Covid-19 : c’est toujours sur les pauvres gens…

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Covid-19 : c’est toujours sur les pauvres gens…

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Publié le 17 mars 2022
Par Magali Clausener
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Si l’âge est le facteur de risque prépondérant d’hospitalisation de patients atteints du Covid-19, d’autres facteurs interviennent également. Oui mais lesquelles précisément ? C’est la question à laquelle répond une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), en collaboration avec l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), sur les caractéristiques démographiques et socio-économiques des patients atteints de formes sévères de Covid-19 et publiée le 16 mars. L’étude couvre la période de mars 2020 à novembre 2021, soit les quatre premières vagues de l’épidémie de Covid-19 et s’appuie sur les données de 67,32 millions d’individus résidant en France métropolitaine, dont 382 000 ont été hospitalisés avec une forme sévère de Covid-19.

Le niveau de vie joue un grand rôle : à mesure qu’il décroît, le risque d’hospitalisation augmente, « ce qui peut s’expliquer par des contrastes d’exposition au virus et d’état de santé », explique l’étude. Le risque de décéder à l’hôpital est ainsi légèrement moins élevé chez les personnes aux plus hauts revenus. Pour les auteurs de l’étude, cela « reflète notamment une distribution inégale des comorbidités associées à des formes sévères de Covid-19 ».  Cet effet ne se retrouve toutefois pas chez les 75 ans ou plus décédés.

Autre résultat notable : le risque d’hospitalisation augmente à mesure que diminue la surface disponible du logement rapportée au nombre d’occupants, et encore plus pour les occupants du parc social. En effet, l’effet du surpeuplement dans le logement favorise l’exposition au virus. En revanche, parmi les personnes hospitalisées, les conditions de logement n’ont pas d’effet sur le risque de complications (décès ou admission en soins critiques).

Enfin, le risque d’hospitalisation est plus important pour certaines populations nées à l’étranger, notamment en Afrique et en Asie (chez les plus de 35 ans, 26 % d’hospitalisation contre 17 % pour l’ensemble de la population). Cette part plus importante des personnes nées à l’étranger se retrouve au sein de toutes les tranches d’âge, note l’étude. Une surreprésentation qui ne concerne que les individus nés hors d’Europe, en particulier en Afrique (Maghreb et Afrique subsaharienne). « Cet effet du pays de naissance, déjà mis en évidence par de nombreuses études internationales ayant identifié l’origine ethnique comme facteur de risque, pourrait refléter une inégale répartition des facteurs d’exposition (profession, respect des gestes barrière) ou de vulnérabilité (présence de comorbidités) », ajoute la Drees.

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L’analyse par vague souligne aussi « l’originalité de la quatrième vague » par rapport aux précédentes : le gradient de risque d’hospitalisation en fonction de l’âge devient moins prononcé, tandis que le gradient en fonction du niveau de vie se renforce. « Ce qui pourrait s’expliquer par une inégale répartition de la vaccination, donc de ses effets protecteurs, au sein de la population (recours à la vaccination croissant avec l’âge et le niveau de vie) », selon l’étude.