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Efficacité, immunité, transmission : 3 questions à Yves Buisson sur le vaccin anti-Covid-19
Yves Buisson est épidémiologiste et président du groupe Covid de l’Académie nationale de médecine.
Quel impact a eu le variant Delta sur l’efficacité des vaccins en matière de transmission du virus ?
« On a rapidement pressenti qu’il se distinguait par une transmissibilité considérablement accrue par rapport aux souches précédentes. Probablement à cause de mutations au sein de la protéine Spike qui facilitent son attachement sur les cellules humaines et augmentent la charge virale dans les voies aériennes chez les personnes infectées. Cette impression a été confirmée dans les faits puisqu’il lui aura suffi de quelques semaines pour remplacer totalement le variant Alpha. Les études réalisées depuis sur le sujet vont dans le même sens puisque l’on estime aujourd’hui qu’il est globalement deux fois plus transmissible que son prédécesseur. Et cette contagiosité plus importante s’applique aussi aux personnes vaccinées qui peuvent être contaminées. Ce variant semble enfin avoir entraîné une perte d’efficacité chez les vaccins à ARN messager et à adénovirus qui est difficile à chiffrer, mais qui reste minime. »
Et sur les formes graves du Covid-19 ?
« Il y a eu une alerte en Grande-Bretagne qui laissait à penser que le variant Delta aurait entraîné une augmentation de 10 à 15 % des formes graves. Mais comme il y avait beaucoup de facteurs confondants dans cette étude observationnelle, aucun argument scientifique ne démontre, à ma connaissance, qu’il est plus pathogène. Sur les personnes vaccinées, les données en vie réelle confirment que si le vaccin n’empêche pas la transmission du variant Delta, il réduit de manière très importante la survenue des formes sévères et des décès. La transmission reste toutefois diminuée parce qu’en cas d’infection, la charge virale dans les voies aériennes chez les personnes vaccinées est moins élevée que chez les non vaccinées. Je rappelle qu’en France, le risque d’entrer aujourd’hui en réanimation est dix fois plus important pour les personnes non vaccinées. »
Y a-t-il des différences entre immunités naturelle et vaccinale ?
« L’immunité après Covid est en général de courte durée et de qualité très variable selon les formes de la maladie. Chez une personne asymptomatique, elle est souvent indétectable, l’absence d’anticorps pouvant laisser penser que c’est surtout l’immunité innée de l’hôte qui lui a permis de se débarrasser du virus. Chez les patients ayant développé une forme clinique de la maladie, l’immunité est de bonne qualité, mais de durée très variable puisque cela peut aller de quelques semaines à quelques mois. L’immunité post vaccinale se révèle donc au final de meilleure qualité car elle génère une production d’anticorps protecteurs plus importante et plus durable. La meilleure protection semble toutefois celle apportée par la combinaison d’une infection naturelle suivie d’une injection de vaccin trois à six mois après. Cette séquence suscite une première réponse immunitaire dirigée contre les différentes structures antigéniques du virus, l’injection de vaccin renforçant la production d’anticorps neutralisants dirigés contre la protéine Spike. »
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