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Épisode 27 Du Rhophylac pour Mylène
Mylène Martin débute son sixième mois de grossesse. Elle explique à Laure, sa meilleure amie, à quoi correspond un test négatif de recherche d’agglutinines irrégulières.
Dimanche 28 mai
A la piscine
– Mylène Martin : Ah, voilà ma psychologue préférée !
– Laure : Alors, comment vas-tu ?
– Un peu mal au dos par moment, mais ça va. Et à la piscine, j’oublie tout.
– Tu ne fais pas encore une infection urinaire ?
– Non, non, je fais des contrôles tous les mois. Le plus éprouvant, ce sont toutes ces prises de sang.
– Ah ma pauvre…
– Et ce mois-ci j’ai un bonus ! Une nouvelle recherche d’agglutinines irrégulières juste avant une injection de médicament.
– Ça me parle vaguement, j’ai une réminiscence de mes cours de première année de médecine. Mais tu sais que ça n’a pas vraiment été ma tasse de thé ! De quoi s’agit-il déjà ?
– Une histoire de groupe sanguin. Comme je suis Rhésus négatif et Jeff Rhésus positif, on ne sait pas si le bébé est Rhésus positif ou négatif. Il faut donc surveiller l’apparition de ces fameuses agglutinines. Si j’ai bien compris, si du sang du bébé passe dans ma circulation, je vais fabriquer des anticorps contre le bébé.
– Ah oui, je me souviens. Si tu veux un autre enfant par la suite et qu’il est Rhésus positif, tu risques de le rejeter, comme un microbe !
– Exactement ! Donc le premier test avait été fait au début de la grossesse, c’était bien négatif. Et je dois en faire un second cette semaine. La gynécologue m’a prescrit une injection pour éviter que je fabrique les anticorps, au cas où. C’est systématique apparemment.
– C’est si fréquent ce problème ?
– Plus maintenant apparemment grâce à ces fameuses injections. La gynéco m’a expliqué que le troisième trimestre était plus propice à de petites hémorragies foeto-maternelles invisibles. Il y a aussi un risque à l’accouchement si j’ai bien compris.
Quelques jours plus tard
A la pharmacie
– M. Galien : Emma, Mylène Martin vient de déposer une ordonnance un peu spéciale.Veux-tu t’en charger ?
– Emma l’étudiante :Euh.. d’accord. Elle a l’air pourtant bien classique cette ordonnance. Ni sécurisée, ni d’exception. Ou alors, il y a une erreur de prescription…
– Alors connais-tu ce médicament ?
–Rhophylac… oui un prof en a parlé. C’est un médicament dérivé du sang utilisé en prévention de l’allo-immunisation fœtomaternelle chez les femmes Rhésus négatif, ce qui peut arriver en cas d’hémorragies fœtomaternelles. Le professeur nous avait parlé de l’accouchement surtout.
– Effectivement, les hémorragies fœtomaternelles peuvent aussi survenir de façon spontanée pendant toute la grossesse, mais également en cas d’IVG, de fausse couche, d’amniocentèse, de traumatisme abdominal, etc… Une injection de Rhophylac peut donc être préconisée tout au long de la grossesse. Mais il y a aussi une prévention systématique à la 28e semaine d’aménorrhée.
–C’est le cas de Mylène Martin.
– Exactement. Connais-tu les risques en cas d’allo-immunisation ?
–C’est pour le bébé suivant surtout il me semble.
– Oui, mais pas que. Les anticorps anti-D passent la barrière placentaire et détruisent les globules rouges du fœtus induisant une anémie hémolytique grave. Dans les formes graves, elle peut entraîner un œdème généralisé et le décès du fœtus. Après la naissance, il peut également y avoir des séquelles : la destruction des globules rouges se poursuivant, il y a libération de bilirubine toxique à l’origine d’un ictère ou d’une jaunisse, voire d’une toxicité pour le cerveau du bébé en l’absence de traitement. Mais tu as raison, c’est généralement plutôt pour une seconde grossesse que le problème se pose. Car en cas d’immunisation en fin de grossesse, la quantité d’anti-D synthétisée par la mère reste faible.
–Mieux vaut tout de même prévenir que guérir.
-Je te laisse commander le produit et prendre en charge le dossier. Tu connais la procédure ?
–Je crée le dossier comme d’habitude et j’enregistre en plus la dispensation dans le registre spécial des médicaments dérivés du sang.
– Tu écriras au crayon à papier par contre. Je vérifierai et inscrirai les mentions au stylo, car la transcription doit impérativement être réalisée par un pharmacien. Tu dois pouvoir trouver toutes les informations nécessaires dans le dossier de la patiente, pour sa date de naissance, son adresse, etc… J’inscrirai en plus le numéro de lot et le nom du laboratoire lors de la réception du produit.
–Et on y ajoutera l’étiquette.
– C’est bien cela. Au fait, une dernière colle, sais-tu combien de temps on doit conserver l’ordonnance et le registre ?
–Pour l’ordonnance, je crois qu’il n’y a pas de conditions. Et le registre, 40 ans il me semble.
– C’est exact.
Nous remercions le D r Brice Le Taillandier pour son aimable relecture. Sources : « Prévention de l’allo-immunisation anti-RhD », juin 2006, cngof.asso.fr ; « Grossesse et groupe Rhésus D », document d’information pour les femmes enceintes, CNGOF-CNRHP-SFMP, juin 2006 ; Meddispar ; Recommandations professionnelles « Suivi et orientation des femmes enceintes en fonction des situation à risque identifiées » de la HAS, mai 2016 ; « Grossesse normale », D r Pierre Delorme, D r Elie Azria, La revue du praticien, Vol. 65, octobre 2015.
À RETENIR
• Durant la grossesse, il existe un risque d’allo-immunisation fœtomaternelle Rhésus D lorsque la mère est Rhésus D négatif et que le bébé a hérité du groupe Rhésus D positif de son père. Concrètement, le passage du sang du bébé dans la circulation maternelle peut conduire à la production d’anticorps anti-Rhésus D par le système immunitaire maternel.
• Les anticorps anti-Rhésus D vont entraîner la destruction des globules rouges du fœtus et conduire à une anémie. Un œdème généralisé peut survenir dans les formes graves et conduire au décès du fœtus.
• Après la naissance, la destruction des globules rouges se poursuit, libérant de la bilirubine qui provoque chez l’enfant une jaunisse ou un ictère, voire une toxicité pour le cerveau.
• Des hémorragies fœtomaternelles à l’origine de l’allo-immunisation peuvent survenir de façon spontanée au cours de la grossesse (notamment au 3e trimestre) et à l’accouchement. Elles peuvent également être provoquées en cas d’IVG, de fausse-couche, de geste obstétrical (amniocentèse, cerclage du col utérin), de saignements génitaux ou de traumatisme abdominal.
• La recherche d’agglutinines irrégulières permet d’évaluer si une allo-immunisation s’est produite.
• En prévention de l’allo-immunisation fœtomaternelle, une dose d’immunoglobulines anti-D (Rhophylac 300 µg) est administrée de façon systématique à 28 semaines d’aménorrhée. Une dose de Rhophylac 200 µg est préconisée en prévention ciblée dans les 72 heures suivant l’accouchement ou en cas de fausse couche, IVG, cerclage, métrorragies, amniocentèse…
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