Compléments alimentaires : gare au curcuma !

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Compléments alimentaires : gare au curcuma !

Publié le 29 juin 2022
Par Anne-Hélène Collin
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Ingrédient phare des compléments alimentaires, le curcuma est lié à l’apparition d’effets indésirables qui ont alerté l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). D’où ses recommandations.

Digestif, anti-oxydant ou encore anti-inflammatoire. Le curcuma (Curcuma longa L., Curcuma xanthorrhiza Roxb. et Curcuma zedoaria (Christm.) Roscoe) « jouit d’une réputation favorable auprès du grand public qui le perçoit comme un condiment inoffensif, voire comme une plante dotée de vertus multiples justifiant également sa consommation sous forme de compléments alimentaires » mais l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) met en garde : dans un avis publié le 29 juin, elle souligne l’existence d’effets indésirables associés à la consommation de curcuma ou de curcumine recensés par les différents dispositifs de vigilance (nutrivigilance, toxicovigilance et pharmacovigilance françaises, vigilances américaine, canadienne et européenne). En France, c’est une centaine de signalements d’effets indésirables qui ont été enregistrés par le dispositif de nutrivigilance entre 2009 et août 2021, dont 15 hépatites. « L’imputabilité du complément alimentaire est très vraisemblable pour deux cas, vraisemblable pour sept cas et possible pour quatre cas », rapporte l’Agence.

C’est pourquoi l’Anses déconseille la consommation de compléments alimentaires à base de curcuma aux personnes souffrant de pathologies des voies biliaires, en raison des propriétés cholérétiques du curcuma, ainsi qu’aux personnes sous anticoagulants, anticancéreux ou immunosuppresseurs, en raison d’interactions médicamenteuses qui ne sont « pas inscrites dans le thesaurus des interactions médicamenteuses ».

Vigilance sur certaines formulations

Certains compléments alimentaires contiennent de la curcumine sous forme classique : soit de la poudre de rhizome de curcuma, soit des extraits de curcuma enrichis ou non en curcumine. Mais la curcumine étant très peu biodisponible, les industriels développent de plus en plus des formes (complexe phytosomal, micelle, nanoparticules colloïdales, encapsulation par cyclodextrines, association à la pipérine, à l’huile essentielle de curcuma…) permettant d’augmenter la biodisponibilité de la curcumine « de 4 à 185 fois supérieure à celle de la curcumine non formulée », explique l’Anses. Et d’augmenter alors les risques d’effets indésirables de la curcumine « même si en apparence (ces nouvelles formulations) ne dépassent pas la dose journalière admissible (DJA) » fixée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) à 180 mg de curcumine par jour pour un adulte de 60 kg. Les études robustes et fiables manquent sur ce sujet. Et, en l’absence de détails sur l’étiquette, « le consommateur peut donc consommer à son insu, un produit potentiellement toxique », insiste l’Anses.

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