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Le judo pour se débrider
Kelly a choisi le tatami pour combattre sa réserve et sa timidité. Des atouts pour cette future préparatrice du Nord prête à affronter les exigences du métier.
La jeune femme brune au teint clair frappe par sa discrétion. Comme une poupée de porcelaine fragile qu’il faudrait protéger. Sitôt le kimono blanc revêtu, sa ceinture noire ajustée, Kelly exulte sur le tatami, son terrain d’expression favori depuis ses 4 ans.
Du jaune au noir en dix ans « Mes parents m’ont mise au judo pour que je perde ma timidité ; il n’en est rien, mais en randori (combat), je me sens différente, je m’éclate », raconte la jeune femme à la coupe déstructurée presque d’inspiration japonaise. Kelly Lhomme évolue dans le milieu du judo depuis son plus jeune âge. La petite fille de Pernes-en-Artois (Pas-de-Calais), très réservée, n’aimait pas prendre la parole, mais ses parents se souviennent qu’elle n’hésitait à batailler avec les garçons… Après quelques années de judo en loisirs, ses entraîneurs décèlent de réelles possibilités et conseillent une section sport-études. Son entrée en 4e se fera en internat, au collège Jacques-Brel, à Fruges, dans le même département. « Je connaissais déjà quelques élèves, je me suis vite habituée à cette nouvelle vie. Cela m’a appris à me débrouiller seule très jeune. » Dès la sortie des cours à 16 heures, elle file à l’entraînement pendant deux heures et demie, et seulement après le dîner, commence leçons et devoirs. Elle enchaîne le lycée dans les mêmes conditions. Au judo, sa progression force le respect. « J’ai passé six ceintures en dix ans, et ai obtenu ma ceinture noire à 15 ans », murmure-t-elle avec modestie. Après le bac, elle entend rester dans le sport et se préparer à un métier du soin. « Enfant, je voulais soigner, m’occuper des gens autour de moi. » Elle choisit une prépa de kiné, mais une blessure au ménisque, « un hurlement de douleur », la conduit au bloc opératoire et l’immobilise un an. Sa mobilité retrouvée, elle opère un virage professionnel vers le brevet de préparateur. Et retrouve son kimono. « J’ai gardé une certaine appréhension, je mets toujours une genouillère, même si je sais qu’elle fait plus d’effet dans ma tête qu’en réalité. »
L’harmonie des contraires. Dans sa tête aussi, cette réserve qui l’empêche de faire le premier pas. « Je ne rougis pas, mais j’ai du mal à aller vers les autres, j’attends d’être sollicitée. » Les débuts à la pharmacie d’Isbergues (Pas-de-Calais) lui ont coûté. « Je n’osais pas poser de questions aux clients. » Ses collègues, « la plupart ont la trentaine, mères de famille », l’ont rassurée. Passé la difficulté du premier contact, elle apprécie cette communauté humaine. « J’ai pris de l’assurance, même si j’hésite encore à me lancer. » Tout le contraire de la Kelly sur tatami. Elle est d’une efficacité redoutable, « comme un concentré de muscles » malgré ses moins de 52 kilos pour un 1,66 mètre. Son atout majeur est le haraï-goshi (« ? hanche fauchée »), une technique qu’elle passe facilement et qui lui donne des points à coup sûr. En compétition, avant de monter sur le tatami, elle entre dans sa bulle. « Je ne parle à personne, je trouve ma concentration dans la musique. » En ce moment, Adele, Rihanna ou Shakira sont ses alliées. Aux trois derniers championnats nationaux de l’Ufolep, sa fédération sportive, Kelly est montée sur la deuxième marche du podium. Trois titres de vice-championne de France dans sa catégorie des poids très légers. Trois fois, elle a cédé la première place à la même adversaire, sur la même prise au sol. Sur le moment, la rage l’emporte, « ce petit point qui fait la différence », mais très vite, elle se projette dans le combat suivant. La prochaine fois qui pourrait être la bonne, aura lieu les 26 et 27 mai, à Hérouville-Saint-Clair, près de Caen, où se déroulent les championnats de France 2012. Pugnace et patiente, Kelly se prépare. Entre le comptoir et les cours au CFA de Douai, son emploi du temps de sportive a été pourtant un peu malmené ces deux dernières années. Elle a pu préserver l’entraînement hebdomadaire, le samedi soir. Pour son équilibre mental, elle s’adonne plusieurs fois par semaine à la course. « J’ai besoin d’évacuer les tensions et de canaliser mon énergie dans une activité physique régulière. » Sans oublier la participation à des compétitions départementales et régionales, en attendant le face-à-face avec « son » adversaire historique.
Sushi, wasabi, maki ? Le japonais qu’affectionne Kelly est absent des cartes de restaurant. Elle préfère haraï-goshi, uchimata et autres prises patiemment apprises et répétées jusqu’à l’aisance. Certains noms lui sont encore méconnus, mais figurent à son programme pour l’année à venir. À côté d’un deuxième dan, grade supplémentaire qui lui sera remis au vu de l’exécution de katas (enchaînements), elle planche sur la réglementation technique du judo pour enseigner. Kelly vise le coup double en 2012 : le brevet professionnel d’abord, et à l’issue d’un stage intensif d’un mois cet été, le professorat de judo. Aînée de trois filles, elle a ouvert la « voie de la souplesse » (signification de judo, en japonais) à ses cadettes, Tori et Stessi. Aujourd’hui, toutes les trois sont licenciées du judo-club de Saint-Pol-sur-Ternoise, mais les rivalités ne sont pas de mise. Tout au plus, Kelly note-t-elle une différence dans la place faite aux coupes et médailles. Les siennes sont bien en vue dans un petit meuble, quand une autre les glisse sous son lit ! « Mes parents ont su nous accompagner, sans que les enjeux des compétitions soient écrasants. » Elle leur sait gré d’avoir été présents pour les encouragements, « mon père n’hésitait pas à me suivre à vélo quand je courais », et respectueux de leurs désirs. « Ma seconde sœur avait des dispositions pour le haut niveau, elle ne voulait pas continuer, ils ne l’ont pas forcée. » L’esprit du judo, fait de respect mutuel est naturellement présent dans la famille Lhomme. Kelly y puise sa force. Et son équilibre.
Kelly Lhomme
Âge : 21 ans.
Formation : en 2e année de BP (CFA de Douai).
Lieu d’exercice : Isbergues (Pas-de-Calais).
Ce qui la motive : faire des découvertes et profiter de la vie.
portrait chinois
• Si vous étiez un végétal ? Une rose rouge – c’est la couleur la plus belle –, pour le côté « belle fleur » avec des épines. Sous des abords « jolis », je peux être piquante !
• Une forme galénique ? Une poudre comme le talc. Sa finesse lui permet de se mélanger à tout. Je me mélange à tout pour connaître. Je n’ai aucun préjugé.
• Un médicament ? Contre la timidité. Le judo m’a un peu aidée, mais je ne peux pas changer. En revanche, au judo, je suis totalement différente, je ne suis pas impressionnée par le public, j’ai envie de montrer de belles choses.
• Un dispositif médical ? Un thermomètre car je monte vite en température. La timidité me rend susceptible et je pars au quart de tour. Le judo catalyse cette température, il faut que ça bouge.
• Un vaccin ? Contre la vieillesse et la mort. J’ai envie de tout faire et d’avoir une vie sans fin, éternelle.
• Une partie du corps ? Les jambes parce que j’en ai besoin dans le sport et au quotidien pour l’appui. Je bouge tout le temps.
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