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Prévenir les troubles musculosquelettiques
Responsables de 81 % des maladies professionnelles, les troubles musculosquelettiques (TMS) n’épargnent pas les officines. Quelles sont les pathologies qui peuvent menacer votre équipe ? Comment les détecter, et surtout, peut-on les éviter ? Des spécialistes répondent.
Mettre fin aux troubles musculosquelettiques dans votre entreprise, c’est possible », promettait le slogan du dernier volet de la campagne de communication sur les troubles musculosquelettiques du printemps 2010. Depuis 2008, le gouvernement a en effet déclaré la guerre à ces affections qui représentent 81 % des maladies professionnelles en France. D’après la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés, 8,4 millions de journées de travail passent à la trappe chaque année à cause des TMS.
Derrière l’appellation « TMS » se cache une quinzaine de maladies qui affectent les muscles, les tendons et les nerfs situés à la périphérie des articulations. Parmi les pathologies les plus fréquentes, on retrouve les tendinites de l’épaule et du coude, les douleurs au poignet (canal carpien) ou encore les lombalgies. « Ces pathologies apparaissent lorsqu’on sollicite l’organisme au-delà de ses capacités physiques, explique Evelyne Escriva, chargée de mission sur les TMS au sein du département Santé et travail de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail. Elles se jouent aussi sur le long terme puisque certaines peuvent survenir après 15 ou 20 ans d’activité professionnelle. »
De multiples facteurs de risque à l’officine
En pharmacie, les causes de TMS sont nombreuses. Pour préparer les commandes, il faut souvent se mettre sur la pointe des pieds et les bras en l’air pour accéder aux médicaments en haut de l’étagère, ou au contraire s’accroupir et courber le dos pour atteindre le bas des rayonnages. « La manutention d’emballages de tailles et de poids très variables, la position statique au comptoir ou la préparation des médicaments peuvent elles aussi être à l’origine de postures inconfortables », souligne Aude Cuny, responsable d’études sur les TMS au sein du laboratoire de biomécanique et d’ergonomie de l’Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. A cette composante biomécanique, viennent se greffer des facteurs organisationnels tels que les horaires, le rythme de travail, les temps de pause, la répartition des tâches entre les collaborateurs… « L’absence prolongée d’un salarié peut par exemple perturber le bon fonctionnement d’une équipe et générer une surcharge de travail, illustre Aude Cuny. Le partage du terminal de carte bancaire peut lui aussi créer des tensions, tout comme la peur de l’agression au moment de l’ouverture et de la fermeture de la pharmacie. »
L’environnement de travail (éclairage, bruit, température, humidité…), le stress peuvent aussi favoriser l’apparition des TMS. Parmi les principaux facteurs de risque psychosociaux, on retrouve la relation avec la clientèle : patients agressifs, files d’attente, présence d’enfants ou d’animaux…
Détecter les symptômes aménager les postes de travail
Le plus important, comme dans toute pathologie, reste la détection des symptômes. « Les TMS se signalent au départ par une fatigue posturale qui va progressivement évoluer vers des douleurs pendant le travail, explique Aude Cuny. Petit à petit, ces douleurs vont survenir pendant les périodes de repos, puis se transformer en gêne fonctionnelle pouvant évoluer vers une incapacité à travailler. » Les TMS étant des pathologies réversibles, lorsqu’elles sont prises en charge à temps, il ne faut donc pas hésiter à alerter ses collègues et le titulaire dès qu’apparaissent les premiers signes de fatigue posturale. « Mais cela suppose une qualité de dialogue social suffisante dans l’officine. Lorsque ce n’est pas le cas, il faut alors se tourner vers son médecin du travail qui pourra sensibiliser l’employeur sur l’identification des facteurs de risque et les actions à entreprendre », conclut Evelyne Escriva.
Face à la multiplication des facteurs de risque, il n’y a pas de solutions toutes faites en matière de prévention. Celle-ci implique au contraire une réflexion sur les conditions de travail. Dans un guide intitulé « La prévention en actions pour la santé des salariés et des entreprises », le GIMS 13 (service interentreprises de santé au travail des Bouches-du-Rhône) et le syndicat des pharmaciens de ce département fournissent une sorte de mode d’emploi qui démarre par un inventaire des risques, puis un classement en fonction de leur fréquence d’exposition, de la gravité des conséquences potentielles et du nombre de salariés concernés. Ce travail achevé, il faut alors s’attaquer à l’élaboration d’un programme d’actions, qui doit aussi prévoir des moyens humains et financiers, et fixer un calendrier de réalisation afin que la démarche s’inscrive dans la durée.
Parmi les nombreuses actions à engager, on peut citer l’aménagement des postes de travail, la mise à disposition de sièges assis debout au comptoir, la réorganisation du stockage… Dans ce domaine, certaines officines commencent à se tourner vers des solutions de type automates, mêmes si celles-ci peuvent aussi générer du stress en cas de panne. L’organisation du travail peut elle aussi être repensée. « Quand on souffre de TMS, le fait de pouvoir se reposer est essentiel, rappelle Evelyne Escriva. Il faut donc permettre des temps de récupération pendant les moments de faible affluence et, a contrario, renforcer l’équipe pendant les périodes de rush. »
Un cadre pour prévenir les TMS
En l’absence de texte spécifique, c’est l’accord collectif national du 30 septembre 2009, relatif à l’amélioration des conditions de travail dans la branche professionnelle de la pharmacie d’officine, qui peut servir de cadre à la mise en œuvre d’une politique de prévention. « Il a d’abord pour objectif d’aider les titulaires à rédiger le document unique d’évaluation des risques professionnels », rappelle Philippe Denry, de la FSPF.
L’accord répertorie toute une série de risques liés à l’environnement de travail comme les agressions verbales et physiques, le port de charges lourdes, l’aménagement des postes de travail, la station debout prolongée, l’éclairage… L’organisation du travail est elle aussi mentionnée à travers la pénurie de personnel, la réception des commandes, les livraisons et le portage à domicile.
Des fiches pratiques pour éviter les postures sollicitantes
Cotitulaire de la Pharmacie de Bois Lemaître à Marseille, Roland Creusevau s’est intéressé de près aux TMS dans les officines. Il a en effet piloté en 2008 l’édition d’un guide sur la prévention des risques professionnels avec le GIMS 13, un service de santé au travail. « Avec mon associé, nous nous sommes d’ailleurs inspirés de ce document pour changer un certain nombre de choses dans notre propre officine », raconte Roland Creusevau.Après avoir organisé plusieurs réunions avec l’ensemble de leur personnel (une adjointe et six préparateurs), ils ont formalisé toute une série de fiches pratiques : comment ouvrir et fermer la pharmacie, comment déplacer des cartons… « Nous avons également adopté les sièges assis debout au comptoir et acheté deux nouveaux diables pliants pour faciliter la réception des commandes, laquelle était jusque-là effectuée avec un appareil plus difficile à manier. Tous ces petits éléments mis bout à bout facilitent le travail au quotidien et évitent les postures sollicitantes », conclut Roland Creusevau.
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