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Cambriolages : s’en prémunir haut la main
Le nombre de cambriolages et de vols à l’étalage en officine a été multiplié par quatre ces cinq dernières années. Comment se protéger contre ce risque ? Vers qui se tourner après avoir été cambriolé ? Quelles sont les mesures prises par l’Ordre pour lutter contre ce phénomène inquiétant ? Solutions pour agir au casse par casse.
Titulaire de la pharmacie Larché-Noël à Savonnières, dans la grande banlieue de Tours (Indre-et-Loire), Annick Larché se souviendra longtemps de cette nuit du 21 au 22 février 2022. « J’ai été réveillée vers 3 heures du matin par un appel de la société de télésurveillance, raconte la pharmacienne. Au bout du fil, l’opérateur m’annonce que deux individus sont en train de cambrioler l’officine. » Pour pénétrer dans la pharmacie, les voleurs ont enlevé, à l’aide d’un pied-de-biche, le joint d’une petite vitrine qu’ils ont ensuite brisée. « En regardant les images des caméras, on s’aperçoit que tout va très vite, confie Annick Larché. Entre le moment où l’alarme se déclenche et celui où ils prennent la fuite, il se passe moins de 5 minutes. Le premier individu s’est occupé de vider les trois tiroirs-caisses pendant que l’autre retournait en vain mon bureau en espérant trouver le coffre. Finalement, ils ne nous ont pris que 200 €, mais ont causé plus de 2 000 € de dégâts. »
Les cambriolages et les vols à l’étalage en pharmacie sont devenus monnaie courante. « En cinq ans, leur nombre a été multiplié par quatre. Nous sommes passés de 42 en 2017 à 160 en 2021, avec un pic à 274 en 2020 pendant la pandémie de Covid-19. La tendance est donc inquiétante, et nous sommes probablement loin de la réalité puisqu’un tiers seulement des cambriolages nous sont signalés », souligne Alain Marcillac, référent sécurité du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (Cnop).
Dans 72,5 % des cas, ils se produisent lorsque l’officine est fermée. Deux fois sur trois, l’argent est le mobile ; le vol de produits de parapharmacie, de médicaments stupéfiants, antalgiques ou pouvant faire l’objet d’un usage détourné, d’ordinateurs ou de matériel informatique arrive loin derrière dans les motivations des malfaiteurs.
Des référents sécurité
Face à la montée régulière des cambriolages et des agressions, le Cnop a désigné dans chaque département un conseiller ordinal référent sécurité. Les coordonnées de ces référents sont accessibles sur son site. « Ils ont pour mission de recueillir les doléances du terrain, d’accompagner les pharmaciens dans leur dépôt de plainte, et de piloter les actions judiciaires de l’Ordre quand celui-ci décide de se constituer partie civile, ce qui est systématiquement le cas lorsqu’il y a atteinte au pharmacien ou menaces de mort », rappelle Alain Marcillac. Ils sont par ailleurs les interlocuteurs privilégiés des correspondants sûreté que l’on trouve au sein de la police et de la gendarmerie dans chaque département. « Le correspondant sûreté est la première personne que le titulaire doit contacter pour toute question liée à la sécurité de son officine, explique le référent sûreté de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne. Il a en effet été formé pour réaliser des consultations de sûreté gratuites et orienter vers des dispositifs efficaces. » Pour le solliciter, il faut demander ses coordonnées au conseiller ordinal référent sécurité.
