La callune vulgaire

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Publié le 29 juin 2013
Par Chantal Ollier
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Qu’est-ce que c’est ?

• La callune vulgaire ou fausse bruyère, Calluna vulgaris (L) Hull., est un sous-arbrisseau de 10 à 50 cm de haut, rarement plus, qui pousse sur sols acides jusqu’à 2 500 m d’altitude en formant des tapis dans les landes.

Ses rameaux brun rougeâtre, courbés vers le haut, sont recouverts de feuilles minuscules persistantes, imbriquées, sur 4 rangées et opposées 2 à 2. Les fleurs regroupées en grappe sont de petite taille, en forme de grelot, de couleur rose pâle à rose violacé.

• La partie utilisée en phytothérapie est constituée par les sommités fleuries cueillies en fin de floraison. Elles possèdent une monographie de contrôle à la Pharmacopée française.

Quelle est sa composition ?

• La callune vulgaire est une plante à polyphénols mais sa composition quantitative varie avec l’âge, l’altitude, des facteurs climatiques et génétiques. Elle contient :

– des chromones ;

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– des flavonoïdes très nombreux dont des hétérosides, du kaempférol et de la quercétine ;

– des tanins et proanthocyanes ;

– des acides phénols dont l’acide chlorogénique ;

– des glycosides phénoliques : arbutine (0 à 2 %), orcinol-bêta-D-glucoside.

• Les composés non phénoliques sont des acides et alcools triterpéniques (acide ursolique, uvaol) principalement.

Quelles sont ses indications ?

• En France, la callune est traditionnellement utilisée pour favoriser l’élimination rénale de l’eau et en traitement adjuvant des troubles urinaires bénins (cystite simple).

• Dans d’autres pays d’Europe, elle est réputée sédative et équilibrante de l’humeur, anti-inflammatoire (rhumatismes), expectorante, antiseptique et cicatrisante.

Quelles sont ses propriétés ?

• In vitro et in vivo, la callune a des propriétés essentiellement liées à sa richesse en polyphénols. Elle est antioxydante, photoprotectrice vis-à-vis des UVB en application sur la peau. Elle possède une activité sédative par sa teneur en quercétine et son aptitude à inhiber la MAO-A. Enfin, elle présente des propriétés antiprolifératives in vitro (cellules leucémiques humaines, cellules cancéreuses gastriques et mammaires), expliquées en partie par la présence d’acide ursolique. Cette dernière propriété n’est pas utilisée en thérapeutique.

• Son utilisation comme diurétique et antiseptique urinaire ne repose que sur l’usage traditionnel et les observations de phytothérapeutes. L’arbutine, principe actif bactériostatique après sa transformation en hydroquinone, n’est présente qu’en petite quantité dans la callune.

Quelle est sa posologie ?

• La callune s’utilise en infusion de 10 min à 20 g/l à la posologie de 500 à 1 000 ml par jour.

• Elle peut être associée à d’autres plantes antiseptiques urinaires (bruyère, busserole, buchu, genévrier, canneberge) ou de drainage des voies urinaires (chiendent, queue de cerise, prêle, pissenlit, orthosiphon, ortie, bouleau…).

Quels sont ses inconvénients ?

• Elle peut occasionner des nausées et vomissements chez les personnes à l’estomac sensible.

• Elle est déconseillée en cas de grossesse et allaitement faute de données suffisantes.

• Il ne faut pas confondre la callune et la bruyère cendrée. De la même famille que la callune et poussant sur les mêmes sols, la bruyère cendrée (Erica cinerea L.) en a aussi en France les mêmes utilisations traditionnelles comme diurétique et adjuvant du traitement des cystites bénignes. Seule la fleur de bruyère est utilisée en phytothérapie, en infusion à 50 g/l (500 à 1 000 ml par jour). Elle contient des flavonoïdes et des anthocyanes.

CE QU’IL FAUT RETENIR

• La callune est indiquée traditionnellement en France dans les troubles urinaires bénins et pour faciliter l’élimination de l’urine.

• Sa posologie est de 20 g/l en tisane (infusion de 15 minutes), un demi-litre à un litre par jour.

• Risque de nausées et vomissement chez les personnes sensibles.

• A éviter pendant la grossesse en raison de l’absence de données.

Sources : K. Ghedira, P. Goetz, « Bruyère commune : Calluna vulgaris (L) Hull ou Calluna vulgaris Salisb (Ericaceae) », Phytothérapie, 2013, 11, 1 52-5. GA Filip, ID Postescu, C Tatomir, A Muresan, S Clichici, « Calluna vulgaris extract modulates NF-kappaB/Erk signaling pathway and matrix metalloproteinase expression in SKH-1 hairless mice skin exposed to ultraviolet B irradiation », J Physiol Pharmacol, 2012, 63, 4, 423-32. J. Fleurentin, J.-C. Hayon, « Les plantes qui nous soignent », Traditions et thérapeutiques, Ed. Ouest France, 2007.