La méningite en dix questions

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Publié le 26 janvier 2002
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L’épidémie de méningite apparue dans le Puy-de-Dôme remet sur le devant de la scène une affection qui semble familière et qui reste pourtant peu ou mal connue. Voici les principaux éléments d’information qui vous permettront de répondre aux interrogations de vos patients.

La survenue de six cas d’infections à méningocoque C dans le Puy-de-Dôme, particulièrement graves et ce dans un délai court de sept semaines, a conduit le ministre délégué à la Santé Bernard Kouchner à proposer une campagne de vaccination ciblée. Déjà, plus de 7 000 personnes ont été traitées. Le programme, lancé en fin de semaine dernière, doit permettre de vacciner près de 80 000 personnes âgées de deux mois à vingt ans dans 84 communes du département. L’occasion de faire le point sur une pathologie dont l’incidence en France se situe autour de un cas pour 100 000 habitants et qui a touché 670 personnes en 2001.

1- Qu’est-ce que la méningite ?

La méningite est une inflammation atteignant les méninges, c’est-à-dire les membranes recouvrant l’encéphale et la moelle épinière. Il faut distinguer les méningites d’origine virale (70 à 80 % des cas), qui sont généralement bénignes avec un rétablissement spontané et rapide dans la plupart des cas, et les méningites d’origine bactérienne (20 à 30 % des cas) qui sont beaucoup plus graves, leur évolution spontanée étant pratiquement toujours mortelle. La méningite touche au moins 1,2 million de personnes chaque année dans le monde. 135 000 cas sont mortels.

2- Quelles sont les caractéristiques de la méningite virale ?

Environ 80 % des méningites virales identifiées sont déclenchées par des Entérovirus (Echovirus, Coxsackie). Les virus du groupe Herpès, le Cytomégalovirus, le virus d’Epstein-Barr ou les virus varicelle-zona peuvent également être mis en cause. Les signes cliniques sont les mêmes que pour les méningites bactériennes (fièvre, céphalées, vomissements, raideur de la nuque) mais l’état général est peu altéré. Les méningites virales guérissent spontanément en trois à huit jours et ne nécessitent pas de traitement particulier.

3- Quelles sont les caractéristiques de la méningite bactérienne ?

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Les méningites bactériennes sont dues à des bactéries pyogènes et principalement à trois germes : Hæmophilus influenzæ b, méningocoque et pneumocoque. La plupart de ces méningites sont imputables au méningocoque. La méningite méningococcique, déclenchée par la bactérie Neisseria meningitidis, est la seule forme de méningite bactérienne qui provoque des épidémies. Les souches A, B, C, Y et W135 sont à l’origine de 99 % des cas de méningites cérébrospinales. Le sérogroupe A est à l’origine d’épidémies touchant des centaines de milliers de personnes dans « la ceinture africaine de la méningite » allant de l’Ethiopie jusqu’au Sénégal.

En France, en 2000, sur les 497 cas recensés, 66 % des infections à méningocoques étaient dues au sérogroupe B (contre 19 % dues au sérogroupe C et 10 % au sérogroupe W135).

Le taux de létalité est compris entre 5 et 10 % et peut dépasser les 50 % en l’absence de traitement. Les méningococcies fulminantes ou purpura fulminans, septicémies d’évolution rapide, sont responsables de 30 % des décès dus aux infections. Outre la mortalité, 15 à 20 % de ceux qui survivent souffrent de séquelles neurologiques.

4- Quel est son mode de transmission ?

La bactérie Neisseria meningitidis n’est retrouvée ni chez l’animal, ni dans le milieu naturel et ne survit pas dans le milieu extérieur. La transmission ne peut être donc qu’interhumaine et directe de personne à personne par une exposition proche (moins de un mètre) et répétée aux sécrétions oropharyngées contaminantes. Les mesures préventives autour d’un malade visent donc à traiter les personnes pouvant être contaminées par la personne malade, même si l’on sait que le risque de contracter la maladie est très faible pour ces personnes.

5- Comment se déclare la maladie ?

Dans la majorité des cas, lorsqu’une personne est contaminée, on observe une simple colonisation de la gorge et du nez, sans autre conséquence. Cette personne est dite « porteur asymptomatique » pour une durée variable, de quelques jours à quelques semaines, voire plusieurs mois. Le taux de porteurs asymptomatiques est lui aussi très variable d’une population à l’autre et d’une période de l’année à l’autre. La survenue de la maladie est exceptionnelle et les raisons de son déclenchement méconnues. Certaines souches seraient plus aptes que d’autres à provoquer une infection systémique, il existerait également une susceptibilité individuelle et des facteurs favorisants, comme la grippe.

6- Quelles sont les personnes principalement atteintes ?

Les infections à méningocoques atteignent surtout les enfants et adolescents. Sur les 3 301 cas déclarés entre 1990 et 1999 en France, 15 % sont survenus chez des enfants âgés de moins de un an, 26 % chez les 1-4 ans, 12 % chez les 5-9 ans, 8 % chez les 10-14 ans, 15 % chez les 15-19 ans et 24 % chez les 20 ans et plus.

7- Quels sont les symptômes ?

Apparition brutale de céphalées, avec fièvre, nausées, vomissements accompagnés d’une raideur de la nuque, de photophobie, de troubles de la conscience, d’un coma et/ou de convulsions. Ces symptômes sont moins marqués chez les nouveau-nés. La ponction lombaire est la clé du diagnostic. Seule l’analyse du liquide céphalorachidien permet de déterminer si la maladie est virale ou bactérienne

8- Quels sont les traitements disponibles ?

Tout malade présentant des signes infectieux à l’examen clinique doit immédiatement recevoir une première dose d’un traitement antibiotique approprié aux infections à méningocoques, administrée si possible par voie intraveineuse, sinon par voie intramusculaire. Il s’agit de la ceftriaxone, du céfotaxime ou, à défaut, de l’amoxicilline. Le malade doit être transféré d’urgence à l’hôpital. Pour prévenir le développement de la souche pathogène, l’entourage du malade peut recevoir une antibiothérapie à base de rifampicine ou de spiramycine en cas de contre-indication

9- Et la vaccination ?

Seule la vaccination préventive contre les méningocoques du groupe A, C, Y ou W135 est possible. Il n’existe pas de vaccination contre ceux du groupe B. Deux types de vaccins sont actuellement disponibles en France, le vaccin antiméningococcique A + C et le vaccin tétravalent A/C/Y/W135 qui est disponible dans le cadre d’une autorisation temporaire d’utilisation de cohorte.

Le Prevenar, vaccin antipneumococcique, et le Méningitec, vaccin antiméningococcique du groupe C (Wyeth-Lederlé), utilisé dans le Puy-de-Dôme, ne sont pas remboursés.

L’immunité apparaît en moyenne dix jours après la vaccination et dure environ trois à quatre ans.

10- Faut-il vacciner systématiquement ?

« En dehors des circonstances précises du Puy-de-Dôme, la vaccination n’est pas recommandée », explique le ministère, même si la Direction générale de la santé reconnaît que le débat est ouvert.