Soigner le mal par le bien

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Publié le 1 novembre 2019
Par Yves Rivoal
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Le nombre de chimiothérapies devrait doubler d’ici 2040. Le développement des chimiothérapies administrées par voie orale et l’arrivée prochaine des entretiens pharmaceutiques pour les patients sous anticancéreux oraux incitent groupements et titulaires à investir le champ des soins de support. Avec un leitmotiv : aider les patients à mieux supporter leurs traitements en limitant les effets indésirables.

La première chose à faire avant d’investir dans l’accompagnement des patients atteints d’un cancer, c’est de se former. Férue d’homéopathie, Martine Andreu, titulaire de la pharmacie de Bages près de Perpignan (66), a ainsi fait suivre à l’ensemble de son équipe une première formation dédiée à l’homéopathie et l’oncologie, puis une seconde sur l’accompagnement psychologique du patient cancéreux. « Cette journée de formation en présentiel a été très précieuse, car elle nous permet de savoir ce que l’on peut dire et ne pas dire à ces patients qui sont, en général, très fragilisés. Du coup, l’équipe se sent mieux armée pour les accueillir et les prendre en charge », commente cette adhérente de la Coopérative des Pharmaciens du Sud qui a, en parallèle, suivi avec sa pharmacienne assistante une formation sur les médicaments anticancéreux et les thérapies ciblées. « Grâce à cette formation, nous connaissons les différentes classes de médicaments anticancéreux et les effets indésirables qu’ils sont susceptibles de générer. Ce qui nous permet de proposer des soins de support adaptés, sans risque d’interaction qui pourraient nuire à l’efficacité des traitements. » Co-titulaire avec sa mère, Sylvia Gozlan, de la pharmacie Gozlan-Haziza à Achères (78), Katia Haziza met, elle, à profit son DU en naturothérapie pour accompagner ses patients cancéreux. « J’ai aussi suivi, avec une de nos préparatrices, une formation e-learning sur l’accompagnement des patients chroniques sous chimiothérapie. Et avant de proposer des prothèses mammaires, nous avons aussi assisté à une formation de cinq jours délivrée par le laboratoire Amoena », confie cette pharmacienne well&well. Titulaire de la Pharmacie du Trébon à Arles, Françoise Roux a, elle, obtenu un premier DU de pharmacologie oncologique en 2007 et un second en 2014 sur les effets secondaires des chimiothérapies ciblées en oncodermatologie. Cette pharmacienne Giphar n’hésite donc pas à mettre en avant son expertise lors de la première prise de contact avec les patients. « Je leur explique que je me suis formée pour être le Mac Gyver de leur traitement, l’objectif étant qu’ils puissent aller jusqu’au bout de leur chimiothérapie, dans les meilleures conditions possibles, et en limitant au maximum l’impact sur leur vie au quotidien. »

TROUVER les mots justes

ÊTRE à l’écoute.

Cette première prise de contact doit intervenir le plus tôt possible. « Dès que je vois sur un comptoir un sérum bicarbonaté et de l’emend, je m’approche du patient pour lui demander discrètement ce qui lui arrive, confie Martine Andreu. Si je sens qu’il a besoin de parler, je l’invite à aller dans notre salle d’entretiens pharmaceutiques pour ouvrir le dialogue. » Ce premier échange se révèle toujours délicat, comme l’explique Marlène Hébérard, coordinatrice pédagogique en charge de l’oncologie chez Principe Actif Formation. « L’annonce d’un cancer, quel que soit le stade de la maladie, constitue toujours un choc. Alors, il faut privilégier l’écoute, repérer d’éventuels signes de dépression et s’assurer que le patient est bien entouré… » Adeline Lejeune, co-titulaire avec Romain Chambon de la grande pharmacie de La Verpillière (38), est confrontée au quotidien à cette réalité. « De plus en plus de patients arrivent à l’officine alors qu’ils viennent d’apprendre la terrible nouvelle, souligne cette pharmacienne Hello Pharmacie. Ils savent qu’ils vont bientôt démarrer la chimiothérapie ou la radiothérapie, et ils sont complètement perdus avec la multitude d’ordonnances prescrites par l’oncologue. Dans ce cas, nous les isolons dans notre espace confidentiel, afin de nous assurer qu’ils ont bien compris les traitements qu’ils s’apprêtent à suivre. Si ce n’est pas le cas, nous prenons le temps de leur réexpliquer. »

SOULAGER.

