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Les malaises à l’officine
EN PRATIQUE : LE MALAISE VAGAL
AU COMPTOIR : « J’ai l’impression que je vais m’évanouir »
« Je venais renouveler mon ordonnance de Témesta, mais vraiment, depuis quelques minutes, je ne me sens pas bien. J’ai été très stressé toute la journée au boulot, et là j’ai des nausées, je transpire. J’ai l’impression que je vais m’évanouir. »
Votre réponse
« Effectivement vous êtes très pâle. Venez vous allonger quelques minutes au calme à l’arrière de l’officine. Je vais vous aider à retirer votre manteau et à desserrer votre col de chemise et votre ceinture. Prenez-vous des médicaments en ce moment ? Non ? Est-ce la première fois que vous ressentez un malaise comme cela ? »
Le malaise vagal
– Définition
Un malaise correspond à une sensation pénible (dont on ne connaît pas toujours l’origine), désagréable et inhabituelle chez une personne consciente. Le sujet ressent une impression angoissante d’évanouissement imminent avec pâleur, sueurs, brouillard visuel et bourdonnements d’oreilles. Il n’y a pas de perte de connaissance, mais un simple fléchissement de la conscience. Le sujet entend ce qui se passe autour de lui.
– Origine du malaise vagal
Le malaise vagal est déclenché par un excès d’activité du nerf vague (ou nerf pneumogastrique) qui innerve le coeur. Le ralentissement du rythme cardiaque entraîne une baisse de la tension artérielle et une diminution de l’apport d’oxygène au cerveau (hypoxie). Le malaise vagal est le plus fréquent des malaises, surtout chez le sujet jeune.
– Retour à la normale
La durée du malaise est variable. Il peut être fugace ou durable.
Le retour à la normale est spontané et progressif (30 secondes à une minute après avoir été allongé) avec sensation d’asthénie. La récupération est toujours complète mais progressive. Le sujet reste fatigué. Le repos s’impose, car une reprise d’activité trop rapide est propice à la survenue d’un nouveau malaise.
Si le malaise persiste avec des facteurs de gravité (pouls bas) ou s’il évolue vers une syncope vagale, il faut faire appel au SAMU afin de prendre un avis médical.
L’interrogatoire de la victime
Il permet de préciser les circonstances du malaise.
-#gt; Les prodromes : le malaise vagal débute par des bâillements, des sueurs, une envie de vomir.
-#gt; Les circonstances de survenue : le contexte d’un malaise vagal est souvent évocateur, la chaleur, le stress, une émotion, une violente douleur, un repas trop riche ou trop arrosé, la nuit. Le fait d’avoir envie d’uriner augmente l’action sur le nerf vague. Attention aux chutes car la perte de connaissance peut être brutale !
-#gt; Les signes accompagnateurs : pouls lent de fréquence inférieure à 50 battements par minute ; le sujet est pâle, fatigué avec une sensation d’un refroidissement du corps ; il est nauséeux avec parfois des vomissements.
La conduite à tenir
Devant un malaise vagal, il faut allonger la victime à plat sur le dos, au calme, pendant au moins 10 à 15 minutes, le temps qu’elle récupère. Penser à la couvrir et à la rassurer. Il faut lui parler. Après le malaise, lui proposer de s’asseoir, et prendre :
– sa tension artérielle, sans faire d’interprétation des valeurs (les mesures sont à transmettre au médecin) ;
– sa fréquence ventilatoire. Elle se prend en mettant une main au niveau du diaphragme (à la jonction du thorax et de l’abdomen). Compter combien de fois la poitrine se soulève ou s’abaisse en une minute.
Neuf fois sur dix, après quelques minutes, la personne va mieux. Dans le cas contraire, il faut prendre un avis médical.
L’appel aux urgences
– Le 15
C’est le numéro des urgences médicales. Accessible 24 heures sur 24, il permet de joindre un médecin du SAMU.
C’est un permanencier auxiliaire de régulation médicale qui répond. Son rôle est d’identifier la personne qui appelle (parent, voisin, passant, professionnel de santé…) et de localiser l’appel. Puis la personne qui appelle est mise en relation avec un médecin régulateur ayant une double expérience de médecine générale et de médecine d’urgence. Ce médecin se chargera de l’interrogatoire médical.
Le pharmacien est en quelque sorte l’oeil et l’oreille du médecin dans les situations d’urgence. Il est important de répondre clairement et calmement. Les moyens de secours qui seront envoyés dépendent de votre message d’alerte. Se conformer aux indications transmises par le médecin. Et, surtout, ne jamais raccrocher le premier.
– Le 112
C’est le numéro unique d’appel européen pour accéder aux services d’urgence. Il est valable dans toute l’Union européenne, mais il n’a pas de spécificité. En France, il permet de joindre les pompiers (18) ou le SAMU (15). Le 112 ne se substitue pas au 15 ou au 18, que l’on doit continuer à utiliser pour obtenir une réponse adaptée à la situation. En revanche, le 112 a vocation à être utilisé :
– par les voyageurs étrangers qui ne connaissent pas les numéros d’urgence du pays européen où ils se trouvent,
– par les utilisateurs d’un portable dont le réseau est saturé, ou d’un portable bloqué ou sans carte SIM. Le 15 et le 18 ne peuvent être appelés d’un portable que si la carte SIM est en place et le portable non bloqué.
POUR APPROFONDIR : Le malaise vagal peut aller jusqu’à la syncope
Définition
Une syncope est une perte de connaissance complète et brève due à la privation soudaine d’oxygène dans le cerveau (anoxie), elle-même consécutive à une baisse transitoire du débit sanguin cérébral. Elle s’accompagne d’une chute par suppression du tonus postural. Dans le cas le plus typique, le sujet s’effondre à terre, reste inerte quelques secondes ou dizaines de secondes et revient à lui spontanément. Une syncope est dite vagale ou vasovagale lorsqu’elle est liée à l’inhibition excessive du système sympathique.
Etiologie
Les circonstances de survenue sont évocatrices : la station debout prolongée, une atmosphère chaude et confinée, un repas chargé, une émotion intense, la vue du sang. Il y a activation d’une boucle réflexe neurocardiogénique en réponse à une diminution du retour veineux et du remplissage ventriculaire (orthostatisme prolongé) dans un contexte sympathicotonique (émotion, confinement, chaleur). L’équilibre entre le système sympathique et le système parasympathique est rompu. Le système nerveux autonome est alors temporairement inapte à maîtriser la tension artérielle et la fréquence cardiaque. La syncope survient.
Les signes
Le sujet chute et, une fois allongé, se réveille. La perte de connaissance se déroule en trois phases.
– Les prodromes : avant la syncope, certains signes sont annonciateurs comme des acouphènes, des nausées, des sueurs, un voile devant les yeux, une oppression thoracique et parfois des palpitations.
