Autotestez-vous

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Publié le 29 mai 2004
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Gilles de Robien, ministre de l’équipement, des transports, de l’aménagement du territoire, du tourisme et de la mer, a décidé, en collaboration avec l’Ordre et les syndicats, de distribuer des éthylotests à un euro dans les pharmacies dès le 23 juin. Explications.

Quels objectifs visez-vous avec l’éthylotest à 1 euro en pharmacie ?

Il faut banaliser le geste du test d’alcoolémie pour sensibiliser le plus de citoyens possibles aux dangers de la conduite en état d’alcoolémie. Le message que nous délivrons est le suivant : ne prenez aucun risque et en cas de doute, autotestez vous, grâce à un dispositif accessible à tous et partout !

Selon vous, quel rôle peut jouer le pharmacien dans la prévention de l’alcool au volant ?

Le pharmacien a un rôle de conseil et de prévention. En contact avec ses clients, il pourra apporter des réponses aux interrogations qui ne manqueront pas de survenir sur les conditions d’utilisation des éthylotests. En tant que professionnel de la santé, le pharmacien saura accompagner la distribution de ce produit d’un vrai message de santé. Car c’est bien là l’objectif : éviter de blesser ou de tuer sur la route.

10 % des blessés ou des tués sur l’autoroute seraient sous l’emprise d’un psychotrope. Dans 30 % des accidents, la somnolence est en cause, souvent due à des médicaments. N’est-il pas urgent d’alerter les Français ? Concernant le médicament, quelles mesures prendre ?

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La somnolence est un vrai problème qui entre dans le champ de la vigilance au volant. 20 % des accidents sont liés à un défaut de vigilance, 30 % des accidents mortels sur autoroutes sont en lien avec un défaut de vigilance. Il est nécessaire d’approfondir la connaissance épidémiologique de ces phénomènes. Nous savons que conduire après 16 ou 17 heures de veille active équivaut à une conduite avec 0,5 % d’alcool dans le sang. Le rôle des médicaments dans les phénomènes d’hypovigilance mérite d’être mieux évalué.

Le contrôle d’aptitude médical à la conduite pour tous (et non plus pour les seuls conducteurs de plus de 75 ans) a-t-il des chances de voir le jour et dans quels délais ?

Nous travaillons sur ce sujet très délicat, avec le souci de ne stigmatiser aucune catégorie de la population et de ne pas prendre de mesures disproportionnées aux enjeux réels. Aucune précision ne peut être apportée quant aux décisions qui le cas échéant seraient prises sur le sujet.

Qu’en est-il des dispositifs de dépistage de baisse de vigilance dans les voitures ?

Plusieurs pistes sont à l’étude chez les constructeurs d’automobiles et les concepteurs d’infrastructures : des messages d’alerte en cas de déviance de trajectoire ; sur les infrastructures, le développement des bandes sonores sur le bord des chaussées.

Avez-vous des premiers chiffres sur le degré d’implication des drogues dans les accidents mortels, depuis la mise en place du dépistage obligatoire ?

Pas encore. Soyons prudents car même si l’analyse d’accidents avec décès ou blessures montre une part de surrisque lié à l’usage de drogue, les chiffres ne seront connus que fin 2004, à l’issue de l’étude menée actuellement par l’OFDT (Observatoire français des drogues et toxicomanie).