Encore un rhume !

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Publié le 20 octobre 2001
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D’une extrême banalité chez le nourrisson et le jeune enfant, le rhume n’en reste pas moins une pathologie à ne pas négliger afin d’éviter d’éventuelles complications.

Une maladie d’adaptation

Les rhinopharyngites sont très fréquentes chez l’enfant : en moyenne 7 à 8 rhumes par an jusqu’à l’âge de 6-7 ans. De quoi décourager certains parents !

– Indispensable rhume !

Les rhinopharyngites de l’enfant font partie des « maladies d’adaptation », processus normal d’acquisition de la maturité immunologique.

A la naissance, l’enfant naît sans défense propre. Durant les premiers mois, il est protégé par les anticorps maternels transmis durant la grossesse. Ces anticorps, éventuellement renforcés par ceux apportés par l’allaitement maternel, disparaissent progressivement. Vers l’âge de six mois, l’enfant se retrouve sans défenses immunitaires, et donc extrêmement sensible aux infections environnantes. L’acquisition d’un capital de défense autonome demande plusieurs années. Passé ce délai d’apprentissage, un état immunitaire compétent est acquis, expliquant la moindre fréquence des infections ORL après 5-6 ans.

Une étiologie essentiellement virale

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Les rhinopharyngites sont des infections du rhinopharynx essentiellement virales, pouvant mettre en cause près de 200 virus différents. Une origine bactérienne est présente dans moins de un quart d’entre elles. Chez les enfants entre 6 mois et 8 ans, les rhinopharyngites sont liées à l’inflammation des végétations adénoïdes qui représentent, avec les amygdales, le premier site d’interactions entre le système immunitaire et les antigènes (virus, bactéries…).

Une contamination par contact direct

Les rhinopharyngites sont souvent transmises par contact direct avec une personne déjà infectée. Elles sont donc plus fréquentes lors d’une vie en collectivité (crèche, école).

Les facteurs favorisants sont nombreux

Outre la collectivité et les concentrations urbaines, le tabagisme parental, la pollution atmosphérique (un appartement au rez-de-chaussée concentre davantage les poussières), le mode de chauffage du lieu d’habitation (électrique desséchant l’air) prédisposent aux infections ORL.

Certains facteurs augmentant la fréquence des infections relèvent d’une prise en charge par un médecin : reflux gastro-oesophagien, carence martiale, déficits immunitaires, terrain allergique.

Les signes cliniques

Pendant longtemps, le « nez qui coule jaune » a été associé à une surinfection bactérienne, synonyme pour les parents d’une indispensable prescription d’antibiotiques. Pourtant, il s’agit de l’évolution naturelle du rhume. Reste à en persuader l’entourage.

Le rhume banal

La rhinopharyngite simple évolue sur 5 à 7 jours. Sa symptomatologie, bien connue, comporte une fièvre qui peut parfois aller au-delà de 38,5 °C et dont la durée est de 4 jours au maximum. Cette fièvre est associée à une rhinorrhée. L’écoulement nasal est d’abord clair et muqueux puis mucopurulent. Ce second aspect – jaune ou vert – des sécrétions nasales correspond à la présence de polynucléaires et ne signifie pas une surinfection bactérienne. Le mouchage purulent n’est donc pas particulièrement inquiétant.

Associée à ces deux symptômes, la toux traduit l’obstruction nasale et l’écoulement postérieur des sécrétions ou l’extension aux voies aériennes inférieures de l’infection virale. L’obstruction nasale est le plus souvent bilatérale, responsable d’une respiration buccale parfois bruyante, en particulier la nuit (ronflement).

Quand ça se complique

A côté des formes spontanément résolutives en quelques jours, il existe des formes chroniques et récidivantes (plus de dix épisodes par an) justifiant un traitement antibiotique itératif.

Certaines complications demandent également la mise en route d’une antibiothérapie. L’incidence de ces dernières est estimée entre 10 et 15 %.

Les complications dépendent de l’âge de l’enfant et des antécédents, mais également du mode de garde. Elles peuvent être liées à la fièvre, à des difficultés d’alimentation ou aux vomissements dus à la déglutition des sécrétions.

Les complications secondaires à une surinfection bactérienne (en général après dix jours d’évolution d’une rhinopharyngite non guérie) sont essentiellement l’otite moyenne aiguë (OMA) et, à un moindre degré, les sinusites.

La fréquence des OMA varie selon qu’il existe ou non un antécédent d’OMA ou d’otite séreuse. Les germes le plus souvent en cause sont Streptococcus pneumoniæ, Hæmophilus influenzæ b et Moxarella catarrhalis.

Les sinusites représentent 0,5 à 5 % des cas.

La majoration de la fièvre, l’apparition d’une otalgie, d’un changement de comportement (mauvais sommeil, perte d’appétit, disparition du sourire…), de signes digestifs (toux émétisante…), ou la persistance de symptômes au-delà de la période considérée comme « normale » (5 à 7 jours) pour une rhinopharyngite signent une complication.

Quelles questions poser ?

– Au comptoir, l’interrogatoire doit porter sur l’âge de l’enfant, sur l’intensité de la fièvre, l’existence de douleurs de l’oreille, la présence de troubles associés (diarrhée, vomissement, perte de poids, dyspnée…). Il doit aussi faire préciser les conditions de vie (tabagisme des parents, garde de l’enfant en crèche, mode de chauffage…).

– Son objectif est de détecter les symptômes nécessitant le recours au médecin traitant.

– Toujours penser à la possibilité d’une maladie infectieuse de la petite enfance dont le rhume ne ferait qu’annoncer le début (rougeole, rubéole, varicelle, coqueluche…).

– Si la rhinopharyngite garde tous les critères de bénignité, le conseil est basé sur les traitements locaux des fosses nasales et sur la maîtrise de la fièvre.

Adultes enrhumés : un lavage soigneux et fréquent des mains et l’utilisation de mouchoirs en papier jetables permettent de limiter la contamination des enfants.

Ne pas trop chauffer l’appartement et humidifier l’air. Température élevée et air sec assèchent les muqueuses et les sécrétions nasales qui ont tendance à stagner et à se surinfecter.