- Accueil ›
- Conseils ›
- Maux du quotidien ›
- Vos réponses à celles qui doutent de la pilule
Vos réponses à celles qui doutent de la pilule
Il y a 50 ans, les femmes obtenaient le droit d’accès à la pilule. Un anniversaire au goût amer : même si la pilule estroprogestative reste le moyen de contraception principal en France, la défiance n’a jamais été aussi forte, surtout depuis le débat médiatique de 2012 sur les pilules de 3 e et 4 e générations. Depuis, les articles pleuvent sur l’opportunité pour les femmes de stopper ces contraceptifs. Voici ce que vous pouvez leur dire en l’état actuel des connaissances.
La pilule est-elle cancérogène ?
Pas toute seule.
En 2005, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les contraceptifs estroprogestatifs oraux comme cancérogènes de première catégorie pour les cancers du sein, du col de l’utérus et du foie. Nasrine Callet, gynécologue et oncologue à l’Institut Curie (Paris), nuance : « La pilule contraceptive est une hormone et les hormones ne provoquent pas de cancer. Elles sont en revanche des cofacteurs de cancer. C’est une accumulation de facteurs qui fait évoluer un cancer, pas la pilule seule. » Au final, les études tendent à montrer que la pilule n’est pas associée à un risque global de cancer.
La pilule augmente-t-elle les risques de cancer du sein ?
Oui, mais…
Les études sont nombreuses et contradictoires. Pour Nasrine Callet, « il n’y a pas d’études valables. Il faudrait prendre en compte une population du même âge, prenant une pilule d’une même composition, sur un même laps de temps. Et une telle étude n’existe pas ». Selon le Collège national des gynécologue et obstétriciens français (CNGOF), seule une minorité des études menées identifient « un discret surrisque », entre 1,2 et 1,6. En particulier chez les jeunes femmes et celles qui prennent la pilule depuis 10 ans ou plus : « Là où l’on pense qu’une pilule peut jouer un rôle nocif est aux âges extrêmes de la féminité, la prépuberté et la périménopause, où le sein est plus vulnérable », précise le Dr Callet. Les femmes sous pilule sont aussi mieux suivies médicalement. Un avantage souligné par la Haute Autorité de santé (HAS), car le cancer du sein est détecté à un stade plus précoce, sans hausse de mortalité constatée. Des études complémentaires sont encore à mener pour trancher. Quoi qu’il en soit, dix ans après l’utilisation de la dernière plaquette, le risque de développer un cancer du sein est similaire à celui des femmes non utilisatrices de pilules contraceptives.
La pilule augmente-t-elle les risques de cancer du col de l’utérus ?
Oui, mais…
L’utilisation d’une contraception estroprogestative orale pendant 5 ans ou plus fait augmenter le risque de cancer du col de l’utérus : « Une femme sous pilule estroprogestative a plus de rapports sexuels, elle est donc plus exposée au papillomavirus », note le Dr Callet. Une femme sous pilule utilise également moins le préservatif. C’est donc plus une question de comportement. Pour le CNGOF, « il semble biologiquement plausible qu’en l’absence d’HPV, l’effet des hormones contraceptives sur le risque de cancer du col soit négligeable ».
La pilule augmente-t-elle les risques de cancers de l’endomètre, de l’ovaire, et de cancer colorectal ?
Non, bien au contraire.
Le CIRC considère que la pilule estroprogestative diminue les risques de cancers de l’endomètre et des ovaires, jusqu’à 30 à 50 %. Un effet protecteur qui s’intensifierait selon la durée d’utilisation de la pilule, avec une persistance de 15 à 30 ans après l’arrêt. La pilule réduirait également les risques de cancer colorectal.
La pilule provoque-t-elle des accidents cardiovasculaires ?
Oui, mais moins que la grossesse et le post-partum.
Tous les contraceptifs estroprogestatifs augmentent les risques d’accidents thromboemboliques veineux ou artériels. Leur fréquence reste cependant faible : 15 cas annuels d’accident vasculaire cérébral pour 1 million de femmes de moins de 30 ans sous pilule (versus 6 cas pour 1 million de femmes non utilisatrices), conditionnés par certains facteurs de risque (tabac, hypertension artérielle, migraine avec aura, hérédité…). Plus fréquent, le risque de thrombose veineuse dépend notamment de la génération du contraceptif : estimé à 2 accidents par an pour 100 000 femmes sans contraception, il est multiplié par 3 pour les pilules de 2e génération, et par 6 pour les pilules de 3e et 4e générations. Ce risque est maximal au cours des 12 premiers mois d’utilisation. Les complications graves restent rares : l’embolie pulmonaire est responsable de 10 décès par an pour 1 million d’utilisatrices d’œstroprogestatifs. A titre indicatif, le risque de thrombose veineuse est de 29 cas pour 10 000 femmes par année d’utilisation chez les femmes enceintes, 300 à 400 cas au cours du post-partum.
La pilule aggrave-t-elle l’endométriose ?
Non.
La pilule est efficace pour soulager les douleurs liées à l’endométriose. Quelle action sur son évolution ? Pour Marine Sauvan, gynécologue obstétricienne à l’Hôpital Bicêtre AP-HP (Le Kremlin-Bicêtre), membre du groupe de travail sur les recommandations de l’endométriose : « La pilule estroprogestative ne guérit pas l’endométriose. Il existe peu de données pour savoir si elle la réduit. En revanche, la littérature montre qu’elle réduit la taille des kystes endométriosiques, ou en tout cas limite leur croissance. » Parmi les solutions thérapeutiques, la pilule reste la mieux tolérée. Elle constitue actuellement le traitement de première intention dans toutes les recommandations internationales.
La pilule réduit-elle la libido ?
Pas pour la majorité des utilisatrices.
C’est pourtant une accusation fréquente. Le CNGOF ne conteste pas le rôle des hormones sexuelles dans la libido, mais il rappelle que « le désir sexuel ne peut être réduit à ces seuls facteurs et qu’il est fortement influencé par de très nombreux facteurs psychologiques, sociaux, environnementaux, médicaux… ».
La pilule provoque-t-elle des dépressions ?
Aucune preuve.
La contraception hormonale peut être associée à des changements d’humeur, mais de là à l’accuser de provoquer une dépression est excessif. Le CNGOF affirme cependant que les résultats d’études sont contradictoires et que la pilule n’est jamais le seul facteur confondant.
La pilule fait-elle grossir ?
Aucune preuve.
Tout juste augmente-t-elle l’appétit chez certaines femmes lors des premiers mois d’utilisation. A l’heure actuelle, aucune méta-analyse ne permet d’établir un lien de causalité entre la contraception orale estroprogestative et la prise de poids.
Faut-il arrêter la pilule ?
Non.
La contraception hormonale estroprogestative ne convient peut-être pas à toutes les femmes, ni à une même femme tout au long de sa vie. Elle reste toutefois une méthode de contraception de première ligne dont les bénéfices restent supérieurs aux risques. A condition de la prescrire et de la délivrer à bon escient, en respectant les contre-indications. Et de respecter les choix de la patiente.
REPÈRES
LES MÉTHODES DE CONTRACEPTION NON HORMONALES
Par anne-hélène collin – Infographie : Franck L’Hermitte
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis
