La fin du sida est encore loin

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Publié le 30 novembre 2019 | modifié le 5 septembre 2025
Par Yolande Gauthier
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La Journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre est l’occasion de faire le point sur cette maladie. En 2018, plus de 8,8 millions de sérologies du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ont été réalisées dans les laboratoires de biologie médicale français, conduisant à la découverte de près de 6 200 séropositivités. 52 % de ces personnes n’avaient jamais été testées auparavant pour le VIH. Par conséquent, plus d’un quart des malades (29 %) ont été découverts à un stade avancé de l’infection. La bonne nouvelle, c’est que le nombre total de nouveaux cas de séropositivité a diminué de 7 % par rapport à 2017. Mais, tempère le Pr François Dabis, directeur de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), « on est encore loin de la fin du VIH/sida. Pour cela, en France comme ailleurs dans le monde, il faudrait d’abord utiliser de manière quasi systématique les moyens déjà à notre disposition : dépistage et traitements universels, prophylaxie préexposition (PrEP). Ils sont incroyablement efficaces et encore insuffisamment utilisés par tous ceux qui en ont besoin ».

La mobilisation continue en matière de recherche. Le consortium de l’European HIV Vaccine Alliance (EHVA) a démarré un essai de phase II évaluant un « vaccin thérapeutique » expérimental (MVA HIV-B) chez des personnes traitées par antirétroviraux. Un autre essai de phase II (VR104 Dalia 2) concerne un vaccin thérapeutique ciblant les cellules dendritiques. Des vaccins préventifs sont également à l’étude. L’un d’eux, actuellement en phase III (étude Mosaico), avait permis de maintenir une réponse immunitaire importante pendant plus de 2 ans chez des volontaires sains. Sa particularité est d’associer des éléments de différentes souches virales au sein d’un vecteur adénoviral, en vue de protéger contre différents sous-types de VIH. Les laboratoires pharmaceutiques cherchent également à simplifier les protocoles de traitement. Une prise 4 jours par semaine au lieu de 7 jours sur 7 a permis de maintenir une charge virale indétectable dans l’essai Quatuor. Des formes de longue durée d’action ont vu le jour. Le laboratoire ViiV Healthcare a ainsi déposé auprès de la Food and Drug Administration (FDA) américaine une demande d’approbation pour une association cabotégravir (inhibiteur de l’intégrase) et rilpivirine (inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse) en injection intramusculaire mensuelle. Un implant sous-cutané du laboratoire Merck, délivrant en continu pendant 1 an de l’islatravir (inhibiteur nucléotidique de la translocation de la transcriptase inverse), pourrait par ailleurs constituer une option intéressan te pour la PrEP. La fin du sida n’est pas pour demain. Pour après demain ? §

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