En région, les conseils régionaux, les Crop, se sont aussi emparés du sujet. A Paris et dans sa petite couronne, le Crop Ile-de-France collabore avec la préfecture de police de Paris sur le site internet Cespplussur (Commerçants, entreprises, sociétés professionnels, professions libérales, usagers en sûreté)
Trois cercles de défense
Lorsqu’il réalise des audits de pharmacie, le référent sûreté distingue trois cercles de défense. « Il convient d’abord de s’intéresser à la périphérie de l’officine, conseille-t-il. Si vous avez repéré sur la voie publique une grille au pied d’un arbre ou une petite bouche d’égout qui peuvent être utilisées pour briser la vitrine, il faut demander aux services municipaux de les sceller au sol. Lorsque l’officine est située dans un immeuble d’habitation, assurez-vous auprès du syndic qu’un éventuel accès par la porte principale ou par les caves est bien sécurisé. » Le deuxième cercle de défense concerne la périmétrie. « Il faut pratiquer un état des lieux de tous les ouvrants, sans oublier un éventuel accès par le sous-sol, puis installer des dispositifs de sécurité adaptés, note le référent sûreté. Comme les vitrines antieffraction et les portes blindées coûtent très cher, mieux vaut installer un rideau métallique alvéolé ou microperforé, qui préservent la surveillance naturelle, ou à lames pleines. Celui-ci doit être placé de préférence derrière la vitrine. » Mais il peut aussi être installé à l’extérieur lorsque l’officine est située dans un quartier où il y a régulièrement des manifestations et des dégradations. « Dans ce cas, prévoir une alarme de type “sabot” avec une serrure qui donne à l’intérieur du point de vente et non pas sur la rue », précise le référent sûreté.
La volumétrie, qui constitue le troisième cercle de défense, englobe tout ce qui a trait au point de vente et au back-office. Pour rappel, les articles R.273-4 et 5 du Code de la sécurité intérieure imposent aux officines des obligations de surveillance ou de gardiennage par un système de surveillance à distance, de vidéosurveillance associé à un dispositif d’alerte, des rondes quotidiennes effectuées par un agent d’un service de sécurité ou la présence permanente d’un agent. « Si le pharmacien décide d’investir dans un dispositif de vidéoprotection à distance, celui-ci doit permettre d’effectuer une levée de doute à distance, rappelle le référent sûreté. Une première caméra doit être orientée vers l’entrée, afin de permettre l’identification des personnes de face, une seconde balayera l’ensemble du point de vente. »
Mais la mesure susceptible de décourager le plus sûrement les cambrioleurs relève du bon sens, pour Alain Marcillac. « Nous conseillons aux pharmaciens de vider tous les soirs leurs caisses et de les laisser ouvertes. Et d’afficher sur les grilles qu’il n’y a pas d’argent liquide dans la pharmacie. Cela évitera que des cambrioleurs pénètrent par effraction pour finalement repartir les mains vides, assure le référent sécurité du Cnop. Dans notre dernier rapport sur la sécurité des officines, un tiers des pharmaciens agressés n’envisageaient pas de déposer plainte en invoquant comme raison principale le manque de temps. J’invite donc les titulaires à systématiquement le faire et à signaler toutes les agressions à l’Ordre. Cela nous permettrait d’avoir une vision plus réaliste de ce qui se passe sur le terrain. Et plus le nombre de plaintes sera élevé, plus les procureurs accorderont de l’importance à la question de la sécurité des officines », conclut Alain Marcillac.
Noir, c’est noir
De plus en plus de communes décident d’éteindre l’éclairage public dans les rues la nuit afin de faire des économies sur la facture d’électricité. « Ce genre de mesure me paraît contre-productive pour deux raisons, estime Alain Marcillac, référent sécurité du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. D’abord parce que cela renforce le sentiment d’insécurité, les agresseurs pouvant se cacher dans la pénombre avant de s’attaquer à leurs victimes. Ensuite parce que cela pourrait se traduire par davantage de cambriolages dans nos officines. » Cette crainte est partagée par le référent sûreté à la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne. « Il serait plus opportun d’investir dans des dispositifs d’éclairage qui s’allument lorsqu’un capteur détecte la présence d’une personne sous un lampadaire », suggère-t-il.
À RETENIR
Le nombre d’agressions, de vols et de cambriolages en officine a explosé ces dernières années. L’argent est le premier mobile des cambriolages.
Dans chaque département, un conseiller ordinal référent sécurité accompagne les pharmaciens qui le sollicitent après une agression ou un vol.
Pour toute question liée à la sûreté dans son officine, le pharmacien peut contacter un correspondant sûreté de la police ou la gendarmerie, dont les coordonnées sont diffusées par le conseiller ordinal référent sécurité.
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