, préparateur, pharmacien).