La vigne rouge

Qu’est-ce que c’est ?

• La vigne, Vitis vinifera L. (Vitaceæ) est un arbuste sarmenteux et grimpant muni de vrilles. Les feuilles caduques, alternes, pétiolées, palmatilobées, sont à 5 lobes aigus, sinués et dentés. Elles sont souvent velues à la face inférieure. Les fleurs petites et verdâtres donnent des grappes de baies globuleuses. Il existe de nombreuses variétés cultivées.

• La feuille de vigne rouge, décrite à la X^e édition de la Pharmacopée française, provient de cépages dits teinturiers (Vitis vinifera L. var tinctoria). Elle est récoltée lorsqu’elle est rouge à l’automne, moment où elle est la plus riche en anthocyanes.

Quelles sont ses utilisations ?

L’usage de la feuille de vigne rouge est reconnu en Europe par voie orale et topique :

– pour traiter l’insuffisance veineuse chronique et soulager la sensation de jambes lourdes,

– dans le traitement symptomatique de la fragilité capillaire cutanée (pétéchies, ecchymoses),

– pour soulager les sensations de brûlures et démangeaisons associées aux hémorroïdes,

– en application locale en cas de gêne oculaire due à une atmosphère enfumée, un effort visuel soutenu, des bains de piscine ou de mer.

Quel est son mode d’action ?

• La feuille de vigne rouge exerce plusieurs effets sur l’unité veinocapillaire :

– protection de la paroi des veinules contre les médiateurs de l’inflammation et accélération de leur réparation ;

– diminution de la perméabilité et augmentation de la résistance capillaire.

• Les études cliniques menées avec un extrait sec standardisé en cas d’insuffisance veineuse chronique montrent une amélioration des symptômes subjectifs (sensations de jambes lourdes, douleurs, tension et picotements) et objectifs (diminution du volume des jambes, amélioration de la microcirculation et de l’oxygénation des tissus).

• La feuille de vigne rouge agit par l’intermédiaire de plus de 200 constituants :

– anthocyanes, à l’origine de la couleur rouge (hétérosides de malvidine, delphinidine, cyanidine),

– flavonoïdes (jusqu’à 3,5 % : quercétine-3-O-glucuronide, isoquercitroside, kaempférol-3-O-glucoside),

– tanins (catéchine, épicatéchine, proanthocyanes),

– acides phénols et organiques.

Ces composants protègent la paroi des capillaires et des veines grâce à leurs vertus anti-inflammatoires et anti-œdémateuses du fait notamment d’un effet antioxydant, d’une inhibition de l’élastase et d’un blocage des canaux calciques qui empêchent ainsi l’extravasation liquidienne.

A quelle dose est-elle utilisée ?

• Insuffisance veineuse chronique : 360 à 720 mg d’extrait sec aqueux par jour (rapport plante/extrait de 4 à 6/1) en 1 à 2 prises durant 12 semaines. Deux à trois semaines de prises sont souvent nécessaires pour constater une efficacité.

• Sensations de jambes lourdes, fragilité capillaire cutanée, hémorroïdes :

– infusion 15 minutes, 5 à 10 g/250 ml d’eau bouillante, 2 fois par jour,

– poudre : 270 à 350 mg par prise, 3 à 5 fois par jour.

Le traitement doit être poursuivi 4 semaines en cas de troubles circulatoires mineurs et une semaine dans les deux autres indications. Si la sensation de jambes lourdes est liée aux périodes de chaleur estivale, débuter le traitement dès le milieu du printemps en cures de 20 jours par mois.

Quels sont ses avantages ?

Aucun effet indésirable notable ni aucune interaction médicamenteuse ne sont connus à ce jour. La feuille de vigne rouge peut être utilisée au long cours sur conseil médical en cas d’insuffisance veineuse chronique.

Quels sont ses inconvénients ?

• La vigne rouge est contre-indiquée en cas d’hypersensibilité à la vigne ou au raisin, déconseillée faute de données suffisantes en cas de grossesse, d’allaitement et avant 18 ans.

• Ses effets indésirables possibles sont légers à modérés : réactions cutanées d’hypersensibilité (démangeaisons, urticaire, érythème), troubles gastro-intestinaux, maux de tête.

AUTRES EXTRAITS D’INTÉRÊT THÉRAPEUTIQUE

• L’extrait de pépins de raisin : constitué presque exclusivement d’oligomères proanthocyanidiques, il est utilisé en cas d’insuffisance veineuse, d’œdème posttraumatique, de rétinopathie diabétique ou pour améliorer la vision en lumière atténuée.

• Le resvératrol : antioxydant et activateur de sirtuines, il se retrouve dans la peau du grain de raisin, la feuille et les sarments en réponse à un stress (attaque fongique, bactérienne…).

Sources : European Medicines Agency, HMPC, « Community herbal monograph on Vitis vinifera L. folium », juillet 2010, www.ema.europa.eu ; European Medicines Agency, HMPC, « Assessment report on Vitis vinfera L. folium », juillet 2010, www.ema.europa.eu ; Jean Raynaud, Prescription et conseil en phytothérapie, Ed. Tec & Doc, Paris, 2005.