Un bilan qui semble positif

Le bilan à tirer de ce regroupement/transfert est d’abord d’ordre économique. Quel a été son impact sur le chiffre d’affaires de la nouvelle officine ? Les titulaires ont-ils récupéré l’intégralité des chiffres d’affaires réalisés par les deux pharmacies avant la fusion ? Pour André Lassime, la question ne se pose pas dans ces termes. Déjà, parce qu’il ne dispose pas encore des bilans comptables pour analyser tous les indicateurs de gestion et de performance économique. Ensuite, parce que l’évolution du chiffre d’affaires ne veut plus rien dire dans un contexte politique et réglementaire qui pèse lourdement sur l’économie officinale.

« Le chiffre d’affaires actuel est légèrement inférieur à la somme des chiffres d’affaires des deux pharmacies fusionnées, même si le transfert nous a permis de gagner de nouveaux clients », livre André Lassime. Un paradoxe ? Pas vraiment. « La tendance est clairement à la baisse des chiffres d’affaires des officines. De plus, à Saint-Amand, nous avons perdu un médecin en début d’année 2014 et un autre, en semi-retraite, ne travaille plus qu’à mi-temps, explique-t-il. Quand les patients vont voir leur médecin parce qu’ils sont malades, le panier moyen de l’ordonnance est de l’ordre de 30 € mais, à l’officine, on ne vend pas pour 30 € de produits conseil ! » Selon lui, sans ce regroupement, la baisse d’activité aurait été accrue.

André Lassime s’attache davantage à suivre la marge qui, pour lui, est devenue le premier indicateur économique de l’officine. Il s’attend à retrouver la totalité des marges dégagées par les deux officines avant fusion, voire même un gain. « Nous avons forcément gagné en performance puisque nous sommes passés d’une répartition du chiffre d’affaires de 90 % pour le prescrit et de 10 % pour le non-prescrit dans les deux pharmacies à une répartition respectivement de 75 % et 25 % dans la nouvelle officine. » Cette évolution est la conséquence directe d’une amélioration de la qualité globale du service offert aux clients et de la nouvelle implantation des linéaires dans l’espace de vente conçue pour dynamiser les ventes hors ordonnance. « Nous sommes plus nombreux donc plus disponibles pour le comptoir, mais nous devons encore parfaire notre démarche de conseil au niveau de l’équipe en mettant en place des procédures. »

Les petits tracas de l’installation

L’intérêt d’un regroupement, c’est aussi l’abaissement du niveau des frais fixes. Sur ce plan, il faudra encore patienter. « Nous devons régler le loyer du local de Montignac encore pendant un an », précise André Lassime. Par ailleurs, les démarches concernant les transferts des contrats d’électricité et de téléphone n’ont pas été de tout repos. « EDF nous a fait payer deux fois la même facture, une au nom de la SCI propriétaire des murs, une au nom de la pharmacie. Un jour, nous avons même eu un technicien qui est venu couper le compteur. Pour avoir le téléphone à la pharmacie, il a fallu ouvrir deux lignes puis en résilier une, ce qui occasionne à chaque fois des frais. » Mais ce n’est pas tout. « Nous avons changé de numéro Adeli, la pharmacie n’était plus reconnue par les payeurs. Il a fallu notamment renvoyer des RIB à toutes les mutuelles, aujourd’hui il y a encore 2 500 € de remboursements qui ne sont pas rentrés en caisse et qui risquent d’être définitivement perdus malgré mes relances. »

Tous ces aléas et tracas de l’installation ont été très chronophages et leur règlement s’est fait au détriment du temps passé avec les fournisseurs et au référencement des produits. Maintenant, André Lassime espère pouvoir se consacrer uniquement à ses objectifs 2015 : basculer au zéro papier, mettre en place des procédures qualité, rendre les vitrines plus attractives…