- Accueil ›
- Conseils ›
- Pathologies ›
- « L’homéopathie m’apporte une sécurité pour mes patients »
« L’homéopathie m’apporte une sécurité pour mes patients »
Homéopathie et cancer. 30 % des patients en oncologie
Comment avez-vous découvert l’homéopathie ?
J’y suis venue grâce à mes patientes ! J’ai été gynécologue accoucheur pendant des années. En m’installant en libéral, une patiente m’a parlé d’homéopathie, qu’elle prenait pour des douleurs aux seins avant ses règles. J’ai commencé à me former en 2000. L’homéopathie m’apporte une sécurité pour mes patients et face à l’oncologue car je sais qu’il n’y aura pas de remarques.
Pourquoi la cancérologie ?
Je suis beaucoup de femmes qui ont des cancers gynécologiques de tout type. Leur accompagnement global est assez compliqué car les plantes ou les compléments alimentaires sont à risque d’interactions et les oncologues n’en veulent pas. L’homéopathie n’a ni interactions médicamenteuses, ni effets secondaires. Elle est intéressante parce qu’on peut prendre en charge à la fois les effets secondaires des traitements oncologiques et ceux de la maladie cancéreuse.
Sur votre blog, vous citez une étude intéressante avec le Gelsemium…
Une étude s’est intéressée chez le rat à l’impact de Gelsemium sempervirens sur la synthèse de l’alloprégnanolone, un neurostéroïde qui module le contrôle de l’anxiété et de la douleur au niveau central(2). Gelsemium sempervirens en stimule la synthèse et voit son action stimulatrice bloquée par la strychnine au niveau des récepteurs glycine. Ces études appréhendent le mode d’action de Gelsemium sempervirens dans l’anxiété et sur la douleur au niveau même de la cellule et de ses récepteurs. L’effet placebo n’est donc pas la seule explication de l’activité de l’homéopathie. L’étude ne dit pas que Gelsemium traite le stress chez l’humain, mais que l’on constate une augmentation de la sécrétion de l’alloprégnanolone sur des cellules neuronales. Les études en fondamental restent des études en fondamental. Il ne faut pas faire un raccourci avec l’humain.
L’homéopathie semble intéressante aussi sur l’immunité ?
Une étude sur les macrophages met en évidence une action significative de l’homéopathie sur les cellules immunitaires. S’il n’y a « rien » dans l’homéopathie, comment expliquer qu’une solution homéopathique agisse de façon significative sur l’immunité ? Après, on dit « Oui mais il n’y a qu’une étude » alors qu’il y en a des centaines ! Quand on ne veut pas croire, on trouve toujours quelque chose pour dire « ce n’est pas possible ».
Quel est l’intérêt de l’homéopathie en oncologie ?
Elle est intéressante à toutes les étapes du parcours en cancérologie. Quand j’annonce un cancer à une patiente, les réactions diffèrent complètement. Certaines disent « Que vont devenir mes enfants ? », d’autres, « C’est de votre faute, vous ne m’avez pas dépistée », ou se ferment avec le sentiment d’avoir reçu un coup sur la tête. Il y a aussi une grande angoisse en attendant de connaître le protocole thérapeutique. C’est comme ça que certaines se retrouvent sous anxiolytique ou antidépresseur. On n’est pas forcément déprimé quand on vous annonce un cancer. Et prendre un psychotrope n’est pas top car l’organisme doit pouvoir se battre au moment de l’annonce. Selon la réaction de la personne, je vais proposer Gelsemium ou Ignatia ou Arnica, Sepia, ou Nux vomica, quelque chose qui ne la déséquilibre pas trop. Si cela fonctionne, cela évitera de mettre cette personne sous psychotrope.
Et lors des thérapeutiques ?
Lors de la chirurgie, en pré- et post-opératoire, l’intérêt est que la récupération se fasse le plus vite possible. Je donne très souvent Arnica 15 CH au moment de l’intervention, Opium pour l’anesthésie, Bellis perennis quand il y a des interventions sur le sein. J’adapte mon protocole aux patientes et au type de cancer. Je fournis également des conseils de cohérence cardiaque, de yoga, etc. car j’ai aussi un diplôme de pratiques psychocorporelles,
Pour accompagner la chimiothérapie, Nux vomica est associé à des conseils hygiéno-diététiques, comme ne pas trop manger la veille afin de ne pas surcharger le foie. Je donne un protocole adapté au type de chimiothérapie et à ce que je connais de la personne. Et je module en fonction des cures. Pour les rayons, j’ai un protocole simple : Radium bromatum en 9 ou 15 CH, 5 granules par jour, et Belladonna 9 CH et Apis 15 CH avant et après chaque séance de rayons.
Peut-on améliorer les effets indésirables de l’hormonothérapie ?
L’hormonothérapie du cancer du sein est excessivement mal tolérée. Une étude réalisée dans les hôpitaux de Troyes et de Reims a montré que les personnes qui prenaient de l’homéopathie consommaient moins d’anti-inflammatoires pour leurs douleurs articulaires. Je propose un protocole tout simple, avec Ruta graveolens et Rhus toxicodendron, à raison de 3 granules de chaque en 9 CH, deux fois par jour. Si les personnes n’ont pas de douleurs, elles l’arrêtent. Si elles en ont malgré tout, j’augmente la fréquence ou je change, mais au moins j’ai essayé quelque chose. Parmi elles, il y en a peut-être vingt ou trente qui auraient stoppé leur traitement et qui, grâce à l’homéopathie, pourront poursuivre l’hormonothérapie. Je ne suis pas là pour remplacer les traitements mais pour aider à les supporter. Les premiers mois sont cruciaux.
Y a-t-il de grandes règles pour la gestion des effets indésirables ?
On a quasiment toujours les mêmes effets. Certains livres (voir encadré) ou la Société homéopathique internationale de soins de support en oncologie (Shisso, shisso-info.com) proposent des protocoles. Si le patient a un livre d’homéo, il peut essayer seul. Si ça ne fonctionne pas, il sera toujours temps de faire une consultation individualisée.
Vous utilisez surtout des unitaires ?
Oui, des classiques comme Nux vomica, Gelsemium, Rhus toxicodendron, Lachesis pour les bouffées de chaleur. Parfois, j’utilise des dilutions de chimiothérapie ou autre, avec des résultats intéressants. Il m’arrive de prescrire de la cortisone diluée pour pallier les effets de la cortisone à haute dose donnée aux personnes âgées pour éviter les effets indésirables des nausées. Souvent, la cortisone accélère leur cœur, et les fait devenir rouges.
Vos consultations sont également ouvertes aux hommes ?
Mes consultations d’homéopathie en soins de support sont ouvertes aux hommes. C’est souvent leur femme qui leur suggère. J’ai donné Argentum nitricum à un monsieur qui souffrait de l’estomac et avait tout essayé. Il m’a dit « C’est extraordinaire, je n’ai plus de douleurs ». Il a pu continuer sa chimiothérapie. Je pense que ça lui a redonné confiance.
Comment la présenter à quelqu’un qui n’en a jamais pris ?
Quand vous délivrez une thérapie ciblée ou une hormonothérapie, la personne n’a pas encore d’effets secondaires. Vous pouvez lui dire : « Si vous avez le moindre effet secondaire, n’attendez pas, car l’homéopathie marche mieux débutée tôt ». On ne va pas survendre l’homéopathie non plus. Dites : « Si vous avez le moindre effet secondaire, sachez que nous pouvons vous proposer de l’homéopathie, qui n’entre pas en interaction avec votre traitement. Venez nous demander conseil parce que vous pourriez avoir envie de prendre des compléments alimentaires ou d’écouter les conseils d’un ami, mais sachez qu’il peut y avoir des interactions avec votre traitement ». L’homéopathie, elle, n’interférera pas.
Combien de temps faut-il pour constater que ça fonctionne ?
Ça marche très vite. Typiquement, si les bouffées de chaleur ne sont pas améliorées en un mois, il faut arrêter ou changer de traitement. Contre les nausées, il faut que cela marche durant la première cure de chimio. On ne va pas dire « Ça fonctionnera à la quatrième » ! Les gens qui prennent régulièrement Nux vomica ont moins de nausées. Certes, je l’associe à d’autres conseils et il est difficile de dire ce qui a été efficace entre les médicaments et les conseils. Si les gens vont mieux, ils suivront leur traitement anticancéreux, garantie de moindre récidive. La qualité de vie fait gagner de la quantité de vie. Les oncologues voient bien que les patients suivis par un homéopathe ou qui recourent à l’homéopathie vont mieux.
L’homéopathie peut-elle aussi soulager les aidants ?
Oui. Je demande toujours à l’aidant : « Et vous, comment allez-vous ? » Un monsieur est venu consulter seul quelques jours après être venu avec sa femme. Devant elle, qui avait un cancer, il n’avait pas osé dire qu’il n’allait pas bien et ne dormait plus. Dans le Centre ressource dont je m’occupe (association qui accompagne les personnes atteintes de cancer et leurs aidants ; sur centre-ressource-lyon.org et federation-ressource.org, NDLR), les aidants ont accès au yoga, à la méditation même si la personne malade ne vient pas.
Quid de la médecine intégrative ?
C’est mon dada ! Ce concept, développé aux États-Unis dans les années 1990, dit qu’il est intéressant pour un patient, et dans un objectif global, d’associer la médecine conventionnelle et les pratiques complémentaires, homéo, acupuncture, hypnose, etc. L’objectif est de mettre les personnes en mouvement, de les rendre actrices de leur santé, et de protéger le soignant. On ne soigne pas une maladie, on s’occupe du patient dans sa globalité. C’est le cure and care, c’est-à-dire soigner et prendre soin. Aujourd’hui, le parcours de soins est un parcours conventionnel. Il faudrait qu’il soit intégratif, c’est-à-dire global.
Comment vérifier que le soignant n’est pas un charlatan ?
En consultant l’Agence des médecines complémentaires adaptées (Amca, agencemca.fr)(3) et Health United, à Paris, un réseau de médecine intégrative (healthunited.care).
(1) cairn.info/revue-hegel-2019-3-page-253.htm
(2) Source : Homéopathie, cancers et troubles psychologiques, de Jean-Claude Karp, Isabelle Fischer Lévy, Michaël Tain et Jean-Lionel Bagot, sur cairn.info
(3) L’Amca est le lieu d’expertise des médecines complémentaires et des approches de prévention.
Dr Christelle Besnard-Charvet, gynécologue-obstétricienne, chirurgienne, homéopathe, diplômée en soins de support et nutrition, présidente de l’association Centre ressource Lyon (69), autrice du blog dochomeogyneco.com, enseignante à la Fédération française des sociétés d’homéopathie (FFSH) et consultante pour les laboratoires Boiron. Elle travaille dans un dispensaire à Lyon, où elle propose des consultations d’homéopathie.
Ouvrages homéo et cancer
Traitements de support homéopathiques en cancérologie, de Jean-Claude Karp et François Roux, 2018, éd. CEDH.
Cancer et homéopathie, rester en forme pour mieux supporter les traitements, de Jean-Lionel Bagot, 2016, éd. Unimedica.
Plus forts contre le cancer, de Christelle Besnard-Charvet et Frédérique Odasso, 2020, éd. Robert Laffont.
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis