Faut-il avoir peur de notre environnement ?

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Publié le 12 septembre 2009
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Antennes relais, incinérateurs, centrales nucléaires… les polémiques et les controverses scientifiques se multiplient concernant les conséquences sanitaires liées à un environnement de plus en plus mal maîtrisé. Mais vos clients, eux, réclament des réponses précises et des conseils.

Vous êtes de plus en plus souvent confrontés aux questions de votre clientèle sur les risques sanitaires liés à l’environnement. Un peu plus d’un confrère sur deux se dit en effet « fréquemment », « régulièrement » ou « de temps en temps » interrogé sur le sujet selon un sondage Direct Medica réalisé spécifiquement pour notre grand débat du mois. Et vous êtes 98 % à considérer que le pharmacien d’officine a un rôle à jouer dans le domaine de la santé environnementale, notamment en participant à des campagnes d’information et de prévention, en collectant des MNU ou encore en référençant des gammes bio. La conscience professionnelle est donc là. Reste un problème essentiel : celui de l’information scientifiquement validée sur tous ces problèmes de santé et d’environnement car selon un autre sondage réalisé pour le compte du laboratoire Actavis au début de cette année, 65 % des officinaux ne se sentent pas suffisamment informés pour répondre aux questions de leurs clients. Comment s’y retrouver alors que règnent désinformation et idéologie ? Ce dossier, élaboré avec l’équipe de Net-sante-environnement.fr, est destiné à vous y aider.

L’AIR QUE NOUS RESPIRONS CHEZ NOUS EST-IL DANGEREUX POUR NOTRE SANTÉ ?

OUI

Fut un temps, seule la pollution extérieure – rejets acides des centrales à charbon, dégagements divers des usines métallurgiques ou chimiques, gaz d’échappement… – semblaient nous menacer. Le logement, lui, apparaissait comme un refuge contre toutes ces émanations délétères. Nous savons maintenant que l’air de notre domicile, mais aussi dans les bureaux ou les écoles, peut être nuisible pour notre santé. Il serait même plus dangereux que l’air extérieur !

En effet, ce que nous respirons dans des locaux fermés, c’est de l’air extérieur auquel s’ajoute toute une série de polluants (solvants, dioxines…). Cette prise de conscience est toute récente alors que nous passons en moyenne plus de 90 % de notre temps dans un espace clos ou semi-clos ! La première recommandation est donc d’aérer régulièrement son logement ou son bureau, dix minutes chaque jour étant le strict minimum.

Si les intoxications aiguës dues aux émissions de monoxyde d’azote sont bien connues (6 000 hospitalisations, 300 décès chaque année), les chaudières à gaz ou au fuel mal réglées sont aussi à l’origine d’intoxications plus pernicieuses, dont les effets ne se font sentir qu’après de longues années d’exposition. Beaucoup plus dangereux encore, le feu de cheminée génère un cocktail de dioxines et de particules. Là encore, il faut penser à aérer après la veillée !

Les interrogations se portent aujourd’hui sur les meubles (en bois aggloméré notamment) ou les moquettes collées, qui exhalent tout au long de leur vie des solvants. A faible dose, certes, mais certains se révèlent cancérigènes ou affectent la reproduction. Attention donc aux femmes enceintes et aux jeunes enfants, notamment.

Attention aussi aux produits de bricolage (peintures, colles, vernis, vitrifiants, cires, décapants, diluants, laques…) ou à certains matériaux de construction (laines de verre, de roche…) qui peuvent dégager des éléments toxiques pendant et après les travaux. Il n’est donc pas recommandé de peindre la chambre de bébé juste avant le retour de la maternité !

Enfin, n’oublions pas que le tabac reste de très loin la première des pollutions de l’air, à l’extérieur comme à l’intérieur. Une étude milanaise a montré que les rues piétonnes fournies en restaurants étaient davantage polluées en particules fines que les grands axes de circulation. En France, on a mesuré sur les terrasses de cafés des taux de particules allant jusqu’à 160 000 par cm3, soit deux fois la valeur mesurée sur une autoroute chargée ! La directive européenne 2008/50/CE fixe un seuil maximal de 40 000 pour 2020. En moyenne, les terrasses de cafés couvertes sont ainsi six fois plus polluées en particules qu’une rue parisienne. Chez soi, quitte à fumer, il vaut donc mieux aussi le faire à l’extérieur…

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Pour sensibiliser les Français aux dangers liés à la pollution de l’air intérieur, le ministère de la Santé et l’INPES ont conçu le site http://www.prevention-maison.fr ainsi qu’un guide en parallèle d’une campagne grand public.

LES ANTENNES RELAIS SONT-ELLES DANGEREUSES POUR LA SANTÉ ?

NON

Dans plusieurs décisions récentes, certains juges ont ordonné le démontage d’antennes ou interdit leur installation au nom d’un principe de précaution. Avec un effet médiatique garanti.

Face à la phobie qui s’ensuit, la position de la communauté scientifique est bien résumée par Denis Zmirou, responsable du département de santé environnementale de l’Ecole nationale de santé publique : « Il n’y a pas aujourd’hui de risque connu lié au champ électromagnétique extrêmement bas des antennes relais. » Et de rappeler que « les antennes de téléphonie mobile entraînent une exposition aux champs électromagnétiques 100 à 100 000 fois plus faible que les téléphones portables ». De son côté, l’Académie de médecine souligne que l’« on ne connaît aucun mécanisme par lequel les champs électromagnétiques dans cette gamme d’énergie et de fréquence pourraient avoir un effet négatif sur la santé ». L’OMS et le Scenihr (Comité sur les risques émergeants de la Commission européenne) se sont aussi prononcés sur leur absence de risque.

Côté opposants, on argumente que l’on peut choisir d’utiliser ou non son portable alors que l’exposition aux antennes relais est non voulue. Leur bible ?… Le rapport BioInitiative. L’association Robin des toits le présente comme « la preuve scientifique définitive des dangers pour la santé de la téléphonie mobile ». Ce rapport est en fait une compilation d’études scientifiques dont les données sont assez torturées pour devenir alarmistes. A noter que son auteur principal, l’Américaine Cindy Sage, dirige Sage EMF Design, une société de conseil contre les dangers des ondes promouvant divers appareils à bas champ… L’Agence européenne de l’environnement et le Parlement européen, comme certains juges français, se sont néanmoins appuyés sur ce rapport pour proposer des mesures contre les antennes.

En réalité, si l’on voulait vraiment appliquer le principe de précaution, c’est l’interdiction des portables pour les enfants et adolescents qu’il faudrait décréter. Car il y aurait en revanche un risque éventuel à l’utilisation massive des portables, notamment pour des cerveaux en plein développement. En juillet, le Sénat les a ainsi interdits dans les écoles primaires. Mais il est évidemment beaucoup plus facile de s’attaquer à des antennes que de priver les ados de leurs portables !

LES CENTRALES NUCLÉAIRES PROVOQUENT-ELLES DES LEUCÉMIES ?

NON

La leucémie infantile est rare (470 cas pour 12 millions de Français de 0 à 14 ans). Mais elle fait peur car son apparition reste inexplicable dans 90 % des cas. Les rares facteurs de risque connus sont la trisomie 21, l’anémie de Fanconi, la prise de médicaments alkylants utilisés dans les chimiothérapies et l’exposition à de fortes doses de rayonnements ionisants.

Du fait de ce dernier facteur, toute leucémie intervenant à proximité d’une centrale nucléaire est immédiatement suspectée d’être liée aux radioéléments qui y sont manipulés. D’où le grand intérêt des scientifiques sur ce thème : il existe plusieurs centaines d’articles de recherche ou de rapports qui l’abordent.

Sur 198 sites nucléaires étudiés, 3 présentent des fréquences de leucémie statistiquement supérieures à la moyenne : à Sellafield (Angleterre), Thurso (Ecosse) et Kruemmel (Allemagne). On a aussi soupçonné l’usine de La Hague en 1995. Mais à l’examen, ce nombre de cas plus élevé que la normale se révéla fortuit et tend d’ailleurs à disparaître avec les années. Selon le Pr Spira, dans un rayon de 35 km autour du site de La Hague, la fréquence des leucémies observées de 1978 à 1998 chez les moins de 25 ans est de 38 pour 36,93 cas attendus normalement…

Lorsqu’on établit une cartographie de la leucémie infantile, on observe que les excès localisés se forment en « tâches de léopard », sans aucun rapport avec la présence ou l’absence de sources de risque.

L’hypothèse infectieuse reste la plus probable

Les épidémiologistes ayant étudié de près les leucémies autour de sites nucléaires ont travaillé sur trois hypothèses :

– un lien avec l’exposition environnementale due aux rejets radioactifs ou chimiques de ces usines ;

– un lien avec l’exposition des pères aux rayonnements ionisants avant la conception des enfants ;

– et l’hypothèse d’une cause infectieuse, liée au brassage des populations associé aux grands travaux.

La première hypothèse a été infirmée par les études et par l’observation : la radioactivité rejetée par les usines nucléaires ne représente qu’une faible fraction de la radioactivité naturelle. Même si l’on supposait que ces très faibles doses puissent provoquer des leucémies (ce qui n’a jamais été démontré), cela ne permettrait pas d’expliquer les observations.

La deuxième hypothèse a semblé un moment confirmée par les chiffres de Sellafield. Elle est désormais infirmée par les nombreuses études qui ont suivi.

Reste donc l’hypothèse infectieuse : c’est la seule qui résiste à l’examen des faits et qui se trouve confortée par plusieurs résultats épidémiologiques. Cependant, le ou les agents infectieux ne sont pas à ce jour identifiés.

La leucémie infantile reste donc un mystère. Mystère que les spécialistes espèrent lever grâce à des registres du cancer mieux tenus, non plus seulement basés sur la mortalité mais aussi sur la morbidité.

L’OZONE EST-IL DANGEREUX ?

OUI !

L’OMS considère que les deux polluants les plus préoccupants pour la santé sont les particules en suspension et l’ozone, soit un « risque sanitaire grave ». Largement lié au trafic routier, l’ozone est généré par la présence dans l’air de composés organiques volatils et d’oxydes d’azote interagissant sous l’effet d’un fort ensoleillement notamment en période anticyclonique. Il se déplace sur de longues distances et concerne donc aussi bien les zones urbaines que rurales. Sa concentration est ainsi souvent supérieure dans la forêt de Fontainebleau qu’à Paris !

Ce gaz oxydant pénètre jusque dans les voies respiratoires les plus fines, peut réagir sur les composants cellulaires et affecter les capacités respiratoires des enfants, surtout avant 7 ou 8 ans. Les personnes souffrant de maladie respiratoire et/ou cardiovasculaire (tout particulièrement si elles sont âgées) y sont aussi sensibles, comme les asthmatiques chez qui l’ozone diminue leur seuil de réactivité aux allergènes. Le suivi de traitement est impératif en période de pollution ! Les avertissements « Pics d’ozone » ne doivent donc pas être pris à la légère chez ces groupes de population. Les symptômes les plus fréquents sont la toux, la gêne respiratoire, l’irritation de la gorge ou des yeux.

Il faut évidemment éviter d’y ajouter d’autres facteurs irritants (contacts de fumeurs, travaux de peintures…). Le Pr Aubier, pneumologue, conseille aussi aux personnes à risque « d’éviter l’exercice physique ». Même les gens non sensibles doivent le pratiquer avec modération en période d’alerte et privilégier la pratique en salle. Le pic d’ozone est d’ailleurs l’un des rares cas où la pollution est plus importante à l’extérieur. Même si aérer son logement reste recommandé.

Si des seuils d’alerte sont définis pour chaque polluant atmosphérique, des effets cocktails sont désormais démontrées pour l’ozone. Par exemple son exposition combinée au dioxyde de soufre, même en dessous des concentrations limites pour chacun des deux polluants, entraîne une bronchoconstriction.

LES DIOXINES ISSUES DES INCINÉRATEURS PEUVENT-ELLES PROVOQUER DES CANCERS ?

OUI ET NON

Oui, car des études épidémiologiques l’ont clairement établi. Non, car il ne concerne que les incinérateurs des années 70 aujourd’hui disparus, qui émettaient de fortes quantités de dioxines. Mais cette distinction n’est pas encore admise dans le grand public.

Il faut dire que le passé est lourd. Dans une étude publiée en 2000, l’épidémiologiste Jean-François Viel a démontré qu’il existait un risque plus élevé de développer certains types de cancers chez les riverains de l’incinérateur municipal de Besançon. Celui de développer un lymphome malin non hodgkinien était ainsi 2,3 fois plus important. Le scientifique a aussi démontré un risque plus élevé pour les sarcomes des tissus mous. Une autre étude française menée par l’Institut national de veille sanitaire (InVS), montrait également une augmentation significative du risque de plusieurs cancers pour des personnes exposées dans les années 70-80. Depuis lors, il a été imposé aux incinérateurs de déchets ménagers des normes aussi sévères que celles qui étaient appliquées aux incinérateurs de déchets industriels : le taux de dioxine doit rester inférieur à 0,1 ng par mètre cube d’air en sortie de cheminée.

Attention aux feux de cheminée, aux poêles à bois…

Le toxicologue Jean-François Narbonne, professeur à l’université de Bordeaux, fut l’un des premiers opposants aux incinérateurs, dénonçant leur impact sanitaire. Aujourd’hui, il apparaît rassurant : « Nous avons tous les éléments pour prouver que la surexposition aux dioxines chez ceux qui habitent autour d’une centrale d’incinération n’existe plus. La dioxine est parfaitement contrôlée par les filtres. » L’exposition des Français aux dioxines a donc très nettement diminué : « Aujourd’hui, nous avons éliminé les principales sources qui étaient la métallurgie et les incinérateurs. On retrouve donc les sources que l’on disait autrefois secondaires et qui deviennent importantes : les chaudières à bois, les feux de cheminée des ménages et les crématoriums. » C’est le cas à Besançon, la ville même où le Pr Viel démontrait l’existence d’une relation entre incinérateur et développement de cancers : les deux plus grosses sources de dioxine aujourd’hui sont le crématorium et la chaufferie à bois flambant neuve, située… juste à côté de la nouvelle usine d’incinération.

Les incinérateurs aux normes depuis 2005

Une autre étude de l’InVS (2005) compare l’imprégnation par les dioxines – mais aussi par le plomb et le cadmium – de personnes exposées et non exposées aux émissions des incinérateurs. Les chercheurs n’ont pas trouvé de différence significative. Ce sont surtout les facteurs personnels (par exemple la présence d’un poêle à bois ou d’une cheminée ouverte dans le logement) et alimentaires (consommation de poisson) qui influencent le niveau de dioxines retrouvé dans le sang. Autour des incinérateurs hors normes, on retrouvait également une population avec un niveau de dioxines supérieur, à savoir les gens qui consommaient des produits locaux et surtout les agriculteurs.

Depuis fin 2005, tous les incinérateurs doivent être aux normes et les experts de santé publique considèrent ce problème sanitaire résolu. L’InVS conclut ainsi qu’« à l’avenir, il [sera] plus utile d’orienter les travaux de santé environnementale vers […] d’autres sources de pollutions industrielles moins réglementées que ne le sont les incinérateurs de déchets ménagers. »

TCHERNOBYL A-T-IL ENTRAINÉ DES CANCERS DE LA THYROÏDE EN FRANCE ?

NON. EN TOUT CAS PAS CHEZ LES ADULTES

Infondée, la rumeur court toujours. L’accident de Tchernobyl aurait provoqué de nombreux cancers de la thyroïde en France.

Pourtant les doses de rayonnement reçues en France suite à l’explosion de 1986 ont été très faibles : au maximum 0,4 milliSievert (mSv) dans les régions de l’Est et la Corse. Par comparaison, l’irradiation naturelle à Paris est de 2,5 mSv par an. En Bretagne ou dans le Limousin, ce chiffre double. Si l’on intègre la dose due à Tchernobyl sur les dix années suivantes, on aboutit à 0,7 mSv. Un chiffre à comparer à la dose due à la radioactivité naturelle de 25 mSv sur la même période. Ainsi, un Vosgien ayant déménagé en Bretagne pour éviter les retombées de Tchernobyl aurait fait une bien mauvaise opération : il aurait augmenté sa dose de 25 mSv pour en éviter 0,3 à 0,4.

Même en cas de forte irradiation naturelle (au Kerala (Inde), on atteint 70 mSv), on n’a jamais pu mettre en évidence d’augmentation des cancers. La dernière étude du Centre international de recherche sur le cancer (ONU), portant sur 600 000 travailleurs du nucléaire dans le monde entier, indique qu’il n’y a pas d’excès de risque significatif en desous de 100 mSv. Celles menées sur 220 000 radiologues (10 à 50 mSv par an) ou sur 47 000 membres du personnel navigant (1,5 à 6 mSv par an) aboutissent au même résultat : les faibles doses n’aggravent pas le risque de cancer.

Davantage cancers dans les régions moins touchées…

Pourtant, entend-on, les cancers de la thyroïde ont fortement augmenté après 1986. Ceci est tout à fait exact ! Mais cette augmentation est mesurable depuis le début des années 70, sans accélération après 1986, et de façon beaucoup plus marquée chez les femmes que chez les hommes, ce qui va plutôt à l’encontre d’une cause environnementale. Par ailleurs, l’augmentation est aussi enregistrée dans un pays comme le Canada, totalement épargné par les retombées de Tchernobyl ! Enfin, en France même, les registres du cancer montrent que celui de la thyroïde a quadruplé dans le Calvados quand il n’a que doublé dans le Bas-Rhin, bien plus touché par les retombées de Tchernobyl. La France est d’ailleurs au 22e rang mondial pour l’incidence du cancer thyroïdien. En résumé, si le nuage a bien circulé sur notre territoire, les conséquences sanitaires furent nulles.

La panique a fait des dégâts

Autre rumeur, les autorités françaises auraient menti sur le passage du nuage. En fait, comme cela a été établi dans de nombreux tribunaux, elles ont bien déclaré le passage du nuage tout en précisant qu’il ne représentait pas de danger sanitaire. Les mouvements antinucléaires avaient alors dénoncé le manque de mesures de protection prises en France. En comparaison, l’Allemagne avait pris des mesures allant jusqu’à l’interdiction de jouer dans les bacs à sable ou la restriction de consommer certains produits ! La panique générée par ces mesures a eu des conséquences psychiques difficilement mesurables. Cependant, l’Europe occidentale a connu à ce moment des dizaines de milliers d’avortements. Au point d’alarmer le ministère allemand de la Santé. La presse grecque titrait sur les risques de malformations… la courbe des naissances y a connu une baisse marquée en mai-juin 1986. En Italie, les naissances ont également diminué… avec neuf mois de décalage (- 7,2 % en février 1987). Une chute encore plus forte fut observée en Pologne. On retrouve des effets similaires en Norvège, en Suède ou au Danemark. Dans ce pays, le Dr Knudsen, de l’Office national de la Santé, affirme que « le débat public et l’anxiété chez les femmes enceintes et leurs maris ont « provoqué » plus de morts foetales que l’accident lui-même ». Une leçon à tirer : la panique et l’application irraisonnée du principe de précaution peuvent avoir des conséquences néfastes.

Sondage directmedica

Sondage réalisé par téléphone le 24 et 25 juillet 2009 sur un échantillon de 100 pharmaciens titulaires représentatif de la population des pharmacies françaises en fonction de la répartition géographique et du chiffre d’affaires de l’officine

Des questions très ponctuelles

Vos clients vous interrogent-ils sur les risques liés à l’environnement pour leur santé (cancers, allergies…) ?

Docteur es environnement !

Le pharmacien d’officine a-t-il un rôle à jouer dans le domaine de la santé environnementale ?…

…Si oui, comment ?

A vos détecteurs de polluants !

Pensez-vous que les pharmaciens seront amenés à vendre dans le futur de plus en plus de produits liés à la santé environnementale (détecteurs de polluants, procédés de traitement de l’eau et de l’air domestique, produits « dépolluants », masques…) ?

« Biotiful »…

Pensez-vous que dans le futur les industriels mettront sur le marché des médicaments avec l’appellation « bio » (suppression systématique des conservateurs, excipients bio…) ?

Conseillez-vous de plus en plus de produits bio ?

Pour vous, les produits bio apportent-ils un vrai plus pour la santé ?

Des sources très académiques

Vous-même, vers quelle source allez-vous lorsque vous avez besoin d’informations sur ce sujet ?

Les écolos en question

Considérez-vous que les groupes écologistes soient crédibles en matière de santé-environnement ?

Journalistes au pilori

Et les médias ?

La prévention avant tout

Quels sont le ou les domaines liés à l’environnement dans lesquels le grand public a particulièrement besoin de vos conseils ?

A qui faire confiance ?

En matière de santé environnementale, on retrouve d’abord les études scientifiques proprement dites, publiées dans des revues à comité de lecture. Ensuite les rapports d’expertise de l’ONU et de ses différentes agences, notamment l’OMS. Mais aussi ceux des organismes européens ou nationaux. Ces rapports indiquent toujours comment les données ont été obtenues pour que l’on puisse en contrôler la validité.

Enfin, les associations diffusent des informations, mais souvent sans donner la méthode utilisée pour les obtenir ni les éléments permettant d’en contrôler la fiabilité. Emportées par la passion militante, elles ne citent bien souvent que les éléments « à charge ».

Or tous les spécialistes insistent sur le fait qu’une étude épidémiologique, à elle seule, ne prouve rien.

La santé environnementale est un sujet grave car les populations concernées sont importantes. Cependant, les risques sont généralement faibles, voire très faibles. Il faut donc plusieurs études convergentes pour établir avec certitude un lien de cause à effet entre l’exposition à un agent chimique ou physique et un détriment sanitaire.

Nous avons donc choisi dans ce dossier de ne nous appuyer que sur les sources du premier ou du deuxième type.

UFC-Que Choisir se lance dans la bataille de l’air

« Il y a péril en la demeure », alerte Alain Bazot, directeur de l’UFC-Que Choisir, qui se met en ordre de bataille en vue du Grenelle 2 de l’environnement sur le thème de la pollution de l’air intérieur.

Selon l’association de consommateurs, il serait 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur et 2 fois plus en milieu rural qu’en ville (soit 1 164 mg de composés organiques volatiles (COV) par mètre cube à la campagne contre 532 mg/m3 en ville pour l’air intérieur, et 120 mg/m3 en moyenne pour l’air extérieur). L’UFC-Que Choisir déplore qu’aucune norme n’existe en la matière dans notre pays quand l’Allemagne et les Etats-Unis ont mis en place des réglementations « qui s’accordent pour considérer le seuil de 200 mg/m3 comme un seuil de confort ».

Et l’association d’énumérer un certain nombre de ses tests récents ayant mis en cause des produits de consommation courante pour leurs émanations nocives :

– colles de moquette (relargant du toluène, du phénoxyéthanol, du formaldéhyde, du DEGBE) ;

– désodorisants d’intérieur tels que les muscs artificiels, bougies parfumées, encens, diffuseurs électriques, etc., qui diffusent perturbateurs endocriniens, benzène, formaldéhyde, styrène, naphtalène, toluène, xylènes, BHT, acétaldéhyde… ;

– peintures (dont 80 % dégageaient 2 000 mg de COV/m3 en 2003) ;

– nettoyants ménagers ;

– vitrificateurs (acides affectant la fertilité) ;

– commodes en bois aggloméré (formaldéhyde, butylglycol, fort taux de COV) ;

u dalles PVC, vinyles, sols stratifiés, parquets contrecollés (grands pourvoyeurs de COV, de formaldéhyde).

« Nous nous sommes même aperçus dans notre enquête de mai sur les peintures de salles de bain et cuisines, que certaines, incluant des substances nocives, avaient obtenu la norme NFenvironnement, lance Gilbert Rieu, administrateur de l’UFC-Que Choisir. Le formaldéhyde est considéré comme cancérigène depuis 2004 quel que soit la quantité d’émission, or rien n’a été fait depuis », ajoute-t-il à titre d’exemple.

Sans attendre 2018 et l’évaluation de quelque 30 000 substances chimiques dans le cadre de l’accord REACH, l’UFC-Que Choisir souhaite donc que des mesures soient prises sur les produits de grande consommation dans le Grenelle 2 :

– interdiction d’utiliser les substances connues comme cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques, ainsi que des perturbateurs endocriniens ;

– obligation pour les industriels de réaliser des tests d’émission, fixation d’une norme d’émission totale à ne pas dépasser (200 mg de COV/m3) ;

– signaler dans l’étiquetage la présence de toute substance potentiellement dangereuse afin de perpettre au consommateur d’acheter en connaissance de cause ;

– et, dans l’attente de ces mesures : incitations fiscales pour équiper les foyers de ventilations motorisées contrôlées double flux.

En outre, l’association renvoie les consommateurs à son numéro de mai de Que Choisir Santé qui donne un certain nombre de réflexes à acquérir au quotidien pour limiter ces pollutions intérieures.

A SAVOIR

Les « conseillers environnementaux »

sont promus par la loi portant sur le Grenelle 1 de l’environnement. Une « piste intéressante » selon l’UFC-Que Choisir. L’intervention de ces conseillers peut même être prise en charge, sur prescription médicale, en cas de suspicion de maladie d’étiologie environnementale. Double problème : les médecins ne connaissent pas leur existence et… il n’y a qu’une soixantaine de ces conseillers en France !

Net SE, une Web TV pour s’informer en continu

Lancé en octobre dernier, le site http://www.net-sante-environnement.fr s’adresse principalement aux professionnels de santé : médecins, infirmières,

vétérinaires et bien sûr pharmaciens. Il propose des éléments de réponse et

de réflexion concernant les risques sanitaires éventuels liés aux bouleversements environnementaux : interviews d’experts, d’industriels,

d’institutionnels, reportages, analyses, actualités et bibliographies vous

permettront d’y voir plus clair.

Pas de cas adultes, même à Hiroshima !

Une association française de malades souffrant du cancer de la thyroïde a été créée suite à Tchernobyl. Elle accuse les autorités de l’époque et notamment le Pr Pellerin, une sommité mondiale de la radioprotection qui dirigeait en 86 le Service de protection contre les rayonnements ionisants. Celui-ci paye les erreurs de communication du gouvernement de l’époque.

La juge Bertella-Geoffroy a ouvert 2001 une instruction suite à la plainte conjointe de cette association et de l’association anti-nucléaire CRIIRAD. Affaire qui traîne en longueur. Le Pr Pellerin est aujourd’hui âgé de 86 ans…

Dans une lettre ouverte publiée le 19 novembre 2005, 52 médecins et spécialistes de la thyroïde estimaient que « ces malades français sont les otages d’un lobby antinucléaire et juridicomedical ». Et de souligner qu’en Ukraine et en Biélorussie, seuls les enfants ont été atteints, à 80 % des moins de 5 ans et à 98 % moins de 10 ans. Aucune augmentation des cancers de la thyroïde n’a été enregistrée chez les adultes, pas plus qu’à Hiroshima ou Nagasaki. Or la plupart des plaignants français étaient adultes en 1986. Mais quid des enfants ? En s’appuyant sur un modèle théorique (leur risque de cancer serait proportionnel à la dose reçue par la thyroïde, aussi faible soit-elle), l’InVS a estimé qu’entre 1991 et 2015, le nombre de cancers en excès pourrait être compris entre 0 et 55. Sachant que dans la même population, on s’attend sur cette période à environ 900 cancers thyroïdiens spontanés, il sera quasi impossible de détecter une éventuelle augmentation liée à Tchernobyl. Si on ne peut complètement l’exclure, elle sera de toute façon extrêmement faible.