– La syncope avec bradycardie :
– le pouls est lent, de fréquence inférieure à 50 battements par minute ;
– la pression artérielle baisse ;
– le sujet est pâle, nauséeux (avec ou sans vomissements).
– La phase postcritique : le sujet revient progressivement à la conscience, il reste fatigué et pâle.
La conduite à tenir
Dès les premiers signes, mettre la victime en décubitus. La plupart des syncopes vasovagales sont bénignes. Néanmoins, le sujet doit bénéficier d’un ECG en urgence afin de saisir d’éventuelles anomalies paroxystiques du rythme ou de la conduction. L’appel au centre 15 est donc nécessaire.
Ne jamais négliger une syncope, même si le retour à l’état initial du sujet est rapide. Elle peut en effet masquer un trouble du rythme cardiaque ou un infarctus du myocarde débutant.
EN PRATIQUE : LES HYPOGLYCÉMIES
AU COMPTOIR : « Mon mari, diabétique, est pris d’un malaise »
« Mon mari est diabétique insulinodépendant. Il n’a presque rien mangé à midi et ne se sent pas bien. Il est en sueur, ses mains sont moites, il est pâle et il a très faim. Il doit faire une crise d’hypoglycémie. »
Votre réponse
« L’hypoglycémie de votre mari doit être rapidement corrigée par un resucrage par voie orale tant qu’il ne souffre pas de troubles de la conscience. Donnez-lui tout de suite ces trois morceaux de sucre. Je vais lui chercher quelques biscottes. »
Les causes
On définit l’hypoglycémie le plus souvent par une glycémie inférieure à 0,5 g/l. Elle peut survenir chez le diabétique insulinodépendant traité par insuline, ou chez le diabétique non insulinodépendant traité par insuline ou par sulfamides hypoglycémiants.
– Chez le diabétique insulinodépendant, l’hypoglycémie peut être attribuée à :
– un repas trop tardif ou sauté ;
– un repas pauvre en glucides ;
– un exercice physique intense sans diminution de la dose d’insuline ou sans apport sucré complémentaire ;
– l’injection d’insuline dans une zone très sollicitée lors de l’effort physique (par exemple, le bras avant de jouer au tennis) ;
– une erreur dans le schéma de l’insulinothérapie.
– Chez le diabétique non insulinodépendant, l’hypoglycémie, moins fréquente, peut survenir en cas :
_ de prise de médicament hypoglycémiant sans repas juste après ;
– d’apport alimentaire insuffisant ;
– d’exercice physique intense et inhabituel ;
– de consommation d’alcool.
La conduite à tenir
L’hypoglycémie est une urgence facile à traiter. Il faut « resucrer » le patient.
– Patient conscient et capable de déglutir
L’hypoglycémie est corrigée par l’apport de sucre. Proposer d’abord des sucres facilement assimilables (en morceaux, eau sucrée, jus de fruits) puis, dans un deuxième temps, des sucres lents (pain, biscottes, viennoiseries).
– Patient inconscient et incapable de déglutir
-#gt; Alerter le SAMU.
-#gt; Mettre le patient en position latérale de sécurité et préparer une injection de glucagon (GlucaGen ou GlucaGen Kit). Le glucagon peut être administré par voie sous-cutanée ou intramusculaire par l’entourage du malade. Seul le personnel médical peut recourir à la voie intraveineuse.
-#gt; Dès que l’effet du glucagon est constaté, il est nécessaire que le patient mange une collation (glucides). Elle lui permettra de reconstituer ses réserves hépatiques en glycogène et de prévenir une récidive d’hypoglycémie. Le glucagon ne doit pas être utilisé chez un diabétique traité par des sulfamides hypoglycémiants.
Mettre le patient au repos, le couvrir.
POUR APPROFONDIR : L’injection de glucagon facilitée
Le glucagon est une hormone hyperglycémiante sécrétée par le pancréas. Ses effets sont antagonistes de ceux de l’insuline. Au cours d’une hypoglycémie, le pancréas fabrique du glucagon qui mobilise le glycogène hépatique. Celui-ci est libéré dans le sang sous forme de glucose. L’effet hyperglycémiant du glucagon est très rapide. Dans les hypoglycémies sévères (perte de connaissance ou malaise avec impossibilité d’avaler), chez le diabétique traité par l’insuline, le glucagon est un médicament de première intention.
Le GlucaGen permet de préparer une solution de glucagon. La forme kit, par sa simplicité d’utilisation, est particulièrement adaptée aux urgences en ambulatoire. Elle est composée :
– d’un flacon de poudre contenant 1 mg de glucagon lyophilisé,
– d’une seringue préremplie de solvant (eau stérile pour préparations injectables). La préparation de l’injection se fait en 3 étapes :
1° injecter le solvant dans le flacon de poudre ;
2° remuer doucement le flacon (sans sortir l’aiguille du flacon) pour dissoudre la poudre, jusqu’à ce que la solution soit claire ;
3° aspirer avec la seringue le contenu du flacon.
L’injection se fait par voie SC ou IM.
EN PRATIQUE : LES MALAISES RESPIRATOIRES
AU COMPTOIR : « Mon amie fait une crise d’asthme »
« Mon amie a une crise d’asthme et elle est en train d’étouffer ! Sa respiration est irrégulière et sifflante. Elle a son flacon de Ventoline sur elle mais je ne sais pas comment faire pour lui donner. »
Votre réponse
« Il faudrait l’amener ici au calme, et la rassurer car l’état de panique ne fait qu’empirer la crise. Nous allons l’aider à prendre sa Ventoline. Si la crise ne cède pas complètement, j’appellerai le 15. »
L’asthme est responsable de 2 000 décès par an en France. Entre 2 et 4 % des adolescents asthmatiques ont une crise grave d’étouffement dans l’année. L’ANAES a élaboré en 2001 des recommandations concernant l’éducation thérapeutique du patient asthmatique adulte et adolescent.
Les symptômes
Quatre signes doivent faire penser à une crise d’asthme aiguë :
– une respiration sifflante (le bronchospasme crée un frein à l’expiration qui est lente et sifflante).
– une toux ;
– un essoufflement ou une gêne respiratoire ;
– une sensation d’oppression thoracique.
Les signes de gravité
Chez un malade, toute crise inhabituelle doit être considérée comme un possible asthme aigu grave. Il s’agit d’une urgence vitale.
D’un point de vue objectif, la présence de signes de gravité signe un asthme avec une menace vitale :
– sueurs (augmentation du CO2 sanguin) et cyanose (diminution de l’O2 sanguin) ;
– impossibilité de terminer les phrases en un seul cycle respiratoire ;
– tête rentrée dans les épaules par l’effort et la mise en jeu des muscles accessoires pour respirer (« signe de la tortue ») ;
– fréquence ventilatoire accélérée (supérieure à 30 respirations par minute) ;
– pause ventilatoire (arrêt de la ventilation pendant au moins 10 secondes) ;
– personne déjà hospitalisée en service de réanimation pour le même problème.
La conduite à tenir
Installer la personne en position semi-assise ou assise, ce qui favorise le dégagement des voies aériennes. Rassurer le patient et l’aider à prendre son bronchodilatateur (bêta-2-mimétique d’action rapide et brève). Pour faciliter la prise du traitement, penser à utiliser une chambre d’inhalation.
Si la crise persiste plus de dix minutes, il s’agit d’une urgence. Appeler le 15. Le médecin régulateur du SAMU peut, si l’officine en dispose, demander de donner de l’oxygène à haut débit (15 l/min) en attendant les secours.
POUR APPROFONDIR : L’oedème de Quincke peut conduire à une détresse respiratoire
L’oedème de Quincke correspond à une réaction allergique dont la principale manifestation est une détresse respiratoire. Le contexte est souvent évocateur : piqûre de guêpe, médicament ou aliment allergisant.
Signes cliniques
L’oedème de Quincke se manifeste par une tuméfaction ferme, non érythémateuse, peu prurigineuse, responsable d’une sensation de tension cutanée. La réaction est due à une vasodilatation avec augmentation de la perméabilité capillaire consécutive à un afflux de médiateurs inflammatoires. L’oedème est localisé au niveau du visage, des paupières et du cou. L’oedème du larynx se manifeste par une gêne à la déglutition, une dysphonie, puis par une dyspnée. L’obstruction des voies respiratoires est l’urgence à traiter.
Conduite à tenir
L’oedème de Quincke peut être le signe inaugural d’un choc anaphylactique. Mettre la personne au repos en position assise ou semi-assise et alerter le SAMU.
L’adrénaline en injection intramusculaire (Anahelp, Anapen) est le traitement d’urgence de l’oedème de Quincke et du choc anaphylactique entraînant une détresse respiratoire.
EN PRATIQUE : LES DOULEURS THORACIQUES
AU COMPTOIR : « Mon mari a une douleur au niveau de la poitrine »
« Mon mari est là dans la voiture. Depuis quelques minutes, il ressent une forte douleur dans la poitrine qui irradie dans la mâchoire. C’est la première fois que cela lui arrive. Il est très angoissé. Il n’a pas de traitement à part du Tahor, mais par contre il fume beaucoup. Vous croyez que je dois l’emmener chez le médecin ? »
Votre réponse
« Non, je vais appeler directement le SAMU qui enverra une unité mobile hospitalière s’il suspecte un infarctus. En attendant, il faudrait desserrer son col de chemise et sa ceinture, et le laisser à demi-assis dans la voiture. Je vais aller avec vous. »
L’étiologie d’une douleur thoracique peut être extrêmement variée. La douleur peut provenir de la paroi thoracique, de l’oesophage, de la plèvre, de la trachée et des bronches. Mais, souvent, le coeur est l’organe en cause.
Quatre urgences vitales doivent être rapidement éliminées : la Péricardite aiguë, l’Infarctus du myocarde, l’Embolie pulmonaire et la Dissection aortique (à retenir par le mot « PIED »).
L’interrogatoire du patient par le pharmacien, afin de recueillir une description précise de la douleur, est une étape importante. Elle permet au médecin régulateur du SAMU d’orienter son diagnostic et d’envoyer des moyens de secours adaptés afin que le patient reçoive une prise en charge optimale.
L’infarctus du myocarde
L’infarctus du myocarde correspond à une nécrose d’une partie du muscle cardiaque, suite à une thrombose coronarienne aiguë.
– Les signes : le patient se plaint d’une douleur constrictive en étau ou en barre qui irradie vers les épaules, la mâchoire inférieure ou les avant-bras, avec une discrète prédominance à gauche. La douleur persiste au repos. Le patient est angoissé et son pouls est accéléré.
– La conduite à tenir : le risque vital impose une prise en charge médicalisée en urgence. L’objectif thérapeutique est l’ouverture de l’artère dans les plus brefs délais, soit par thrombolyse, soit par angioplastie. Il est déterminant d’appeler le SAMU le plus précocement possible car le pronostic vital en dépend. En attendant l’arrivée sur place de l’équipe médicalisée, le pharmacien peut administrer des dérivés nitrés d’action rapide (par exemple de la trinitrine sublinguale) si la pression systolique est supérieure à 120 mmHg. Le pharmacien doit obtenir l’accord du médecin régulateur. Le patient doit rester allongé, même pendant la prise de trinitrine. Si la pharmacie dispose d’oxygène, il peut être administré au patient en inhalation au masque à un débit de 10 à 15 litres par minute, sur indication du médecin régulateur du SAMU.
L’embolie pulmonaire
L’embolie pulmonaire est une obstruction brutale et soudaine de l’artère pulmonaire ou de l’une de ses branches, le plus souvent par un caillot sanguin.
– Les signes : la douleur est brutale, en coup de poignard, basithoracique, augmentée par les mouvements respiratoires et la toux. Elle s’accompagne d’une dyspnée, d’une angoisse et parfois d’une syncope. Le patient fait un malaise après un effort minime. Le contexte peut être évocateur face à une situation pouvant favoriser une thrombose veineuse des membres inférieurs. Un voyage en avion, un alitement prolongé, une intervention chirurgicale récente, le post-partum, l’association pilule et tabac constituent des facteurs de risque.
– La conduite à tenir : c’est une urgence qui peut être vitale. Le patient doit être mis au repos strict. Le SAMU doit être alerté immédiatement. Si la pharmacie dispose d’oxygène, il peut être administré au patient en inhalation au masque à un débit de 10 à 15 litres par minute.
La dissection aortique
Il s’agit de la déchirure d’un anévrysme aortique, développé dans l’épaisseur de la paroi artérielle aux dépens de la media, entre les tuniques interne et externe de l’aorte.
– Les signes : la douleur est très intense, d’installation brutale spontanée, sans rapport avec l’effort. Elle est prolongée, à type de déchirement, et irradie dans le dos.
Une hypertension artérielle ancienne mal contrôlée ou un syndrome de Marfan (affection du tissu conjonctif avec atteintes oculaires, squelettiques et cardiaques) sont des facteurs favorisants.
– La conduite à tenir : appeler le SAMU pour une prise en charge en réanimation chirurgicale spécialisée. En attendant, mettre la personne dans la position dans laquelle elle se sent le moins mal.
La péricardite aiguë
Affection inflammatoire du péricarde, la péricardite aiguë provoque une douleur brutale, très vive, dans un contexte fébrile.
– Les signes : la douleur est localisée en arrière du sternum. Elle irradie parfois vers le cou, l’épaule ou le bras gauche. Elle peut être confondue avec la douleur de l’angor, mais elle augmente à l’inspiration profonde, à la toux, et parfois à la déglutition. Elle est également accentuée par les changements de position et quand le patient est allongé sur le côté gauche. La douleur est calmée par l’antéflexion du tronc (attitude antalgique). Le terrain peut être évocateur lorsqu’il s’agit d’un sujet jeune qui se plaint d’une douleur thoracique dans un contexte d’infection virale.
– La conduite à tenir : il faut mettre le patient en position assise, penché en avant, ou l’allonger sur le côté droit. La douleur péricardique n’est pas sensible à la trinitrine. En revanche, elle est atténuée par la prise d’aspirine ou d’anti-inflammatoires. L’appel au centre 15 est nécessaire avant de donner tout traitement. Le patient sera hospitalisé pour une mise en route du traitement, un bilan et une surveillance. Le diagnostic repose sur l’ECG et l’échographie cardiaque.
L’angor stable
Syndrome caractérisé par des crises douloureuses paroxystiques constrictives, l’angor est dû à l’athérosclérose des coronaires qui induit une ischémie du myocarde.
– Les signes : la douleur est rétrosternale, constrictive, en étau ou en barre. Les irradiations sont caractéristiques, vers le bras gauche et dans la mâchoire inférieure. La douleur est déclenchée par l’effort et disparaît totalement après. La douleur est sensible à la trinitrine sublinguale. Souvent, le patient sait qu’il souffre d’angine de poitrine et a sur lui de la trinitrine en spray.
– La conduite à tenir : il faut installer le patient en position semi-assise pour éviter qu’il ne chute lors de la prise de trinitrine. Si le patient n’a pas son traitement sur lui, il peut réclamer une bouffée de dérivés nitrés (Natispray ou Lénispray).
Si la douleur cède, le patient sera orienté vers son médecin traitant. Si la douleur persiste, il faut considérer que c’est une menace d’infarctus et appeler le SAMU afin que le patient soit orienté vers un centre de cardiologie. Dans tous les cas, la correction des facteurs de risque cardiovasculaire modifiables (tabac, cholestérol, surpoids) est impérative.
POUR APPROFONDIR : Les défibrillateurs cardiaques
Fibrillation ventriculaire
L’automatisme cardiaque est dû à la dépolarisation organisée des cellules myocardiques, selon un « front de dépolarisation » qui progresse à l’intérieur du muscle.
En cas de souffrance cellulaire due à une ischémie aiguë (infarctus du myocarde), ce front de dépolarisation est perturbé. Les vitesses de conduction et les périodes réfractaires sont modifiées, entraînant la survenue de boucles de réentrée qui peuvent mener à une fibrillation ventriculaire.
Cette fibrillation est quasiment irréversible spontanément. Elle ne peut être stoppée que par le passage d’un courant électrique dépolarisant une masse suffisante de tissu myocardique pour casser le phénomène de réentrée, permettant ainsi à l’automatisme cardiaque normal de reprendre.
INSTALLATION DES ÉLECTRODES D’UN DÉFIBRILLATEURDéfibrillateurs semi-automatiques
Les défibrillateurs utilisent un courant suffisant pour dépolariser une masse critique de tissu sans créer de lésion cellulaire importante. Les défibrillateurs semi-automatiques peuvent être utilisés par des secouristes : il suffit d’appliquer les électrodes sur le thorax du patient. L’appareil analyse l’activité électrique cardiaque et conseille le choc si nécessaire, mais c’est le secouriste qui déclenche le défibrillateur.
EN PRATIQUE : LES ACCIDENTS VASCULAIRES CÉRÉBRAUX
AU COMPTOIR : « Pendant une heure, mon mari était incapable de marcher et de parler »
« Hier soir, mon mari ne pouvait plus marcher, même avec sa canne. Sa jambe ne répondait plus. Bizarrement, il avait aussi du mal à parler. Cela a duré une heure, puis tout est rentré dans l’ordre. Ce matin, il est en pleine forme, mais je suis inquiète. »
Votre réponse
« Cela ressemble fort à un déficit neurologique temporaire. Ce matin, votre mari a recouvré toutes ses facultés, mais il faut absolument comprendre pourquoi cela lui est arrivé. Un diagnostic s’impose et le plus vite possible. Je vais appeler le centre 15 du SAMU afin de contacter un médecin régulateur qui m’indiquera si votre mari doit être orienté immédiatement vers un service de soins. »
Tout déficit neurologique, même transitoire, d’installation soudaine doit être considéré comme un accident vasculaire cérébral (AVC). Lorsque les troubles ne persistent pas et régressent totalement, on parle d’accident ischémique transitoire (AIT). Dans les deux cas il s’agit d’une urgence. Il faut au plus vite organiser le transfert du patient vers une unité neurovasculaire.
L’accident ischémique transitoire
Définition
Classiquement, l’AIT est défini comme un déficit neurologique ou rétinien de survenue brutale, d’origine ischémique, dont les symptômes régressent totalement en moins de 24 heures.
Cette définition n’insiste pas sur la notion d’urgence. Une éventuelle récupération spontanée sous un délai de 24 heures peut inciter à attendre et, par conséquent, à retarder la prise en charge. De plus, certains épisodes transitoires s’accompagnent de lésions ischémiques (infarctus) à l’imagerie cérébrale. Il s’agit alors d’un accident vasculaire cérébral ischémique régressif.
– Une autre définition a été adoptée par l’ANAES dans son rapport sur la prise en charge diagnostique et le traitement immédiat de l’AIT de l’adulte (mai 2004) :
« Un AIT est un épisode bref de dysfonction neurologique dû à une ischémie focale cérébrale ou rétinienne, dont les symptômes durent moins d’une heure, sans preuve d’infarctus aigu. »
L’absence d’infarctus aigu (et donc d’AVC) est établie grâce à une exploration par imagerie cérébrale.
Les signes cliniques
Les signes de dysfonction neurologique peuvent être variés.
– Troubles du langage
-#gt; Une suspension de la parole (aphasie) ;
-#gt; un langage incompréhensible (jargonaphasie) ;
-#gt; des troubles de l’articulation (dysarthrie).
– Troubles moteurs
-#gt; Une paralysie du membre supérieur et inférieur du même côté (hémiplégie) ;
-#gt; un déficit localisé à un membre (monoparésie), parfois ressenti simplement comme un « bras lourd » ;
-#gt; une paralysie bilatérale.
– Troubles oculaires
-#gt; Une perte de vision d’un oeil (cécité monoculaire) ;
-#gt; une perte de vision dans un hémichamp visuel du même côté que l’hémiplégie (hémianopsie latérale homonyme) ;
-#gt; une perte de vision dans les deux hémichamps visuels (cécité corticale).
– Troubles sensitifs
-#gt; Des fourmillements, des picotements, des engourdissements des membres et/ou du visage.
La conduite à tenir
Il est recommandé de considérer l’AIT comme une urgence diagnostique et thérapeutique. Le risque de survenue d’un AVC est élevé (2,5 à 5 % dans les 48 heures). L’AIT impose une enquête étiologique rapide en vue d’un traitement adapté. Il faut le plus précocement possible appeler le SAMU afin que le patient soit orienté dans un service d’accueil des urgences ou dans une unité neurovasculaire où il lui sera pratiqué :
-#gt; une imagerie cérébrale (si possible une IRM avec séquence de diffusion ou, à défaut, un scanner cérébral sans injection de produit de contraste) ;
-#gt;un bilan étiologique (écho-Doppler, ECG et bilan biologique).
Le traitement médical est initié au plus vite. En l’absence de contre-indications et dans l’attente des résultats du bilan étiologique, le patient reçoit de l’aspirine à la dose de 160 à 300 mg/jour. Si l’IRM ou le scanner ne peuvent être réalisés en urgence, le traitement antiagrégant plaquettaire par aspirine peut quand même être instauré. Le groupe de travail de l’ANAES a estimé que cette attitude est favorable au regard du rapport bénéfice/risque.
L’accident vasculaire cérébral
Définition
L’accident vasculaire cérébral (AVC) est un déficit neurologique de survenue soudaine en relation avec une lésion du parenchyme cérébral par infarctus ou par hémorragie.
-#gt; 85 % des AVC sont ischémiques. Ils correspondent à un infarctus cérébral. Ils sont causés par le rétrécissement des artères du cerveau ou par des caillots (thrombi) qui bloquent le flux sanguin alimentant le cerveau.
-#gt; 15 % des AVC sont hémorragiques. Ils sont liés à une poussée hypertensive ou à une malformation cérébrale : 10 % sont causés par une hémorragie cérébrale et 5 % par une hémorragie méningée.
Selon l’ANAES, le terme « accident ischémique cérébral » regroupe les infarctus cérébraux et les AIT qui correspondent à une ischémie réversible dont les symptômes régressent en moins de 24 heures. Les AIT sont le meilleur signe avant-coureur de l’infarctus cérébral dont ils partagent les mécanismes et les causes.
Les signes
Ce sont les mêmes qu’en cas d’accident ischémique transitoire, mais ils persistent. Un accident déficitaire est constitué lorsque le déficit neurologique dure plus de 24 heures. Reste que le critère temporel ne peut être retenu. Ainsi, un déficit neurologique focalisé ou un trouble de la vigilance d’installation soudaine, rapide ou brutale doit être considéré comme un AVC. Seule l’imagerie cérébrale (IRM de diffusion ou scanner sans injection de produit de contraste) permet de conclure. L’AIT se distingue de l’AVC par une absence d’infarctus cérébral à l’image. Le diagnostic de la nature de l’AVC (ischémique ou hémorragique) repose également sur l’imagerie cérébrale.
La conduite à tenir
L’AVC est une urgence diagnostique thérapeutique. Il faut appeler le centre 15 du SAMU. Le transfert du patient à l’hôpital doit être organisé le plus vite possible car les résultats de la prise en charge en dépendent. Idéalement, le patient sera orienté directement dans une unité neurovasculaire.
La prévention
Le principal facteur de risque de l’accident vasculaire cérébral est l’hypertension artérielle qu’il faut donc traiter efficacement. Il faut inciter les patients à contrôler leur tension au minimum une fois par an. Diabète et hypercholestérolémie doivent également être surveillés et traités. Au quotidien, marcher 30 minutes par jour, arrêter de fumer, surveiller son équilibre alimentaire et ne pas resaler les aliments à table sont les conseils essentiels.
POUR APPROFONDIR : Le diagnostic étiologique des AVC
Etiologies
Le diagnostic étiologique d’un accident ischémique cérébral (AVC ou AIT) est une étape fondamentale qui conditionne la prise en charge immédiate et la prévention secondaire. De nombreuses pathologies peuvent être à l’origine d’un accident ischémique cérébral (méningite bactérienne, sida, infarctus du myocarde antérieur récent…). Mais trois causes dominent par leur fréquence, représentant environ deux tiers des accidents ischémiques cérébraux (AIC).
– L’athérosclérose : c’est cause la plus fréquente, atteignant principalement les artères de gros et moyen calibre.
– La lipohyalinose : il s’agit d’une microangiopathie qui touche les artères perforantes de quelques centaines de micromètres de diamètre. L’occlusion de ces artères est responsable des lacunes cérébrales.
– Les embolies d’origine cardiaque : la fibrillation auriculaire est la cardiopathie la plus souvent en cause, suivie par les cardiopathies ischémiques et les valvulopathies.
Bilan d’un AIC
L’enquête étiologique doit être pratiquée dans les meilleurs délais (sous 48 heures). Elle s’appuie sur l’interrogatoire, l’examen clinique (auscultation, pression artérielle) et, surtout, sur les examens complémentaires. Un ECG doit être réalisé dès l’admission du patient. Les méthodes d’exploration par les ultrasons (écho-Doppler, Doppler transcrânien) constituent l’examen de première intention pour détecter des lésions artérielles pouvant affecter la circulation cérébrale. L’ANAES préconise également de faire un bilan biologique minimal : ionogramme sanguin, NFS, VS, créatininémie, glycémie, cholestérol total, taux de prothrombine afin de dépister une affection pouvant se compliquer d’un AIC, de faire un bilan des facteurs de risque et de rechercher d’éventuelles contre-indications aux traitements.
EN PRATIQUE : LES DOULEURS ABDOMINOPELVIENNES
AU COMPTOIR :« J’ai très mal dans le bas ventre »
« J’ai des douleurs dans le bas ventre, juste d’un côté. J’ai eu mes règles aujourd’hui, avec quelques jours de retard, mais je saigne très peu et c’est de couleur très foncée, pas comme d’habitude. Il me faudrait quelque chose de très fort contre la douleur. »
Votre réponse
« Les signes que vous me décrivez me font penser à ceux d’une grossesse extra-utérine. Il faudrait faire un test de grossesse. S’il est positif, vous devez consulter immédiatement un gynécologue. »
A l’évocation de douleurs au ventre, il faut distinguer, les douleurs abdominales des douleurs pelviennes. Elles peuvent avoir des étiologies diverses. Il convient alors d’identifier le siège de la douleur et sa manifestation (crampes, brûlures, coup de poignard, etc.), les circonstances de survenue et les signes de gravité pour orienter au mieux le patient.
La dysménorrhée primaire de l’adolescente
– Les signes cliniques
Les dysménorrhées sont des douleurs pelviennes précédant ou accompagnant les règles. La jeune fille se plaint de douleurs au niveau du bassin (douleurs pelviennes) irradiant dans le dos et les cuisses. La douleur est spasmodique, à type de colique utérine. Elle est accompagnée d’un cortège de signes digestifs et neurotoniques : nausées, parfois vomissements, diarrhées, céphalées, vertiges voire pertes de connaissance.
La dysménorrhée primaire est la plupart du temps fonctionnelle. Elle signe un cycle ovulatoire.
– La conduite à tenir
Le traitement symptomatique (anti-inflammatoire non stéroïdien type ibuprofène + antispasmodique) est suffisant.
La dysménorrhée secondaire de la jeune femme
– Les signes cliniques
La dysménorrhée survient à un moment quelconque de la vie génitale d’une femme antérieurement bien réglée. Une dysménorrhée secondaire est généralement organique et apparaît le deuxième ou le troisième jour des règles. Elle constitue un symptôme qui est l’expression d’une pathologie gynécologique sous-jacente (endométriose, adénomyose…).
– La conduite à tenir
La jeune femme doit être orientée vers une consultation gynécologique.
Les coliques néphrétiques
– Les signes cliniques
La personne se plaint d’une douleur abdominale très violente. Le siège de la douleur est unilatéral, en coup de poignard, dans la fosse lombaire, avec irradiation descendante. La douleur est liée à la distension de l’appareil urinaire. Les manifestations se déclenchent souvent après un long voyage.
L’immobilisation prolongée, la déshydratation et les secousses provoquent une crise de douleur aiguë. L’agitation frénétique du patient est un signe d’accompagnement évocateur. Le patient ne trouve pas de position antalgique, il se tord de douleur.
– La conduite à tenir
Il faut mettre la personne au repos (en position allongée), prendre sa température et administrer un antalgique (aspirine ou paracétamol) et un spasmolytique (phloroglucinol). Il faut la rassurer et contacter son médecin traitant. La colique néphrétique devient une urgence médicale chez une femme enceinte ou si la douleur s’accompagne d’une fièvre (supérieure à 38° C). Il faut alors appeler le centre 15 du SAMU.
L’ulcère gastroduodénal
– Les signes cliniques
Le patient présente une douleur typique à l’estomac, dans le creux épigastrique. Elle se manifeste par des crampes postprandiales qui surviennent une à trois heures après les repas et sont calmées par une prise alimentaire. Il s’agit le plus souvent d’une douleur périodique qui revient à intervalles réguliers dans l’année.
Parfois, l’ulcère peut entraîner des brûlures, des nausées ou des vomissements. Les complications de l’ulcère sont l’hémorragie ou la perforation de la paroi digestive. Les signes de gravité se manifestent par de violentes douleurs en coup de poignard, rapidement suivies par un malaise général et des vomissements.
– La conduite à tenir
Le patient doit être orienté vers une consultation médicale en vue d’une fibroscopie. C’est l’examen de référence pour le diagnostic de l’ulcère. En attendant, on peut conseiller un pansement gastrique (Maalox, Phosphalugel…) ou un antisécrétoire gastrique (Pepcidac, Stomédine…). En présence de signes de gravité (douleurs violentes en coup de poignard suivies d’un malaise général et de vomissements), l’appel au centre 15 du SAMU doit être immédiat.
La pancréatite aiguë
– Les signes cliniques
Les douleurs abdominales sont brutales, d’intensité croissante. Le siège est souvent épigastrique. L’étendue des irradiations est variable : l’irradiation transfixiante dans le dos est la plus caractéristique. Les nausées et les vomissements sont très fréquents.
La position antalgique en chien de fusil est évocatrice ainsi que les circonstances de survenue : alcoolisme chronique ou lithiase biliaire chez un homme âgé de plus de cinquante ans.
– La conduite à tenir
Le patient doit être pris en charge médicalement et de toute urgence au cours des 48 premières heures suivant la crise.
La crise d’appendicite
– Les signes cliniques
Le patient se plaint d’une vive douleur abdominale qui s’accentue lors des mouvements. Elle impose l’arrêt de toute activité. Le siège de la douleur est d’abord épigastrique puis elle se localise dans la fosse iliaque droite. La douleur est accompagnée de nausées et de vomissements.
Les signes généraux sont une température aux alentours de 38 °C et une discrète tachycardie. Une fièvre élevée et des frissons constituent des signes de gravité.
– La conduite à tenir
Le patient doit être orienté sans hésitation vers une consultation médicale en urgence.
Il ne faut pas donner d’antalgiques. Ils pourraient masquer les signes cliniques, rassurer à tort le patient et par conséquent retarder le traitement chirurgical.
La pose d’une vessie de glace sur l’abdomen peut suffire à calmer la douleur. Le patient doit rester strictement à jeun.
POUR APPROFONDIR : La grossesse extra-utérine
Définition
La grossesse extra-utérine (GEU) ou nidation ectopique est l’implantation et l’évolution de l’oeuf en dehors de la cavité utérine. Cet événement est grave puisqu’il met en jeu la fertilité de la femme et parfois même son pronostic vital. Le nombre de grossesses extra-utérines est estimé à 15 000 par an en France, soit 2 % des grossesses.
Anatomie
La majorité des grossesses extra-utérines se développe dans la trompe de Fallope (grossesses tubaires). La trompe n’est pas adaptée au développement de l’oeuf et du placenta. Fragilisée, elle peut se rompre et provoquer une hémorragie abdominale cataclysmique. Il est donc essentiel de faire le diagnostic avant la rupture.
Les facteurs de risque
– Les antécédents de salpingites
C’est le principal facteur de risque. Les séquelles de salpingites sont à l’origine de plus de 50 % des grossesses extra-utérines. Après le stade d’inflammation aiguë lié à l’infection, se produit un phénomène de cicatrisation avec fibrose responsable d’adhérences tubaires. Le risque augmente avec le nombre d’épisodes infectieux.
– Les antécédents de chirurgie tubaire ou pelvienne
Ces interventions sont susceptibles de créer des adhérences pelviennes ou des lésions tubaires qui deviennent un obstacle mécanique à la migration de l’oeuf dans la trompe.
– Les traitements d’induction de l’ovulation
Le risque relatif de grossesse extra-utérine est multiplié par 10 chez ces patientes. Les inducteurs de l’ovulation entraînent une hyperestrogénie qui diminue la mobilité tubaire.
– La fécondation in vitro et la réimplantation embryonnaire
5 % des grossesses obtenues par FIV sont des grossesses extra-utérines.
– Le tabagisme
Le tabagisme au moment de la conception augmente le risque de grossesse extra-utérine, avec un effet dose-dépendant. Le risque est multiplié par un facteur d’environ 1,5 pour les fumeuses de 1 à 9 cigarettes par jour, par 2 pour 10 à 19 cigarettes par jour et par 2,5 au-delà. En cause, un probable effet toxique qui altérerait la mobilité tubaire et la fonction ciliaire de la trompe.
La conduite à tenir
Chez une femme en âge de procréer, toute douleur du bas ventre, en particulier en cas de retard des règles, ou tout saignement vaginal anormal, surtout s’il y a un retard de règles, doit faire évoquer une grossesse extra-utérine et entraîner une consultation gynécologique. En présence de signes de gravité (malaise, pâleur, pouls rapide, abdomen gonflé et douloureux), l’appel au SAMU doit être immédiat.
COMMUNIQUEZ ! LES MALAISES À L’OFFICINE
RÉALISEZ VOTRE VITRINE : Connaître par coeur les numéros d’urgence, ça peut servir !
Le concept
#gt; L’événement : l’urgence
#gt; Le message : il est impératif de connaître le numéro à composer en cas de malaise
#gt; La couleur : rouge et blanc
Les slogans
#gt; « Urgence ? Les numéros qui sauvent »
#gt; « Ces numéros peuvent vous sauver »
#gt; « Les numéros de la vie »
Les fournitures
– Téléphone de récupération
– Deux panneaux de 60 cm x 1,50 m
– Carton
– Papier rouge
– Lettres adhésives
– Feuilles A4 et/ou A3
Plan de la vitrine
Cette vitrine se compose simplement de deux panneaux blanc de 60 cm x 1,50 m et d’un plot pour y poser un téléphone.
Mise en place d’un élément du décor
Si vous ne disposez pas de plot, récupérez un carton de format adéquat et peignez-le à la bombe ou recouvrez-le de papier rouge. Inscrivez le slogan au pochoir ou à l’aide de lettres adhésives. Les chiffres 15 et 112 à coller sur les panneaux sont à imprimer sur une feuille au format A4. Vous pouvez même les agrandir au format A3.
DES CONSEILS POUR VOTRE RAYON : Profiter de tous les supports de communication
C’est vrai, il n’y a rien à vendre. Mais il y a tout à apprendre aux patients. Les messages d’attente diffusés sur les écrans plasma ou la rédaction de fiches conseils peuvent aussi servir à cela.
Une fiche pour chaque cas
Au sujet des malaises, la fiche informe sur le trouble et sur la conduite à tenir (le propos doit notamment inciter à consulter si nécessaire). Autre but très important : éviter l’apparition des troubles grâce aux conseils prodigués. Pour ne pas inquiéter et éviter d’éventuelles confusions, les fiches ne seront pas laissées à libre disposition mais seront proposées en fonction des ordonnances (pour un patient diabétique, la fiche concernant les malaises hypoglycémiques, celle traitant des malaises respiratoires pour les asthmatiques, celle sur les douleurs thoraciques à un hypertendu…). Il est donc préférable de rédiger une fiche pour les malaises les plus fréquents : malaise vagal, hypoglycémie, douleur thoracique, malaises respiratoires, coup de chaleur. L’architecture reste la même, seul le contenu diffère.
Le ton est simple, clair et rassurant. La fiche doit aborder les symptômes, les causes ou facteurs déclenchants, la conduite à tenir et, éventuellement, une brève explication de ce qui se passe au niveau biologique et physiologique. Le texte est court (demi-A4 recto verso) et la mise en forme aérée. Privilégiez un vocabulaire simple, compréhensible de tous (les termes médicaux sont à proscrire), sans ambiguïté. La forme « question-réponse » est particulièrement adaptée.
Pensez également à faire ressortir les critères d’urgence qui nécessitent de consulter ou d’appeler le 15.
Savoir profiter des écrans multimédias
Les espaces de vente sont de plus en plus nombreux à disposer d’écrans plasma. Ces outils d’information personnalisables peuvent faire connaître aux clients qui attendent ou se déplacent dans l’officine les signes d’alerte de l’infarctus ou les informer du risque d’hypoglycémie en cas de diabète.
Proposez à intervalles réguliers (pendant au moins un mois) un message fort comme : « Douleur dans la poitrine durant plus d’un quart d’heure ? Sauvez votre vie, faites le 15. »
Offrez la possibilité d’en parler au comptoir. Le bandeau, au bas de l’écran, peut être incitatif : « Parlez-en à votre pharmacien. »
LES MOTS POUR CONVAINCRE : Pas de panique, vous prenez la situation en main
Le malaise est l’une des situations les plus pénibles à gérer, avec sa succession d’événements plus ou moins contrôlés. L’image de l’officine peut en sortir grandie ou écornée.
Une équipe bien rodée
Mieux vaut prévoir l’imprévu. Les premiers secours doivent être confiés à un ou deux membres dédiés de l’équipe qui savent et ne dédaignent pas effectuer ces gestes. Dès qu’un problème survient, pas de stress inutile puisque l’équipe sait qui va intervenir. Avant de s’enquérir du blessé, il est important que le « secouriste » demande l’accord du client qu’il est en train de servir : « Excusez-moi, je crois que l’on va avoir besoin de moi. Puis-je me permettre de vous laisser avec … ? » Ensuite, ce que l’on fait doit être en relation avec ce que l’on dit. Il faut savoir se presser avec lenteur : pas de gestes trop brutaux, pas de débit vocal trop rapide, pas de cris, bref pas de panique. La force d’une situation bien préparée réside dans ces détails : les choses doivent donner l’impression d’être parfaitement sous contrôle pour laisser le minimum de prise au flottement que ne manquerait pas de percevoir la clientèle.
Des clients à rassurer
« Expliquer » est le maître mot de la relation avec les patients. Ce rôle n’est pas endossé par celui qui prodigue les premiers soins mais par tous les autres membres de l’équipe. Expliquer diminue la tension nerveuse. Si la situation est dramatique, il ne faut pas hésiter à faire sortir les gens, car la vision d’une situation violente peut avoir des répercussions psychologiques importantes, notamment pour les enfants. Cela permet aussi de préparer l’arrivée des secours. Un simple « Il faut que vous partiez » n’est pas acceptable. Les clients peuvent comprendre que la situation nécessite d’être gérée en leur absence, à condition de leur expliquer : « Le cas nécessite des soins particuliers. Nous allons appeler les secours. Vous comprendrez aisément que cela requiert un maximum de tranquillité. »
Une fois les personnes dehors, un membre de l’équipe doit rester à la porte pour expliquer pourquoi personne ne peut entrer : « Pour le bien du patient, nous préférerions que vous repassiez un peu plus tard car nous avons besoin d’effectuer certains gestes. Nous avons appelé les secours. Je vais m’occuper de votre dossier. Pouvez-vous revenir dans une heure ? »
Des proches à impliquer
Excepté s’il est très âgé, le proche est à inscrire dans la démarche de secours. Il ne doit en aucun cas croire qu’il est totalement inutile. On peut lui donner une « activité » : « Pouvez-vous me tenir ceci ? » On doit lui expliquer ce que l’on est en train de faire : « Voilà ce que l’on va faire. Je préférerais néanmoins appeler les secours car il me semble que… »
DOCUMENTEZ-VOUS
FORMATION
Urgences à l’officine : l’essentiel des gestes d’urgence en pharmacie
Faculté de pharmacie de Paris-V. Renseignements : 01 53 73 97 98
Cette formation d’une journée s’adresse aux pharmaciens et aux préparateurs ayant déjà suivi un enseignement de secourisme et souhaitant se recycler. A partir d’études de cas et de mises en situation, cet enseignement rappelle les conduites à tenir face aux urgences vitales et à différents types de malaises.
INTERNET
Docteur Clic
Ce site grand public, conçu par des médecins et validé par l’association Armel (Association pour la réponse médicale en ligne) contient une rubrique « Urgence » qui donne des conseils pratiques à appliquer en cas de malaise, perte de connaissance, convulsions, intoxication, plaie, saignement, etc. Elle enseigne également quelques gestes de premiers secours comme la manoeuvre de Heimlich ou le massage cardiaque.
LIVRES
L’urgence à l’officine
Philippe Bertrand, Jean-Marc Agostinucci, Aïssam Aimeur, éditions Pro-Officina
Corédigé par des médecins praticiens du SAMU 93 et par un pharmacien moniteur de premiers secours, cet ouvrage répertorie les situations d’urgence auxquelles peut être confrontée une équipe officinale. Pour chaque urgence, quels sont les signes de gravité à identifier ? Quelle est la conduite à tenir ? Quels sont les pièges à éviter ? Autant de réponses qui permettent en situation de mettre en oeuvre l’attitude appropriée à l’urgence.
Les quatre questions à poser
Face à un malaise sans perte de conscience, mettre la victime au repos, dans la position où elle se sent le mieux. Rassurer la victime et lui demander :
-#gt; « Depuis combien de temps vous sentez-vous mal ? » Indications sur la durée du malaise.
-#gt; « Est-ce la première fois que vous faites un malaise ? » Indications sur la fréquence des malaises.
Ü « Prenez-vous des médicaments ? » Indications sur le traitement médical en cours : antidiabétiques, antivertigineux, médicaments contre l’angine de poitrine, sédatifs… Si la victime prend habituellement un médicament pour ce type de malaise, et que ce médicament lui a été prescrit par son médecin traitant, il faut faciliter sa prise.
-#gt; « Avez-vous déjà été hospitalisé ? » La victime donnera des indications sur son état de santé. Ce renseignement ne sert pas directement au pharmacien mais au médecin qui va intervenir à distance par téléphone.
La crise de spasmophilie
L’environnement est un facteur déclenchant. Une ambiance anxiogène, une contrariété, une situation conflictuelle ou un lieu public bondé peuvent provoquer une crise dans un contexte psychologique particulier (anxiété, stress). La personne présente une impression d’étouffement avec angoisse. Les signes caractérisent une hyperexcitabilité nerveuse et musculaire :
-#gt; respiration superficielle et accélérée : hyperventilation ;
-#gt; douleurs musculaires ;
-#gt; fourmillements, avec engourdissement des extrémités ;
-#gt; contractures musculaires (« main d’accoucheur » et pied en extension).
Face à ce type de crise, il faut :
-#gt; isoler la victime, au calme, dans une pièce peu éclairée ;
-#gt; rassurer la victime pour la faire respirer calmement et faire diminuer la fréquence de la ventilation, tout en lui expliquant ce que l’on fait ;
-#gt; pratiquer les manoeuvres d’hypercapnie avec un sac papier ou avec les mains (mettre les mains en coupe) : faire respirer la victime en circuit fermé dans un sac pendant trois secondes à une minute. Cette manoeuvre a pour but d’augmenter le taux de CO2 dans le sang, ce qui modifie l’acidité du sang et procure un effet décontracturant, et de contrôler l’hyperventilation.
Les signes de l’hypoglycémie
L’hypoglycémie se manifeste par des signes assez caractéristiques :
-#gt; sueurs, pâleur ;
-#gt; tachycardie ;
-#gt; sensation de faim douloureuse ;
-#gt; asthénie, bâillements ;
-#gt; vertiges, céphalées ;
-#gt; sensation de vide intérieur, jambes en coton ;
-#gt; difficultés d’élocution ;
-#gt; troubles visuels ;
-#gt; troubles du comportement pouvant se manifester par une nervosité ou une agressivité inhabituelle.
Une chambre d’inhalation de fortune
A défaut de disposer d’une chambre d’inhalation, il est très simple d’en improviser une avec les moyens du bord. Il suffit d’une bouteille en plastique dont on incise le fond pour obtenir un orifice permettant d’insérer le flacon.
Placer le goulot de la bouteille dans la bouche du patient et, d’emblée, nébuliser dix bouffées de Ventoline à travers la fente.
Il n’y a aucun risque de surdosage.
30 000 morts subites d’infarctus
L’incidence de l’infarctus du myocarde s’élève à 120 000 cas par an en France.
-#gt; Environ 60 000 sont hospitalisés.
-#gt; 30 000 sont diagnostiqués à distance.
-#gt; 30 000 se révèlent par une mort subite inaugurale.
L’infarctus du myocarde est responsable de 10 à 12 % de la mortalité totale annuelle chez l’adulte.
Les AVC en chiffres
Dans les payés industrialisés, les AVC représentent la troisième cause de mortalité après les cardiopathies et les cancers et la première cause de handicap non traumatique de l’adulte. En France, 169 843 AVC ischémiques et hémorragiques, incluant les accidents ischémiques transitoires, ont été recensés par le Programme de médicalisation des systèmes d’information en 1999. L’âge moyen de survenue est de 73 ans, mais 5 à 6 % des patients ont moins de 55 ans. Les AVC représentent un problème majeur de santé publique. La réduction de la fréquence et de la sévérité des séquelles fonctionnelles associées aux AVC est un objectif inscrit dans la loi de santé publique du 9 août 2004 (Journal officiel du 11 août 2004).
Sensibiliser le public
Le grand public doit être sensibilisé afin d’apprendre à reconnaître les signes d’appel d’un AIT ou d’un AVC. Ces deux événements sont des urgences médicales.
Les 5 signes d’alerte sont :
-#gt; une faiblesse ou un engourdissement soudain de la face, du bras ou de la jambe d’un côté du corps ;
-#gt; une diminution ou une perte de la vision d’un oeil ;
-#gt; une perte soudaine de la parole ou une difficulté pour parler ou comprendre ce qui est dit ;
-#gt; un mal de tête sévère, soudain et inhabituel, sans cause apparente ;
-#gt; une instabilité de la marche inexpliquée ou une chute soudaine, en particulier en association avec l’un des symptômes précédents.
Par an, 300 000 appendicectomies
La crise d’appendicite est une inflammation de l’appendice vermiculaire, fréquente chez l’adolescent et l’adulte jeune, se traduisant par un syndrome douloureux fébrile de la fosse iliaque droite. L’appendicectomie est l’intervention la plus pratiquée en France chaque année (300 000). Les complications sont la péritonite localisée ou généralisée, l’abcès appendiculaire, appendicite toxique, entraînant une mortalité de 0,04 à 0,13 %.
Il n’existe pas de test diagnostique idéal : 20 % des patients ayant une véritable appendicite aiguë n’ont pas eu le bon diagnostic initial et 40 % des patients diagnostiqués comme ayant une appendicite aiguë n’en ont pas réellement une.
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