- Accueil ›
- Conseils ›
- Diététique ›
- « Que Choisir » digère mal l’alimentation santé-beauté
« Que Choisir » digère mal l’alimentation santé-beauté
Le mensuel « Que Choisir » a testé le yaourt Essensis vendu par Danone. Les résultats décevants soulèvent la problématique des allégations santé revendiquées par l’agroalimentaire.
Lancé début 2007, le yaourt Essensis, qui contient un mélange « huile de bourrache-thé vert-vitamine E », prétend « nourrir la peau de l’intérieur ». Que Choisir a pris Danone au mot en réalisant un test clinique. Durant trois mois, cent personnes ont consommé chaque jour soit un ou deux Essensis, soit un ou deux Velouté de Danone, soit ont respecté une alimentation variée. La perte insensible en eau et la cornéométrie ont été mesurées en début et en fin d’étude. « Aucune mesure ne montre de supériorité statistiquement significative de la consommation d’Essensis », concluent les auteurs du test publié dans le numéro d’octobre de Que Choisir.
Une réduction de la perte insensible en eau
« Nous avons vérifié la biodisponibilité des actifs véhiculés par une matrice laitière », indique Sven Thormahlen, directeur de la recherche chez Danone. Les composants de l’huile de bourrache arrivent-ils jusqu’à la peau ? « Jusqu’à présent nous n’avons pas trouvé d’essai expérimental qui permette de détecter des composés lipidiques marqués à ce niveau », reconnaît-il. Pour autant, une étude clinique en double aveugle, publiée dans le journal Experimental Dermatology, a permis de mesurer une réduction de 20 % de la perte insensible en eau liée à l’huile de bourrache dans le yaourt. « Nos résultats s’observent au niveau de la jonction dermoépidermique. Avec l’équipe du Pr Marty, de la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry, nous avons mis en évidence l’importance d’agir en profondeur pour préserver l’élasticité et l’hydratation cutanée. Nous savons donc que nous ne pouvons pas obtenir d’effets à la surface cutanée », précise Sven Thormahlen. Les preuves expérimentales sont si pointues… qu’elles ne sont pas forcément visibles à l’oeil nu. Et si Danone était allé trop loin dans son approche marketing ? Les codes de communication d’Essensis se sont en effet largement inspirés de ceux de la dermocosmétique.
Danone prévoit de s’attaquer à l’Alzheimer !
« Nous n’avons peut-être pas assez souligné le côté « santé cutanée » », analyse le chercheur. Du coup, Danone va réajuster le positionnement de son produit dans une optique « bien-être par l’éclat de la peau » et s’adresser à une cible plus âgée. Pas question de retirer le produit de la vente car, pour les industriels de l’alimentaire, le marché est juteux. « Les marges atteignent 19 % contre 13 % pour les aliments courants », informe Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir.
Si le dossier du yaourt Essensis est seulement en cours d’examen, la société Danone prévoit déjà un produit en prévention de la maladie d’Alzheimer. Rappelons que le nouveau règlement européen accepte désormais les allégations mentionnant la réduction d’un risque de maladie sous couvert d’une autorisation préalable. La frontière entre alimentation et médecine n’a jamais été aussi ténue.
Une liste positive en 2010
L’UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics un suivi plus sérieux des alicaments. « Le dossier scientifique transmis aux autorités est laissé à l’appréciation des fabricants. Il n’y a aucune exigence méthodologique », regrette Alain Bazot, son président. Le contrôle des allégations de santé se fait toujours a posteriori… en attendant la publication d’une liste positive en 2010.
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis
