Automédication : une étude qui reste en (grande) surface

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Publié le 2 septembre 2023
Par Magali Clausener
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Le refrain est trop bien connu. Qui dit pouvoir d’achat optimisé dit hypermarché. L’association UFC-Que choisir souhaiterait l’ouverture de la distribution de l’automédication aux grandes surfaces et parapharmacies. Sous la surveillance impérative d’un pharmacien, tout de même.

 

Le 3 août 2023, l’association de consommateurs UFC-Que choisir a réclamé que les médicaments d’automédication soient distribués dans les grandes surfaces et les parapharmacies, sous la supervision d’un pharmacien. L’objectif ? Générer 250 millions d’euros de gain de pouvoir d’achat pour les usagers.

 

L’argument de l’UFC-Que choisir ? « Sur les médicaments sans ordonnance, les pharmacies, protégées par un monopole devenu anachronique en Europe et une opacité sur les prix, pratiquent des tarifs trop élevés, avec des écarts de prix entre pharmacies de 1 à 3 pour un même produit ». L’association pointe également du doigt « les carences du conseil des pharmaciens » mises en lumière par une enquête conduite dans 772 officines, mais datant de 2018. Autres revendications : l’interdiction de la publicité sur l’automédication auprès du grand public « pour réduire une pression marketing qui n’a pas lieu d’être pour des produits de santé » et la présence d’un encadré spécifique sur l’emballage des médicaments sans ordonnance pour informer sur les principales interactions et contre-indications.

Sécurité et bon usage

 

Cette proposition a bien sûr fait réagir la profession. « L’UFC-Que choisir propose, pour renforcer le bon usage et éviter une surconsommation, de vendre du médicament en tête de gondole dans les supermarchés. La contradiction est tellement flagrante que l’on s’interroge sur les réels intérêts de l’association », tacle l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) le 7 août. Et d’ajouter : « Elle [l’UFC-Que choisir, NdlR] méconnaît les actions menées par les pharmaciens d’officine pour sécuriser le bon usage du médicament, pour accompagner les patients au quotidien et pour permettre une accessibilité de leurs traitements chaque jour, chaque nuit, dimanche et jours fériés compris ». De son côté, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), estime que ce genre de thématique, « c’est du réchauffé. Le sujet était arbitré et réarbitré, le ministère de la Santé a déjà dit que c’était une mauvaise idée. Les médicaments, c’est de la santé publique, ils ne doivent pas être dans le commerce ».

S’attaquer aux pénuries

 

Pour l’USPO, l’association « entretient la même rengaine et reprend des propositions d’arrière-garde » depuis 20 ans. De fait, on peut s’interroger. Dans le même communiqué, l’UFC-Que choisir veut aussi s’attaquer aux pénuries de médicaments. Elle propose donc « une obligation pour les laboratoires de constituer des stocks suffisants pour l’ensemble des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ». Or, depuis le 1er septembre 2021, les laboratoires pharmaceutiques ont l’obligation de constituer un stock de sécurité minimal de deux mois pour tous les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) destinés aux patients français. Un stock qui peut être augmenté à quatre mois par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ce qui a été le cas pour 422 médicaments.

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L’UFC-Que choisir demande également « un renforcement des sanctions envers les laboratoires négligents dans leur approvisionnement du marché français ». Même si cela a été tardif, l’ANSM a récemment sanctionné financièrement trois laboratoires qui n’avaient pas constitué de stocks de sécurité d’amoxicilline : Eurogénérics (EG Labo), Biogaran, Zydus France.