A l’issue de ce premier échange, Isidore Rubinstein, titulaire de la pharmacie du Pont de l’Europe à Strasbourg (67), remet au patient un fascicule consacré aux soins de support à l’officine. « Celui-ci explique quelle stratégie adopter pour prendre en charge les effets secondaires provoqués par la chimiothérapie et la radiothérapie, et pour renforcer le système immunitaire », explique ce titulaire Univers Pharmacie qui intervient dans les DU d’Homéopathie et de Cancérologie de la Faculté de Pharmacie de Strasbourg. Le patient repart également avec un carnet de suivi officinal sur lequel il peut noter les coordonnées de l’équipe médicale et médico-sociale qui l’accompagnera tout au long du traitement. « Il peut aussi indiquer l’évolution de paramètres fondamentaux, comme le poids ou la température, des notes personnelles ou les questions qu’il souhaite poser à son oncologue lors du prochain rendez-vous », précise Isidore Rubinstein.

AGIR en connaissance de cause

DE PRÉCIEUX conseils.

Tous les pharmaciens ayant investi le champ de l’accompagnement des patients cancéreux ont développé une expertise sur les soins de support. Objectif : proposer des solutions afin de protéger l’organisme et de mieux supporter les traitements. « Mais avant de prodiguer des conseils, il est impératif de connaître le protocole de chimiothérapie suivi par le patient afin d’éviter les risques d’interaction », rappelle Françoise Roux, qui s’appuie sur l’homéopathie. Elle propose, par exemple, des ampoules de meduloss à base de moelle osseuse de lapin qui, diluée et dynamisée, favorise la régénération de la moelle osseuse. « Et si le protocole de chimiothérapie entraîne un risque de nécrose du tissu cardiaque, je conseille des ampoules à base de cardine qui vont stimuler la régénération du tissu cardiaque. » En cas de fatigue ou d’asthénie, Chantal Compeyron, co-titulaire avec son frère Bruno de la pharmacie Lafayette Foch à Rodez (12), s’attache, elle, à renforcer les défenses de l’organisme. « Je conseille alors de la vitamine C liposomale, coenzyme Q10, propolis et autres selon les cas », confie la pharmacienne. Lorsque les patients n’arrivent plus à manger et perdent du poids, Adeline Lejeune prodigue des conseils de bon sens. « Je leur rappelle qu’il faut manger dès qu’ils ont faim, par petite portion, et plutôt froid afin d’éviter les odeurs. Il faut également éviter tout ce qui est sucré, le sucre favorisant le développement des cellules cancéreuses, ajoute Chantal Compeyron. Mieux vaut également bannir les protéines comme le lait de vache ou la charcuterie qui peuvent entraîner une inflammation. » Afin de booster les défenses de l’organisme susceptibles de détruire les cellules cancéreuses, Chantal Compeyron fait appel à la nutrithérapie. « Pour agir sur l’immunité et la flore intestinale, j’utilise essentiellement Nutrixeal et Minolvie, deux gammes de compléments alimentaires qui se distinguent par des concentrations hors normes de principes actifs liposomal, et qui sont bio assimilables et bio disponibles. » Pour les sécheresses de peau, Isidore Rubinstein travaille essentiellement avec la Roche-Posay et Avène. « Ces deux laboratoires possèdent des pôles de recherche qui travaillent exclusivement sur les soins de support liés aux effets secondaires cutanés. Ils ont donc développé une gamme de produits qui se révèlent très efficaces, et que le pharmacien peut conseiller à bon escient lorsque les troubles cutanés ne relèvent pas de la consultation chez un dermatologue. »

JUSQU’OÙ aller ?

Une prise en charge des patients ne doit pas se limiter aux soins de support, estime Marlène Hébérard : « Les pharmaciens ont aussi vocation à accompagner les femmes atteintes d’un cancer du sein dans une épreuve souvent douloureuse : l’altération de leur image et de leur féminité. La mise en place d’un rayon avec des prothèses capillaires ou des prothèses mammaires est possible, à condition d’être formé et d’avoir un espace de confidentialité pour réaliser les essayages. »

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UN ESPACE dédié, ou pas ?

CONSTRUIRE son offre.

Une prise en charge efficace des soins de support implique aussi de référencer les bonnes gammes de produits. Pour répondre aux problématiques de réhydratation de la peau, de nettoyage, de maquillage et de vernis pour les ongles, Katia Haziza s’appuie sur le laboratoire Même. Pour les huiles essentielles et l’homéopathie, elle travaille avec Pranarôm et Boiron. Pour les prothèses mammaires et la lingerie, son choix s’est porté sur Amoena. Dans son officine, Chantal Compeyron traite les affections dermocosmétiques avec les laboratoires Même, la Roche-Posay et Bioderma. Pour les vernis à ongles, elle privilégie la gamme de la Roche-Posay qui se distingue par des compositions à base de silicium hydratant et l’absence de produits d’origine pétrochimique. « Pour les traitements des sourcils et des cils, j’utilise des produits bio des laboratoires du Haut-Ségala qui se révèlent très économiques. Idem pour la repousse des cheveux : l’huile de ricin coûte trois francs six sous. »

PAR-CI, par-là.

Pour exposer ces produits sur leur point de vente, la quasi-totalité des titulaires ont fait le choix de ne pas dédier de rayon à l’oncologie. « Si je l’avais fait, j’aurais eu l’impression de stigmatiser ces patients, explique Adeline Lejeune. Je préfère aller dans les linéaires de La Roche-Posay ou Avène pour proposer des produits adaptés, qui ne sont pas forcément dédiés aux patients atteints de cancer. Il en va de même pour la phytothérapie, les huiles essentielles et l’homéopathie. » Dans son officine, Katia Haziza a, elle aussi, opté pour la discrétion, en exposant les produits de la gamme Même au milieu de la cosmétique. « Cela permet d’associer à ces produits la notion de plaisir », confie la cotitulaire. Les prothèses mammaires et la lingerie sont, elles, exposées dans l’espace de confidentialité qui a été entièrement réaménagé pour le rendre plus “cosy”. On y trouve un fauteuil, un miroir, et un paravent pour que les femmes puissent se déshabiller à l’abri des regards.

UNE PLACE à part entière.

Isidore Rubinstein est l’un des rares pharmaciens à avoir aménagé un espace pour Soins de support. « Dans cette zone, j’ai installé une table, un bureau et un linéaire où j’expose les gammes que je conseille le plus souvent. » Pour mettre en avant l’expertise de son équipe, Isidore Rubinstein a aussi opté pour une double exposition des bonnets, des prothèses mammaires et de la lingerie dans la salle de confidentialité mais aussi sur un buste installé dans l’espace Soins de support. Co-titulaire avec Marion Chevrier de la grande pharmacie de Paris à Nantes, qui s’étend sur trois niveaux de 120 m2, Teddy Robert dédie, lui, une partie du 2ème étage aux prothèses mammaires. « Nous avons aménagé un showroom afin de présenter la lingerie des deux marques que nous référençons : Amoena et Anita. Les prothèses mammaires, de toutes tailles et de toutes formes, sont, elles, exposées dans une cabine dédiée, qui a été aménagée comme un salon cosy avec une table basse, et un miroir afin d’effectuer les essayages en toute intimité. » Titulaire de la pharmacie du Marché à Mulhouse (68), Sylvie Hosneld a fait, elle, partie des cinq pharmacies pilotes à avoir déployé le corner dédié à l’oncologie lancé en début d’année par PharmaVie (voir actu p. 6, PHM 188). Et le premier bilan est positif, selon la titulaire. « Les patientes sont contentes et agréablement surprises, car elles ne savaient pas que nous pouvions les aider dans la prise en charge des effets secondaires. » Les plus fortes rotations portent sur les vernis à ongles hydratants et la brume pour cuir chevelu du laboratoire Même. « Les produits lavants et les gants et chaussons hydratants pour les mains et les pieds sont aussi très appréciés des patients, tout comme les bains de bouche sans alcool pour traiter les mucites », ajoute Sylvie Hosneld.

RENDRE SERVICE et être utile

FIDÉLISER sa patientèle.

Lorsqu’on leur demande quel est le retour sur investissement, les titulaires que nous avons interrogés évacuent d’emblée l’aspect financier et mettent en avant le sentiment d’être utile. « Nous n’avons jamais considéré l’oncologie comme un axe de C.A additionnel. Nous rendons service à des patients qui en ont vraiment besoin », assure Chantal Compeyron. « Et lorsqu’ils viennent nous voir avec leur dernière analyse biologique, qui est meilleure que la précédente, en nous expliquant qu’ils n’ont plus de nausées, qu’ils ont repris du poids ou qu’ils supportent mieux la chimiothérapie, cela génère une vraie satisfaction sur le plan personnel, et une réelle reconnaissance de la part des patients », ajoute Françoise Roux. Grâce au bouche-à-oreille, son officine est d’ailleurs identifiée comme La pharmacie référente du pays d’Arles pour les soins de support. Ces patients se montrent aussi en général très fidèles. « L’autre jour, une femme que j’ai suivie il y a cinq ans pendant son traitement du cancer du sein m’a annoncée que dans deux mois, elle terminait ses antiaromatases. Et que pour célébrer l’événement, elle m’offrirait le champagne », confie Martine Andreu. Isidore Rubinstein a, lui, vu son expertise saluée par ses paires. A deux reprises, il a été nominé au prix Galien dans la catégorie “Suivi du patient” pour les “Soins de support à l’officine”.

Service

Des entretiens avant l’heure

Chantal Compeyron, titulaire de la pharmacie Lafayette Foch à Rodez (12) n’a pas attendu le lancement des entretiens pharmaceutiques pour les patients sous chimiothérapie orale, pour proposer de véritables programmes d’accompagnement. « Après le premier entretien, je propose aux patients un rendez-vous par mois ou toutes les trois semaines en fonction du rythme de la chimio ou des rayons. » A partir des résultats des bilans biologiques, elle préconise principalement des traitements qui vont renforcer la fonction hépatique. « Et lorsque le protocole est terminé, nous travaillons sur les risques de récidive en consolidant notamment la fonction immunitaire », ajoute la pharmacienne. Katia Haziza et Sylvia Gozlan animent, elles, un programme composé de deux entretiens. « Le premier dure une trentaine de minutes et est consacré à l’explication du traitement et à l’anticipation des effets secondaires. A la fin, je remets le guide d’accompagnement “Mieux vivre avec sa chimio” que j’ai moi-même rédigé, et qui comprend une série de fiches pour lutter contre les principaux effets indésirables. » Le second entretien porte sur la dénutrition et peut intervenir en cours de traitement.

THÉMATIQUE

Les groupements à la manœuvre

Sans attendre le lancement des entretiens pharmaceutiques pour les patients sous chimiothérapie orale qui devrait intervenir en début d’année prochaine, nombre de groupements se sont emparés de la thématique de l’oncologie à l’officine.

Avec son programme OncoPharmaVie, PharmaVie est le seul groupement qui propose à ses adhérents d’aménager un corner dédié à l’oncologie sur les points de vente. « Dans cet espace qui fait entre 2 et 5 m2, les pharmaciens disposent de deux descentes obligatoires dédiées à la dermo-cosmétique et à la nutrition, et d’une troisième optionnelle consacrée à la lingerie, les prothèses mammaires étant, elles, développées dans un espace de confidentialité », précise Laurence Dubois, directrice marketing du groupement. Avant de pouvoir aménager ce corner, le pharmacien et une partie de son équipe doivent impérativement suivre une formation en présentiel de deux jours sur l’oncologie.

UN ACCOMPAGNEMENT accompagné. Giropharm, Wellpharma et Pharmactiv ont, eux, investi dans des programmes sensiblement similaires. « De mai à septembre, nous avons incité nos 1 400 adhérents à organiser des rendez-vous santé qui ciblaient les patients sous chimiothérapie orale, confie Amel Magmagui, responsable marketing de Pharmactiv. Ce programme comprenait une série de quatre entretiens, le premier portant sur l’initialisation du traitement, les trois autres sur la gestion des effets indésirables, l’adhésion thérapeutique du patient à son traitement, et l’impact sur la vie quotidienne. » Pour aider leurs adhérents à mener à bien cet accompagnement, ces trois groupements fournissent une série d’outils. C’est le cas de Wellpharma dans le cadre de son programme “combattre en douceur” lancé en octobre dernier. « Nous avons mis à leur disposition un guide d’entretien, des formations sur mesure, et des supports contenant des informations utiles pour traiter les effets secondaires », souligne Régine Martin, directrice marketing d’Objectif Pharma. A la fin du premier rendez-vous, les patients se voient toujours remettre une pochette ou une box comme l’explique Stéphanie Corre Le Bail, directrice Santé, Qualité, Formation de Giropharm. « Les patients repartent avec une “patient-box oncologie” qui comprend, entre autres, le livre de recettes de Biogaran “Mieux dans son assiette avec le cancer” et une brochure contenant des conseils sur la prise en charge des principaux effets indésirables. » Certains groupements ont investi dans des outils digitaux. Sur sa plateforme numérique “J’accompagne mes patients”, Giphar diffuse déjà un guide pour mener à bien des entretiens pharmaceutiques de 30 à 45 minutes sur le cancer. « Sur notre intranet Genius, nous diffusons aussi des outils d’aide à la dispensation des anticancéreux, ainsi que des fiches conseils à remettre aux patients pendant les entretiens », ajoute Pierre-Xavier Frank, directeur des affaires pharmaceutiques de Giphar.

DES FORMATIONS adaptées. Enfin, les groupements proposent toute une batterie de formations sur le sujet. « Selon le niveau de spécialisation voulu, nous avons des formations en présentiel, en e-learning et des MOOC sur les traitements, les soins de supports, la nutrition ou encore la dimension comportementale dans la prise en charge des patients sous chimiothérapie orale », souligne Stéphanie Corre Le Bail. Well&well se distingue par un service innovant. « Nos adhérents peuvent solliciter notre pharmacien formateur en lui envoyant le Programme personnalisé de soins (PPS) du patient. En retour, ils reçoivent un protocole homéopathique à lui administrer », confie Didier Maarek, le président de well&well.

L’ESSENTIEL

→ Le nombre de patients qui auront besoin d’une chimiothérapie devrait doubler d’ici 2040.

→ Avant de se lancer dans l’accompagnement des patients atteints de cancer, il faut se former sur les pathologies, les traitements, les soins de support et l’approche psychologique des malades.

→ Développer une expertise sur les soins de support permet de proposer aux patients des solutions pour protéger l’organisme et mieux supporter les traitements en limitant les effets secondaires.

→ Certains titulaires commencent à aménager des corners dédiés à l’oncologie, avec une signalétique qui veille à ne pas stigmatiser les patients.

LES CHOSES SE PRÉCISENT

L’Assurance maladie, la Commission paritaire nationale des programmes d’accompagnement (CPNPA) et les syndicats de pharmaciens sont tombés d’accord sur un accompagnement des patients sous anticancéreux oraux pendant deux ans, avec trois entretiens pharmaceutiques la première année et deux l’année suivante.

COFFRET ROSE

Dans le cadre du programme « combattre en douceur », les pharmaciens Wellpharma ont remis aux patientes un coffret rose élaboré en partenariat avec Charlotte Husson, la fondatrice de Mister K. Celui-ci contenait une sélection de produits dermatologiques, un petit bracelet et un livret de conseils validés par des dermatologues.

Dépistage

Information et action

Par manque d’informations, les taux de participation aux dépistages organisés du cancer du sein et du cancer colorectal restent insuffisants, rappelle Marlène Hébérard, coordinatrice pédagogique chez Principe Actif Formation. Il est donc essentiel que les pharmaciens profitent des campagnes de communication Octobre Rose et Mars Bleu pour sensibiliser à l’importance de ces dépistages. » Le groupement Pharmabest a, lui, organisé son propre service de dépistage du mélanome. « A l’aide d’un appareil d’imagerie, nos pharmaciens prennent un cliché du grain de beauté suspect. L’image est ensuite envoyée sur notre plateforme pour être examinée par un dermatologue », explique Alain Styl, le directeur général de Pharmabest. Lorsque l’analyse se révèle normale, le patient reçoit un courrier à son domicile. S’il apparaît que des examens complémentaires sont nécessaires, il est contacté par une infirmière qui l’invite à consulter son dermatologue. Depuis son lancement en juin 2018, près de 580 personnes ont bénéficié de ce service facturé 28 € aux patients. « Cette somme correspond au montant que nous reversons aux dermatologues de la plateforme pour leur consultation », précise Alain Styl.

25 % C’EST LE POURCENTAGE DES CHIMIOTHÉRAPIES QUI SONT D’ORES ET DÉJÀ ADMINISTRÉES PAR VOIE ORALE. D’ICI À 2025, CETTE PROPORTION POURRAIT PASSER À 50 %.

(Source : Institut national du cancer)

Interprofessionnalité

Des initiatives fleurissent

La question de la coordination entre ville et hôpital se pose avec encore plus d’acuité pour les patients atteints d’un cancer. Or, les relations entre pharmaciens d’officine et oncologues restent limitées. Mais les choses s’améliorent d’après Françoise Roux de la Pharmacie du Trébon à Arles. « L’Institut Sainte-Catherine d’Avignon vient de mettre en place une plateforme dédiée à l’interprofessionnalité en cancérologie. Celle-ci nous permet d’accéder directement au dossier du patient pour savoir ce que les autres professionnels ont fait, et de l’incrémenter avec notre pratique en matière de soins de support. » Pour améliorer la coordination entre l’hôpital et la ville, elle mise aussi sur la CPTS du pays d’Arles en cours de constitution. Jacques Andreu, qui travaille avec sa femme Martine à la pharmacie de Bages, a, lui, créé une association Hospivia 66 dont l’objectif est d’essayer de mettre en relation les pharmaciens de ville avec les pharmaciens hospitaliers et les médecins afin de travailler ensemble dans l’intérêt des patients. Quant à Martine Andreu, elle participe à l’élaboration de l’Union de la Pharmacie pour l’Homéopathie (UPH), qui regroupe une cinquantaine de pharmacies spécialisées dans l’oncologie et l’homéopathie.

COACHING

well&well propose à ses adhérents un programme de coaching en oncologie, développé en partenariat avec Pharmareflex, qui débouche sur la labellisation « Pharmacie amie experte onco ». Le service inclut une application qui recense les ateliers animés à l’officine par des spécialistes de Pharmareflex, autour de la nutrition ou des prothèses mammaires.