La ballote noire

Qu’est-ce que c’est ?

• La ballote noire (Ballota nigra L., synonyme Ballota fœtida Lam.) est une plante vivace de 40 à 80 cm de haut, commune en France dans les décombres, haies, chemins. Son port est caractéristique des Lamiaceæ : tige carrée portant des feuilles d’un vert sombre, ovales ou arrondies, crénelées tout autour, nervées-réticulées et velues. Les fleurs à la corolle découpée en deux lèvres sont purpurines, rassemblées en verticilles fournis et compacts. Son odeur est fétide et sa saveur âcre et amère.

• La partie utilisée en phytothérapie est la sommité fleurie coupée au moment de la floraison (mai à septembre). Elle possède une monographie de contrôle à la Pharmacopée européenne.

• La ballote noire est aussi appelée marrube noir, lequel ne doit pas être confondu avec le marrube blanc (Marrubium vulgare) dont on utilise la feuille et la sommité fleurie comme expectorant.

Quelle est son utilisation ?

La sommité fleurie de ballote est traditionnellement utilisée :

– pour réduire la nervosité, notamment en cas de troubles mineurs du sommeil ;

– dans le traitement symptomatique de la toux bénigne occasionnelle.

Quel est son mode d’action ?

• Les études pharmacologiques montrent que la ballote exerce une activité antispasmodique, sédative, inductrice du sommeil et anxiolytique. Les dérivés phénylpropaniques contenus dans la plante ont un effet antioxydant et plusieurs d’entre eux se lient avec plus ou moins d’affinité aux récepteurs de la dopamine, des benzodiazépines et de la morphine.

• Une étude pilote réalisée chez 28 patients consultant pour un état anxieux généralisé confirme l’effet bénéfique de la ballote en cas de troubles du sommeil et une amélioration de l’état anxieux après deux mois de prise.

A quelle dose est-elle utilisée ?

• La ballote peut s’utiliser en infusion de 10 minutes à la dose de 10 g/l, 250 à 500 ml par jour :

– à répartir en 3 prises sur la journée en cas de nervosité ou de toux ;

– à prendre en deux prises (après le repas du soir et 30 minutes avant le coucher) en cas de troubles du sommeil.

• En raison de son odeur et de son goût, il est conseillé de mélanger la ballote à d’autres plantes tels la mélisse, les feuilles d’oranger amer ou l’anis.

• L’extraction hydroalcoolique permettrait d’obtenir plus de principes actifs, mais le recul sur son utilisation est moins important que pour la forme tisane, utilisée traditionnellement.

Quels sont ses avantages ?

• A la dose recommandée, aucun effet indésirable n’est notifié pour la ballote.

• Elle peut être utilisée, seule ou en association avec d’autres plantes sédatives, dans l’aide au sevrage des benzodiazépines.

Quels sont ses inconvénients ?

• Son goût et sa saveur peuvent rebuter.

• Elle est déconseillée chez la femme enceinte en raison de son utilisation historique comme emménagogue.

• Certains auteurs recommandent de l’utiliser avec prudence ou sur de courtes périodes car elle contient des diterpènes labdaniques structurellement proches de ceux identifiés dans la germandrée petit-chêne et responsables de cas d’atteintes hépatiques. La spécialité Euphytose a été incriminée dans des cas d’hépatites avant 1998 lorsqu’elle contenait du kola et du paullinia (retirés depuis). Aucune des plantes n’a été mise en cause, en particulier dans ces atteintes hépatiques, mais le rôle possible de la ballote dans cette toxicité a été évoqué.

CONSTITUANTS CHIMIQUES DE LA BALLOTE

– Acides phénols : acides chlorogénique, caféique.

– Hétérosides flavoniques : dérivés de l’apigénine et de la lutéoline.

– Lactones diterpéniques proches de la marrubiine.

– Hétérosides phénylpropaniques : au moins sept composants identifiés dont le verbascoside (actéoside).

Sources : J Fleurentin, JC Hayon, Les plantes qui nous soignent, traditions et thérapeutiques, Ed Ouest France, 2007 ; Max Rombi, D Robert, 120 plantes médicinales, Alpen Editions, Monaco, 2007 ; A Huriez, L’utilisation du MDE de Ballota nigra chez des patients anxieux (à propos de 28 cas) Phytotherapy, 1991, 36/37, 12-19 ; P^r Bruneton, Base de données des plantes toxiques, http ://ead.univ-angers.fr/~pharma/bruneton/