À bras-le-corps

Réservé aux abonnés
Publié le 1 mai 2011
Par Thierry Pennable
Mettre en favori

Après sa journée de préparatrice, Léa Bhang court se défouler sur un terrain de rugby. En partageant son enthousiasme, Léa a adopté le sport comme philosophie de vie.

Mais, puisque je vous dis que je joue au rugby ! » insiste Léa Bhang. Cette jeune femme est demi de mêlée dans l’équipe de rugby féminine à 7 du Sporting Club Salonnais (13). Avec 48 kg pour 1,58 m, Léa laisse souvent perplexes ceux qui ne connaissent du rugby que les télescopages de Sébastien Chabal (1,91 m pour 113 kg !). Mais quand Léa explique sa technique de placage, on prend au sérieux la préparatrice de la pharmacie du centre commercial de Salon-de-Provence.

Ouverture vers le rugby. Après s’être essayée à la danse et au cirque, Léa a joué au basket durant quatre ans avec ses copains. Elle a aussi fait de la musculation avec son grand frère devenu par la suite vice-champion du monde de force athlétique (haltérophilie). Mais lorsque, en 2007, son petit ami entraîneur de l’équipe féminine de Salon lui parle de rugby, elle a envie d’essayer ce jeu qu’elle apprécie déjà en tant que supportrice. « J’ai tout de suite aimé », affirme-t-elle. Si son père est fier d’elle, sa mère, infirmière, s’inquiète un peu du risque de blessure. Et ce n’est pas la fracture tibia-peroné, il y a deux ans, qui a dû la rassurer. « Au début, les pompiers ont pensé à une entorse. Après trois jours à la maison, les choses prenaient une mauvaise tournure et ma mère m’a amenée à l’hôpital. Le médecin a diagnostiqué une fracture ». Quant au KO, qui lui a fait perdre connaissance, « 30 minutes où je ne me rappelle de rien », ses coéquipières l’ont rassurée : « c’est fréquent au rugby. C’est le métier qui rentre ». Les choses s’arrangent depuis que Stéphane, un des entraîneurs également judoka, leur apprend à chuter. « Avant lui, on se blessait plus souvent ». Certes, des équipements existent. Si Léa reconnaît que les épaulières amortissent les impacts et rassurent psychologiquement, elle ne porte pas de protège-dents qui la gêne pour annoncer les tactiques, ni les protège-tibias qui l’entravent pour courir. À raison de deux entrainements par semaine et d’un tournoi un week-end par mois, la préparatrice travaille sa technique avec Kafoa, joueur fidjien de l’équipe de Salon et autre entraîneur de l’équipe féminine. Les feintes de passe pour « simuler une passe et garder le ballon ou le passer à un autre adversaire », et les crochets « un changement de pied pour éviter le défenseur adverse » n’ont pas de secret pour la joueuse au maillot jaune et noir.

Plaquer et courir vite. L’histoire du rugby féminin remonte à 1965, quand des étudiantes de Lyon et Toulouse participent à une campagne contre la faim dans le monde et font une démonstration de rugby. Aujourd’hui, la fédération française de Rugby répertorie presque 10 000 licenciées. « Au début, les garçons n’acceptaient pas forcément le rugby féminin, ils s’y font de plus en plus… ». Même si, dans certains clubs, les responsables sont plus désinvoltes avec les filles, et les tournois pas toujours bien organisés, « ce n’est pas le cas du club de Salon qui a bien intégré le rugby féminin ». Techniquement, les beaux placages galvanisent la préparatrice. « Quand on peut plaquer des adversaires plus costauds, on a l’impression de se surpasser ». Au rugby féminin à 7, les équipes s’affrontent pendant deux mi-temps de 7 minutes sur un terrain de 55 m sur 40 m avec un ballon plus petit. À la différence du rugby à 15, « tous les essais sont transformés en fin de match ». L’autre plaisir de Léa dans ce sport, c’est la course et son accélération, avec la volonté d’aller encore plus vite. Pour cela, la jeune préparatrice se prépare régulièrement. Elle a même couru le semi-marathon de Marseille-Cassis en octobre dernier en 1 h 57 min, avec les garçons de la pharmacie où elle travaille. Outre le pratiquer, Léa regarde régulièrement le Top 14, « j’aime bien Toulouse qui joue bien et représente l’esprit du rugby », et les tournois internationaux « J’aime regarder le rugby à plusieurs, on invite des amis. J’aime aussi la 3e mi-temps du rugby », précise la sportive qui n’a pas besoin d’alcool pour faire la fête.

Les piliers de la stabilité. Léa se retrouve à la piscine les mardis soirs en famille. Avec ses amis, elle dîne chez sa mère les jeudis avant d’aller danser la salsa. Avec sa jeune sœur Merryl, elle partage le goût du vélo et de la course à pied, mais aussi les sorties. Son esprit de coopération l’accompagne au rugby comme à la pharmacie : « Je peux compter sur mes collègues dans le boulot comme sur mes coéquipières sur le terrain ». Quand Léa a besoin de s’isoler, c’est la course en solo ou les lectures liées à sa profession. Elle a d’ailleurs repéré la formation de nutraceutique dans Porphyre. « J’attends un peu, car je viens de faire la formation de dermocosmétique et d’autres collègues sont prioritaires, c’est normal », surtout quand on a l’esprit d’équipe. Enfin, il y a les moments pour tricoter pulls et écharpes, « j’ai appris ça avec ma mère qui le tenait de sa mère ».Si, à l’école, Léa était plutôt calme, au collège, elle préférait sortir avec les copains et les copines. « Je n’étais pas trop bonne élève, un peu dissipée et un peu bavarde » reconnaît-elle, « les parents criaient, mais ça ne changeait rien ». Elle n’a pas souffert du divorce « calme » de ses parents, lorsqu’elle avait dix ans, après une enfance heureuse avec « un père qui nous a donné tout ce qu’il avait. Toujours en train de faire des blagues, très farceur ». Au lycée, après un BEP carrière sanitaire et sociale, elle envisage de devenir auxiliaire de puériculture, lorsqu’une amie lui parle de son métier de préparatrice en pharmacie. « Même s’il y avait une part de scolarité, le travail à la pharmacie, l’équipe et le conseil aux clients m’ont plu tout de suite ». En couple avec Daniel, joueur de rugby lui aussi, Léa sent poindre une stabilité. Il reste à transformer l’essai…

Publicité

Léa Bhang

Âge : 24 ans.

Formation : préparatrice en pharmacie.

Lieu d’exercice : pharmacie Marcilet-Saffon à Salon-de-Provence (13).

Ce qui la motive : l’envie de se surpasser.

Portrait chinois

• Si vous étiez un végétal ? Une orchidée pour sa couleur, son côté fragile, éphémère. Je n’arrive pas à les faire refleurir, c’est une grande frustration !

• Une forme galénique ? Un brumisateur solaire, car c’est léger, presque futile et parce que j’adore le soleil. Il symbolise le côté plus léger de la pharmacie, je préfère la para.

• Un médicament ? Arnica 9CH. Avec le rugby, les bleus, les courbatures, on en a toujours besoin…

• Un dispositif médical ? Un fauteuil roulant pour redonner aux handicapés le loisir de se déplacer, de garder une vie sociale. Quand les médicaments ne peuvent plus rien, bouger, c’est tout ce qu’il reste.

• Un vaccin ? Qui permette de positiver, de faire passer les soucis au-dessus de la tête. Moi, rien nem’embête.

• Une partie du corps ? Les mains pour le côté tactile. J’aime le contact physique, la peau. En rugby, je préfère « plaquer ».