Lutte contre les punaises de lit : elle coûte bonbon

83 millions d’euros, c’est le coût, en 2019, des conséquences sanitaires des infestations des punaises de lit pour les Français, dont 79 millions d’euros associés à une baisse de la qualité de vie, aux troubles du sommeil et aux impacts sur la santé mentale, 1 million d’euros lié aux arrêts de travail et 3 millions d’euros environ au titre des soins physiques, estime l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans un rapport publié le 19 juillet. Sans compter les coûts associés aux demandes en pharmacie, non évalués faute d’information. Le coût de la lutte est lui estimé à 230 millions d’euros par an. En moyenne, la lutte contre les punaises de lit s’élève en effet à 866 € par foyer. « Au-delà du coût de la lutte, les victimes d’infestation ont parfois peur d’être stigmatisées, ce qui peut les empêcher d’en parler et de mettre en place des actions rapides pour éviter leur dispersion », note l’Agence, qui recommande un mécanisme de déclaration obligatoire et une prise en charge financière, en particulier pour les ménages à faibles ressources, pour favoriser une éradication rapide.

Méthodes de lutte à conseiller

Dans son expertise, l’Anses évalue les moyens de prévention et de lutte contre les punaises de lit. Si « aucune méthode de lutte n’apparaît suffisamment efficace pour éliminer à elle seule les punaises de lit d’un habitat infesté », l’Anses recommande de privilégier les méthodes non chimiques avec en priorité le traitement par la chaleur (faire monter la température de la pièce à plus de 60 °C pendant 2 heures, ce qui nécessite l’intervention de professionnels utilisant des appareils adaptés) pour traiter une pièce dans son ensemble, et la congélation (de – 7 °C pendant 3 semaines à – 20 °C pendant 24 à 48 h) pour les vêtements ou de petits objets infestés. A renouveler « autant que nécessaire ».

Le lavage du linge, le trempage et le nettoyage à sec sont plus incertains. Dans son rapport, l’Anses considère que « le lavage en machine à 60 °C et le séchage du linge à plus de 40 °C et pendant 30 min sont efficaces pour éliminer tous les stades de punaises (œufs, larves et adultes) des vêtements » mais « le trempage à froid de 24h est efficace seulement pour les larves et les adultes mais ne semble pas efficace pour se débarrasser des œufs. (…) Le lavage à sec semble être létal pour les punaises, probablement par l’action des solvants utilisés. Il peut probablement être utilisé ponctuellement pour des tissus délicats. » 

« Passer l’aspirateur réduit significativement le nombre de punaises, mais cette méthode n’est que très partiellement efficace sur les œufs qui restent accrochés à leur support, poursuit l’Anses. Le brossage peut être suggéré, en particulier pour l’élimination des œufs mais il peut être source de dispersion de l’infestation ». Enfin, « la suppression d’objets infestés, si elle permet de se débarrasser en partie du problème, peut également être source de dissémination des punaises et de contamination d’autres sites ».

En revanche, les produits chimiques sont à éviter en raison des risques d’intoxication, de leurs impacts sur l’environnement et de l’augmentation de la résistance à ces produits chez les punaises de lit, insiste l’Anses. Ils pourront être utilisés en cas de persistance par des professionnels de la désinsectisation.

Les punaises de lit reviennent en force depuis les années 1990, alors qu’elles avaient disparu de la vie quotidienne des Français dans les années 1950. Entre 2017 et 2022, 11 % des foyers français ont été infestés. Tout type de foyer est concerné puisqu’il n’y pas de lien entre le niveau de revenu et l’infestation, indique une enquête Ipsos pour l’Anses. En cause : l’essor des voyages et une résistance croissante des punaises aux insecticides. En mars 2022, le gouvernement a publié son premier plan de lutte interministériel contre les punaises de lit.