- Accueil ›
- Business ›
- Transactions ›
- Cession ›
- UN MARCHÉ AU POINT MORT
UN MARCHÉ AU POINT MORT
Après une année 2012 marquée par une baisse des transactions du fait notamment de l’élection présidentielle, LE MARCHÉ NE S’EST PAS RESSAISI EN 2013, malgré la poursuite de la baisse des prix. La faute au train de mesures affectant l’économie de l’officine.
En 2013, la baisse des prix de cession des officines se poursuit sans parvenir à relancer les volumes qui se situent toujours à leur plus faible niveau depuis dix ans. Selon les prévisions des cabinets de transactions, le nombre de cessions de fonds en 2013 aura du mal à égaler les 1 100 mutations recensées en 2012. Sauf imprévu, on s’achemine donc vers une cinquième année de baisse consécutive des prix et une seconde année d’affilée de décélération du marché en nombre de transactions. Pour rappel, en 2012, les prix de cession des officines ont baissé en moyenne de 3 points à 84 % du chiffre d’affaires hors taxes (soit 81 % du CA TTC) et le nombre de cessions de fonds a chuté de 12 % par rapport à 2011.
« Au premier semestre 2013, il n’y a pas eu le regain d’activité qu’on était en droit d’espérer après le recul des ventes de pharmacies qui est habituel les années d’élection, commente Luc Fialletout. Un certain nombre de paramètres et d’événements sont venus parasiter un mouvement d’ensemble qui aurait dû être sain. » Le directeur général adjoint d’Interfimo fait allusion au contexte économique officinal qui se dégrade sous la contrainte des mesures de rigueur, au blocage des négociations sur les honoraires, à la déstabilisation de la profession liée à l’autorisation de la vente de médicaments sur Internet, au durcissement de la concurrence, à la remise en cause du monopole par l’Autorité de la concurrence sur les spécialités non remboursables et, enfin, aux recours déposés devant le Conseil d’Etat contre certaines dispositions du décret sur les sociétés de participations financières de profession libérale (SPF-PL). La publication début juin de ce décret n’a d’ailleurs pas encore contribué à l’animation du marché. « Tous ces éléments sont des facteurs de déstabilisation des acquéreurs que les vendeurs ne prennent pas suffisamment en compte », estime Luc Fialletout.
Bien que les prix baissent et se rapprochent doucement, d’année en année, de la valeur économique d’un fonds (prix de cession moyen de 7,4 fois l’EBE en 2012), « les affaires en cours font l’objet de blocage entre les prétentions des vendeurs et la réalité économique de l’officine », constate Alain Douche, expert-comptable du cabinet Expertis. On est encore loin des prix considérés comme raisonnables il y a dix ans où le prix de cession moyen se situait alors autour de 6 fois l’EBE. « Le marché repartira lorsque les uns et les autres auront trouvé un bon point d’équilibre », ajoute Philippe Becker, expert-comptable, directeur du département pharmacie de Fiducial Expertise.
Dans ce contexte difficile, le système bancaire régule les prix. « Aujourd’hui, les banques refusent de financer tant que le prix de cession dépasse 7 fois l’EBE corrigé », signale Michel Watrelos, expert-comptable du cabinet Conseils et Auditeurs associés. Selon Philippe Becker, toutes les régions seront à l’avenir touchées par la baisse des prix de vente, surtout celles qui sont encore dans la bulle spéculative des années 2000. « On va donc gentiment vers une purge des aberrations économiques des vingt dernières années, et après cela ira mieux ! »
TROUVER L’AFFAIRE PÉRENNE
Le marché déplore un manque de candidats à la première installation. « Les jeunes ne sont pas encouragés, puisque l’on favorise de plus en plus les pharmacies supérieures à 1,5 M€ de chiffre d’affaires », observe Matthieu Beliard du cabinet POD. La disparité des performances des officines, de plus en plus marquée selon l’emplacement, la typologie, ou la taille, complique la recherche des acquéreurs et constitue un véritable casse-tête pour les vendeurs les moins bien lotis.
Les officines rurales situées dans les régions dites de désertification médicale et les petites officines de centre-ville soumises à la concurrence des enseignes low cost et à la surdensité du réseau vont avoir de plus en plus de difficultés à trouver des acquéreurs. Sauf si l’officine rurale est à côté d’une maison médicale ou si la petite officine de centre-ville est transférable. « Les cessions/destructions vont augmenter car de nombreuses petites pharmacies vont être difficilement revendables, ce phénomène est déjà tout à fait significatif », remarque Philippe Becker.
Plus que la rentabilité immédiate, ce sont la rentabilité à 3 à 5 ans et le potentiel d’évolution de la pharmacie qui doivent donc guider le choix de l’acquéreur. « Il faut privilégier avant tout la pérennité de l’affaire », recommande Patrick Langiny, du cabinet Pharmathèque.
LE PLUS DUR DE LA CRISE EST DERRIÈRE NOUS
Il y a néanmoins des motifs d’espoir de reprise. La dynamique de changement est en place au niveau de l’exercice professionnel, le plus dur de la crise est maintenant derrière nous, les associations ont le vent en poupe et l’arrivée des SPF-PL est de nature à fluidifier les cessions de parts de SEL. Et bien qu’ils aient entamé une lente remontée depuis début juin, les taux de crédit restent très attractifs. Enfin, de nombreux pharmaciens titulaires vont partir à la retraite à moyen terme (5300 dans les quatre prochaines années selon la CAVP). Les prix vont donc s’ajuster naturellement, surtout que le régime d’exonération des plus-values en cas de départ à la retraite a été prorogé jusqu’en 2017. En 2012, les départs en retraite ont affiché une progression de 2,2 %, représentant le principal facteur d’animation du marché. « Huit des dix dernières transactions que j’ai réalisées ont concerné un cédant qui partait à la retraite », signale Patrick Langiny.
La reprise passe donc par une baisse plus affirmée des prix de cession. « Les vendeurs qui ne veulent pas regarder en face la réalité économique ont encore une longue carrière de titulaire devant eux », conclut Alain Douche.
REPÈRESSPF-PL : des banques pas si enthousiastes que cela
Sur les premiers dossiers de SPF-PL déposés, Michel Watrelos, expert-comptable du cabinet Conseils et Auditeurs associés, constate que les banques sont plus exigeantes sur l’apport (30 % plutôt que 20 % dans un montage classique). « Cela tient au fait qu’elles ne peuvent se garantir sur le nantissement de parts de SEL. »
- Pharma espagnole : 9 milliards d’investissements et une réforme en vue
- Réforme de la facture électronique, mode d’emploi
- Mon espace santé : un guide pour maîtriser l’accès et la consultation
- Fraude à la e-CPS : l’alerte discrète mais ferme de l’Agence du numérique en santé
- Pharmacie de Trémuson : une officine bretonne pionnière en RSE et qualité
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis