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Quand les pharmaciens disent stop au tabac
Quinze millions de fumeurs en France, 60 000 décès par an causés par le tabac, un cancer sur trois lié au tabagisme… Et pourtant 80 % des fumeurs souhaitent s’arrêter. A l’occasion de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai, nous avons rencontré trois pharmaciens qui croient au sevrage tabagique, s’en donnent les moyens. Et ça marche !
Depuis près de dix ans, l’Organisation mondiale de la santé organise une Journée mondiale sans tabac pour sensibiliser l’opinion publique sur les ravages engendrés par la cigarette.
En France, les pouvoirs publics se sont également mobilisés avec notamment la loi Evin de 1991 interdisant la publicité sur le tabac et l’augmentation progressive mais notable du prix du paquet de cigarettes. Malheureusement, si la consommation de tabac en France a chuté de près de 8 % entre 1991 et 1996, les chiffres restent très alarmants. La France compte en effet quelque 15 millions de fumeurs réguliers, dont 10 millions dépassent une consommation de dix cigarettes par jour.
La plupart des fumeurs qui arrêtent seuls rechutent
Les femmes (27 % fument) et les jeunes (31 % des jeunes scolarisés de 15 à 19 ans fument au moins une cigarette par jour, l’âge moyen de la première cigarette étant de 13 ans) sont de plus en plus nombreux à adopter la cigarette même si le profil du fumeur français reste un homme de 36 ans consommant en moyenne 17 cigarettes par jour.
Pourtant les fumeurs sont conscients des risques encourus et des méfaits du tabac. Près de la moitié de ceux qui souhaitent s’arrêter en font d’ailleurs leur première motivation. Mais curieusement, s’ils admettent volontiers être dépendants, ils choisissent aussi le plus généralement de s’arrêter sans aucune aide. Ainsi, selon le « Baromètre Santé 2000 », 52 % des fumeurs qui s’arrêtent optent pour l’arrêt volontaire radical. Mais seulement 3 % de ceux qui tentent d’arrêter sans aide y parviennent à moyen terme ; pour les autres c’est la rechute assurée ! Un argument sans doute à développer au comptoir…
Le marché des substituts se stabilise
Pourtant les solutions existent et sont même de plus en plus nombreuses : patchs, gommes à mâcher, comprimés à sucer, inhaleur de nicotine, bupropion, tous les types de fumeurs devraient trouver dans cette large gamme une solution adaptée à leur mode de vie. Mais après une année 2000 particulièrement favorable aux substituts nicotiniques, grâce au délistage, le marché semble aujourd’hui se stabiliser.
« 2001 a représenté une période transitoire après l’explosion des ventes en 2000, mais on est resté sur un quota de 80 % de patchs contre 20 % de gommes environ. En septembre dernier le lancement du Zyban a chamboulé le marché, les ventes de patchs s’en sont trouvées affectées, de plus la multiplication des formes galéniques contribue à diminuer la place du patch. Sur les trois premiers mois de 2002, ceux-ci ont perdu quelque 27 % de parts de marché toutes marques confondues », remarque Florence Dalléas, chef de marque NiQuitin, qui détient 28,2 % en parts de marché pour les patchs sur les trois premiers mois 2002.
La profusion d’aides au sevrage aurait-elle l’effet inverse de celui escompté, le candidat à l’arrêt ayant du mal à s’y retrouver ? « Non, assure Guillaume Randhaxe, chef de produit Nicopatch, marque leader des aides au sevrage tabagique. La multiplication des formes a bousculé le marché mais celui-ci reste foncièrement positif et enregistre même, toutes marques confondues, une hausse de 12 % pour le moment en 2002. Toutes ces formes galéniques permettent aussi au pharmacien d’affiner son conseil en proposant une aide tout à fait personnalisée en fonction du comportement de chaque fumeur. »
Autre point essentiel de l’aide au sevrage tabagique pour Guillaume Randhaxe : savoir lever les freins à l’arrêt du tabac : « La prise de poids et la peur du stress induites par l’arrêt sont les plus citées. Au pharmacien, par sa compétence de professionnel de santé, de trouver les arguments pour lever ces freins. »
Sylvain Glénat, pharmacie Mayoli (Paris XVIe)
« Nous relayons chaque campagne nationale contre le tabac par le biais des vitrines mais aussi de conseils au comptoir. Nous avons installé un rayon avec 20 mètres de linéaire qui nous permet d’exposer toutes les aides au sevrage que nous pouvons proposer. Le rayon est clairement identifié par une signalisation adéquate et les présentoirs des différents laboratoires. Devant ce rayon, nous avons installé un comptoir qui, placé un peu à l’écart des autres, permet d’aborder le sujet de façon un peu plus confidentielle et chaleureuse. Pour pouvoir conseiller efficacement, il faut comprendre les motivations à l’arrêt et bien connaître les comportements du fumeur. L’entretien peut durer une demi-heure, lorsque par exemple les personnes redoutent de rencontrer des problèmes psychologiques du fait de l’arrêt du tabac. C’est aussi en questionnant que l’on arrive à cerner les raisons d’un précédent échec. Outre les substituts, nous pratiquons très souvent le conseil associé notamment homéopathique. L’important est de multiplier les chances de succès par une méthode personnalisée et un bon suivi dans le temps. » – A.A.
Jean-Philippe Vesin, Denain (Nord)
Installé au coeur d’une cité ouvrière, Jean-Philippe Vesin est venu à la lutte antitabagique dans le cadre de formations organisées par la CPAM de Valenciennes et l’Utinor (UTIP de la région Nord). Lui-même ancien fumeur durant vingt années, il a mis quatre ans pour cesser de fumer : « C’est très dur, reconnaît-il. J’essaie de motiver ma clientèle : commencer par vingt minutes, puis deux ou trois jours, définir des endroits ou des moments pour ne pas fumer, la cuisine, la présence des enfants par exemple. »
Ici, pas de grand discours, mais des supports disséminés partout dans l’officine : une affiche prévention de la CPAM, « Fumer, c’est pas ma nature », une miniexpo sur une étagère à côté des comptoirs, et pour sa vitrine Jean-Philippe Vesin s’est fabriqué lui-même une cigarette géante (voir photo). « C’est pédagogique au possible », explique-t-il. Et pour s’impliquer davantage encore, il souhaite intervenir dans les collèges, les lycées ou au centre de prévention santé de Denain. – J.-L.D.
Georges Saint Pastou, pharmacie du Forum des Halles (Paris Ier)
« C’est la synergie d’un ensemble d’actions qui permet à l’équipe officinale de convaincre le fumeur de s’arrêter. La vitrine permet de l’interpeller sur l’intérêt d’arrêter, le test du CO de le convaincre et de l’encourager après l’arrêt, l’accompagnement de l’aider psychologiquement à passer les caps difficiles. Le pharmacien doit être particulièrement attentif aux rechutes. C’est pour cela que l’accompagnement du fumeur doit être total et nécessite une bonne compétence de l’ensemble de l’équipe. Il faut expliquer l’enjeu des rechutes et aider ceux qui deviennent dépendants des substituts comme les gommes par exemple. Cela nécessite aussi du temps nous passons facilement un quart d’heure avec un fumeur qui nous demande des conseils pour s’arrêter. Les clients en sont souvent surpris et l’apprécient sans doute puisque le bouche-à-oreille semble bien fonctionner. Nous vendons plus de quatre mille substituts nicotiniques par an, ce qui représente deux à trois ventes pour cent clients. »- A.A.
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